À Lille, les universités entrent en fusion

Morgane Taquet - Mis à jour le
À Lille, les universités entrent en fusion
Les élections des conseils et du futur président de l'université de Lille auront lieu en décembre. Pour l'instant, seul Jean-Christophe Camart s'est porté candidat. // ©  Franck CRUSIAUX/REA
Après plusieurs années de discussions, l'université de Lille verra le jour le 1er janvier 2018, grâce à l'union des trois établissements de la métropole. Le prochain président, élu en décembre 2017, aura la lourde tâche de faire fonctionner cet ensemble avec, en toile de fond, un label Isite à valoriser.

C'est officiel. Le décret actant la création de l'université de Lille, issue de la fusion des trois universités de la métropole nordiste, a été publié au Journal officiel le 11 septembre 2017. Le futur établissement, qui se substituera aux trois existants, verra le jour le 1er janvier 2018. Il regroupera près de 68.000 étudiants et 6.800 membres du personnel, et sera doté d'un budget annuel de 650 millions d'euros.

En mars dernier, la fusion avait été approuvée à une forte majorité par les conseils d'administration des trois universités (21 pour, 12 contre, 1 abstention à Lille 1 ; 28 pour, 5 contre à Lille 2 ; et 29 pour, 5 contre, 2 abstentions à Lille 3). Quant au Cneser, il s'était prononcé en faveur du projet de décret le 23 mai 2017. Le décret vient donc "seulement" officialiser la fusion, débattue depuis plusieurs années.

Un projet de fusion... mais pas d'Idex

Si le projet de rapprochement est ancien, la fusion quant à elle, n'a pas toujours été sur la table. En 2013, les trois universités annonçaient leur préférence pour la voie fédérale, à contre-courant de projets menés sur d'autres sites, comme à Rennes ou à Clermont-Ferrand. "Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Si cela fonctionne, l'issue naturelle, à terme, sera forcément la fusion. Mais pour l'instant, consacrer notre énergie à l'harmonisation des durées de travail, de congés ou encore des différents régimes indemnitaires des personnels, c'est extrêmement compliqué, coûteux en temps et en moyens", argumentait alors le président de l'université Lille 2, Xavier Vandendriessche.

Pourtant, plus d'un an plus tard, en avril 2014, les trois présidents s'engagent finalement dans la voie de la fusionAvec un objectif : décrocher enfin l'Idex, qui leur échappe depuis le lancement du PIA (Programme d'investissements d'avenir). Si les grandes lignes de la future université cible sont validées par les trois conseils d'administration en novembre 2015, la candidature lilloise à l'Idex, présélectionnée pour la première vague du PIA 2 en avril 2015, est, malgré tout, une nouvelle fois recalée en janvier 2016. Comme Clermont-Ferrand, Paris-Est et Montpellier, Lille obtient toutefois la possibilité d'accéder directement à la phase de sélection de la seconde et dernière vague du PIA 2.

De l'Idex à l'Isite

En février 2017, lors de la dernière vague de labellisation Idex, l'Université Lille-Nord-Europe, qui avait déposé un projet Idex, décroche finalement un lot de consolation : un Isite. "Nous ne pouvons pas refaire l'histoire. Nous n'étions peut-être pas tous prêts au même moment", analyse sans regrets, la présidente de Lille 3, Fabienne Blaise.

Pour préparer cette fusion, nous avons fonctionné non pas en mode big bang, mais en mode projet. Cela nous a été reproché par certains et admiré par d'autres.
(J.-C. Camart)

"Pour réussir, nous avons considéré qu'il fallait faire les choses dans l'ordre et penser l'organisation dans tous ses détails avant la fusion plutôt qu'après", rappelle la présidente, qui indique que le calendrier prévu en 2015 a été respecté. Deux années ayant permis aux communautés de travailler ensemble. "Depuis un an et demi, nous avons organisé beaucoup de conseils d'administration, de comités techniques communs, afin que les inquiétudes puissent s'exprimer et que les intérêts convergent. Les personnels ont appris à se parler", ajoute-t-elle.

Une position partagée par Jean-Christophe Camart, président de Lille Sciences et Technologies (Lille 1). "Pour préparer cette fusion, nous avons fonctionné non pas en mode big bang, mais en mode projet. Cela nous a été reproché par certains et admiré par d'autres", indique le président, qui rappelle que le décret de fusion est l'un des rares à avoir reçu un avis favorable du Cneser.

Élections présidentielles en décembre

Sur le plan financier, les universités entrent dans une phase transitoire. Chaque université a présenté devant son conseil d'administration une lettre de cadrage budgétaire établissement par établissement, assortie d'une ligne commune sur les engagements financiers pris pour le lancement de la future université. "La première campagne d'emplois de l'université de Lille interviendra en septembre 2018 et le premier budget intégré sera celui de 2019", complète Jean-Christophe Camart.

En termes de gouvernance, c'est Marie-Pierre Mairesse, ancienne présidente de l'université de Valenciennes, qui a été nommée le 12 septembre administratrice provisoire par le recteur de l'académie. Elle devra former une assemblée constitutive provisoire, qui regroupera tous les membres des conseils d'administration des trois universités. Elle sera également en charge de l'organisation des élections des conseils et du futur président. Ce dernier sera élu mi-décembre. D'ici à début décembre, le conseil d'administration et les personnalités extérieures auront été élus.

Au-delà de la revendication de l'excellence, nous serons très attentifs à la dimension humaine de cette fusion.
(J.-C. Camart)

Pour l'instant, seul Jean-Christophe Camart, président de Lille 1, s'est porté candidat. Élu en mai 2016, à la présidence de Lille 1, il occupait la responsabilité de premier vice-président chargé de la gouvernance et du pilotage depuis 2012. Quelle sera son ambition pour l'université de Lille, s'il est élu ? "En tant que grand site labellisé, nous aimerions figurer à l'avenir parmi les 50 premières universités européennes, indique-t-il. Mais avant tout, il faut réussir cette fusion totale [des trois universités lilloises], la stabiliser, structurer les composantes, etc. Au-delà de la revendication de l'excellence, nous serons très attentifs à la dimension humaine de cette fusion, à apporter une certaine qualité au travail." Tout un programme pour la prochaine équipe présidentielle.

Les services centraux se réorganisent
La question des déménagements se pose essentiellement pour les services centraux, qui auront lieu à compter de novembre 2017 , de manière progressive, indique Jean-Christophe Camart. Le site Paul-Duez, qui accueille aujourd'hui la présidence de Lille 2, hébergera le président et les services proches du président (juridique, communication, etc). Le site de Pont-de-Bois, actuel site de Lille 3, accueillera les services ressources (RH, budget, patrimoine, etc). Le site Cité-Scientifique, actuellement occupé par l'université Lille 1, accueillera les services relevant d'une mission formation, recherche, etc.

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