À Polytechnique, un cabinet de chasseurs de têtes pour recruter le nouveau président

Cécile Peltier, Céline Authemayou Publié le
À Polytechnique, un cabinet de chasseurs de têtes pour recruter le nouveau président
Jacques Biot précise qu'il ne déposera une candidature "que si elle va de soi". // ©  Bruno DELESSARD/Challenges-REA
Le mandat de Jacques Biot arrivant à son terme le 30 juin 2018, le ministère des Armées a décidé de faire appel à un cabinet de chasseurs de têtes pour recruter le nouveau président du conseil d’administration de l’X. Jacques Biot a jusqu’au 31 mars pour poser sa candidature à sa propre succession.

Le procédé a beau se généraliser au sein des écoles de commerce, il détonne dans le paysage des établissements d’enseignement supérieur publics. Le ministère des Armées, tutelle de l’École polytechnique, a décidé de faire appel à un cabinet de chasseurs de têtes pour identifier le profil le plus à même de prendre la présidence du conseil d’administration de l’X. L’information, révélée par “Challenges”, coïncide avec la publication au “Journal officiel” de la vacance de poste à la tête de l’école d’ingénieurs. Le mandat de Jacques Biot, actuel président du CA, court jusqu’au 30 juin 2018.

Contacté par EducPros, Michel Caste-Ballereau confirme l’information. PDG de la société HRM, celui qui a œuvré notamment au recrutement de Vincenzo Esposito-Vinzi à l’Essec a quelques mois pour dénicher la perle rare. “Je suis, en tant qu’expert de l’enseignement supérieur, chargé, en partenariat avec Hudson, de procéder à l’identification et à l’évaluation des candidats, sur la base d’un cahier des charges et selon des modalités qui restent à définir”, précise le consultant.


La biographie EducPros de Jacques Biot

Une procédure “parfaitement normale”

Le recours à un cabinet signifie-t-il que Jacques Biot n’a plus les faveurs de la tutelle ? Pas du tout, tient-on à préciser du côté de Polytechnique. Dans un message envoyé à l’ensemble des personnels de l’établissement, le président insiste sur la parfaite “normalité” du processus de recrutement mis en branle. De plus, Jacques Biot affirme avoir été informé de la désignation d’un cabinet de chasseurs de têtes il y a plusieurs mois.

Quant à savoir s’il souhaite se présenter pour un second mandat, le patron de l’X préfère éluder. “Je ne déposerai une candidature que si elle va de soi”, écrit-il. “Un éventuel deuxième mandat pour moi serait limité dans le temps, du fait de mon âge, et expirerait au 31 août 2021 [contre le 30 juin 2023]. Il n'est donc nullement illégitime d'examiner si des candidatures de qualité, émanant de femmes ou d'hommes plus jeunes, peuvent être suscitées.”

En toile de fond, NewUni

Quelle que soit la décision de Jacques Biot, les candidats ont jusqu’au 31 mars pour déposer leur dossier, fait savoir l’école. Le conseil d’administration du 15 mars devrait permettre à la tutelle de préciser la procédure de sélection mise en œuvre. Parmi les questions à trancher reste celle du profil recherché : “Va-t-on rechercher un polytechnicien ? Devra-t-il forcément s’agir d’un académique ou va-t-on ouvrir le poste à un profil plus entrepreneurial ? Devra-t-il avoir une dimension internationale, et si oui, peut-on imaginer un étranger à la tête de Polytechnique ? Ces questions seront tranchées par les autorités de tutelle”, précise Michel Caste-Ballereau.

Ce processus de recrutement s’inscrit dans un contexte particulier pour l’école, les ministères des Armées, de l’Économie et de l’Enseignement supérieur ayant nommé début février 2018 Jean-Lou Chameau coordinateur du pôle NewUni. À charge pour l’ancien président de CalTech d’œuvrer à la création effective de ce regroupement, officialisé par Emmanuel Macron en octobre 2017 et qui réunit, outre l'X, l'Ensta ParisTech, l'Ensae ParisTech, Télécom ParisTech et Télécom SudParis. L'équation NewUni comporte désormais une nouvelle inconnue.

Cécile Peltier, Céline Authemayou | Publié le