A Berlin, l’EUA réaffirme la recherche au cœur du doctorat

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En colloque à Berlin les 4 et 5 juin 2010, le Conseil de la formation doctorale de l’EUA (European University Association) défend la spécificité des études doctorales et s’oppose à une structuration sous forme de crédits ects.

Le Conseil pour la formation doctorale (CDE) de l’European University Association (EUA) se réunit à l’université libre de Berlin, les 4 et 5 juin, pour un état des lieux du doctorat en Europe et de son avenir. Cette rencontre se situe cinq ans après l’adoption des dix principes de Salzbourg (février 2005) qui entérinait l’inscription du doctorat comme troisième niveau du processus de Bologne.

Les limites d’un curriculum validé par des crédits ECTS

«Cette réunion est une sorte de Salzbourg 2 qui va être l’occasion de revenir sur les principes fondamentaux et sur leur mise en œuvre par les universités » indique Jean Chambaz, le président du Conseil pour la formation doctorale.  
A Berlin, il s’agit de réaffirmer le rôle central de la recherche dans la formation doctorale. Le premier des dix rappelle que, « au coeur de la formation doctorale, réside l’avancée de la connaissance par une recherche originale ».
En Europe, cette spécificité du doctorat est parfois mise à mal par une tendance à «structurer la formation doctorale » dans le cadre du processus de Bologne. «Certains établissement souhaitent faire entrer ce diplôme dans le cadre d’un curriculum validé par des crédits ECTS ce qui ne nous semble pas une bonne approche » analyse Jean Chambaz.  « On ne peut pas faire rentrer un travail de recherche dans un cadre rigide et pré-formaté. Cette structuration qui est normale pour les formations de premier et second cycle n’est pas opérante pour le doctorat. Il est même dangereux de faire suivre le même programme à une cohorte de docteurs.» Un formatage qui irait à l’encontre d’une recherche indépendante et véritablement innovante. « Il n’y a pas de doctorat sans un travail original et novateur » assène Jean Chambaz.

Pour une formation doctorale à la carte

Et le vice-président recherche de l’UPMC de prendre l’exemple de plan individuel de formation (PIF) mis en place dans son établissement pour chaque doctorant. Un système de formations «à la carte » où l’étudiant choisit, parmi l’offre de séminaires, ateliers et autres modules complémentaires, ce qui lui est utile dans son projet professionnel. Cette initiative devrait d’ailleurs être généralisée au niveau du PRES l’an prochain.
Autre risque : celui de rapprocher, dans une vision trop utilitariste, la formation doctorale du monde professionnel par le biais de doctorat professionnel (développé en Grande-Bretagne ou en Europe de l’Est) voire des formations en apprentissage. Plutôt que d’une structuration formelle, la formation doctorale nécessite pour se déployer un environnement de qualité, différent d’une université à l’autre. « Chaque établissement définit sa politique doctorale en fonction de ses priorités scientifiques et aussi d’une masse critique de chercheurs et de laboratoires » poursuit Jean Chambaz.

Le statut du doctorant en question

L’un des ateliers de la conférence de Berlin portera spécifiquement sur la question du statut du doctorant. Alors que, selon les principes de Salzbourg, ce dernier est à la fois considéré comme un étudiant et un jeune chercheur, il semble qu’en réalité, la tendance soit plus à le considérer surtout comme un étudiant, notamment pour des facilités de gestion des dossiers. Au final, entre les doctorants au statut étudiant et les autres (par exemple ceux salariés dans le cadre d’un contrat CIFRE), leur communauté n’est pas représentée au sein d’une instance commune et ne peuvent donc pas participer aux décisions qui la concerne.

A l’UPMC, trois-quart de CDI chez les docteurs
La dernière enquête sur le devenir des promotions de docteurs à l’université Pierre et Marie Curie (UPMC) montre une insertion satisfaisante : 74 % de CDI, 24,6% de CDD et seulement 1,4% de chômage pour la promotion 2005-2006 sondée quatre ans après. Si la majorité des docteurs se retrouve dans le public (pour 73%), la part du secteur privé progresse légèrement, de 25 à 27 % en deux ans.
Pour la promotion 2006-2007, étudiée deux ans après, on retrouve une différence sensible : 44% seulement de CDI et  52 % de CDD (4% de chômage). A noter par ailleurs, que 39% des docteurs de l’UPMC sont à l’étranger (essentiellement en Amérique du nord et en Europe). Une proportion qui passe à 30% pour la promotion précédente. Une tendance au retour des chercheurs qui nuance le diagnostic de  «fuite des cerveaux ».

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