Immersion au cœur d’une dictée géante au Château de Versailles
Près de 1.000 personnes, dont une grande majorité de collégiens, ont participé samedi 12 octobre à la finale de la Dictée pour tous, championnat national de dictées géantes, organisé sur le site du Château de Versailles. Plongée au cœur d’un événement qui œuvre pour l’égalité des chances.
Le samedi 12 octobre, il est 9h30 quand des centaines d’enfants affluent dans la cour d’honneur du Château de Versailles. Venus des quatre coins de la France, ils sont attendus pour participer à la finale nationale de la Dictée pour tous dans l’emblématique galerie des Batailles. "C’est grandiose ici, c’est quoi tout ce monde ?" s’exclament des jeunes de Poissy (78) au milieu des touristes, encore nombreux en cette période de l’année.
Le temps que tout ce petit monde prenne place, il est 10h30 quand le show Gad Elmaleh démarre en trombe. Après quelques selfies partagés au milieu d’une foule en délire, l’humoriste, invité pour lire la dictée aux côtés de l’animatrice Maïtena Biraben, n’en manque pas une. "Sachez qu’il y a des mots que je n’ai jamais vu de ma vie, lance ce spécialiste du stand-up. J’aime la langue française. J’ai toujours aimé la tordre dans tous les sens pour faire rire."
"Dans ce palais coruscant…"
Le décor planté, la dictée, qui a pour thème la citoyenneté, peut commencer. Première ligne : "Citoyens à vos stylos. Bienvenue à Versailles, dans ce palais coruscant* aux jardins édéniques*." "C’est chaud ? Ecoutez ce qui arrive !" nargue Gad Elmaleh. "Louis XVI aurait-il pu augurer la gent roturière sympathisant chez lui dans le dessein d’honorer la langue de Voltaire, les uns en proie à une quasi-graphorrhée*, les autres pris d’un désir subit d’onychophagie*."
"On va essayer de faire moins de cinq fautes par phrase !"
Ces complexités orthographiques n’ont pas été glissées dans le texte par hasard. Sandrine Campese, l’auteure, par ailleurs connue sur l’Étudiant.fr pour ses quiz et billets sur l’orthographe, s’explique : "Avec le thème de la citoyenneté relié au château, je me suis permis quelques raretés et quelques pièges, sinon c’est trop simple. Il y a les accords du participe passé, des expressions. J’ai mes petites habitudes."
"On va essayer de faire moins de cinq fautes par phrase, renchérissent à leur tour Dienaba et ses copains accompagnés par des éducateurs de la Fondation PSG. Le plus dur, ce sont les accords, les accents, la conjugaison. Ce n’est pas simple mais le fait d’être ici, c’est top. On a vu la porte secrète de Marie-Antoinette !"
Il est midi quand Abdellah Boudour, le chef de file de l’événement depuis sa première édition, en 2013, donne le coup de sifflet final. La cinquantaine de bénévoles mobilisés pour l’occasion s’affaire à ramasser les copies avant de passer à l’étape de la correction.
À l’issue d’un repas partagé à l’Orangerie, toutes et tous se sont retrouvés pour la remise des prix. Mais pour cet événement devenu international, l’enjeu va bien au-delà des médailles. "En faisant cela, on montre que l’écriture et la lecture sont accessibles à tout le monde, conclut Reda, présent il y a six ans lors de la toute première dictée sur la dalle d’Argenteuil. C’est vraiment fait pour donner confiance aux enfants."
Coruscant : adj. Brillant, étincelant.
Edénique : adj. Relatif à un éden.
Graphorrhée : nom f. Besoin pathologique d'écrire.
Onychophagie : nom f. Tendance à se ronger continuellement les ongles.