Accord avec trois syndicats sur le bac pro en trois ans

Fabienne Guimont Publié le
Accord avec trois syndicats sur le bac pro en trois ans
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Le passage du bac professionnel de quatre à trois années, l'un des sujets de mécontentement des lycéens, a marqué une nouvelle étape. A l’issue de cinq mois de concertation avec cinq organisations syndicales représentatives dans les lycées professionnels, un protocole d’accord sur la rénovation de la voie professionnelle a été signé entre le ministère de l’Education nationale et trois d’entre eux (Snetaa-EIL, SNPDEN-UNSA, ID-FAEN). La CGT et la FSU n’ont pas participé aux discussions. Le SGEN-CFDT donnera sa réponse début juin alors que le SE-UNSA a refusé de signer l’accord.

Sur le fond, organisations syndicales et ministère de l’Education nationale partageaient les mêmes constats sur la nécessité de revaloriser la voie professionnelle, vingt-trois ans après la création du bac professionnel. En passant d’une filière organisée sur quatre années (deux ans de BEP et deux ans de bac pro) à trois, le bac pro s’alignerait sur les voies technologiques et générales (1). Le pari : éviter ainsi que trop d’élèves ne se découragent en cours de cursus et sortent du système sans qualification. Actuellement, sur 100 élèves entrant en BEP, seuls 39 continuent en bac professionnel et 30 décrochent leur bac en bout de course. Du côté des professionnels, le recrutement de CAP ou de BEP (niveau V) s’est ralenti, le plus souvent au profit de bacs professionnels (niveau IV), devenant de fait le niveau de référence, notamment dans le secteur tertiaire.

200 000 élèves en bac pro trois ans en 2009

Dans ses objectifs, le ministère souhaite qu’à partir de la rentrée 2009, les 200 000 élèves qui s’inscrivent aujourd’hui en BEP se reportent désormais sur le bac professionnel en trois ans et que 80% d’entre eux parviennent à décrocher leur diplôme. A la rentrée 2008, 40 000 élèves devraient rentrer dans ce dispositif. Pour l’instant, seuls 10 000 élèves suivent, dans des sections expérimentales, un bac pro de ce type. Le raccourcissement de la formation de bac pro d’une année serait permis en supprimant les redondances de compétences entre BEP et bac professionnel. En revanche, la durée des stages serait conservée. Les secondes professionnelles devraient, elles, couvrir des champs plus larges et passer de 35 à une quinzaine.

Si les sections de BEP devraient être supprimées, ce diplôme pourrait être délivré au cours de la formation du bac professionnel. Pour le moment, le travail d’articulation entre les deux n’a pas débuté. « En validant le BEP, des compétences seront aussi validées pour le bac professionnel, en partie en cours de formation, en partie sur des épreuves ponctuelles », indique-t-on au ministère. « Il n’y a pas de réponse claire sur l’attribution du BEP et du CAP dans la nouvelle architecture. Cela devrait être réglé au niveau des académies. Il devrait exister au moins une formation de niveau V dans chaque bassin de formation correspondant à chaque bac pro », résume Claire Krepper, responsable de l’enseignement professionnel au SE-UNSA. Gage donné aux lycéens protestataires, les élèves qui veulent poursuivre un bac pro après un CAP continueraient de passer leur diplôme en quatre ans. Pour l’instant, tous les BEP ne débouchent pas sur un des 73 bac pro.

Rénovation des diplômes de niveau V en cours

Sur les BEP et les CAP, les commissions consultatives professionnelles (CPC) sont en train de plancher. Des réunions sont prévues jusque mi-juillet pour rénover ces diplômes de niveau V en profondeur. A la rentrée 2008, 4000 places supplémentaires de CAP seront créés dans les secteurs de l’hôtellerie et du bâtiment.

Autre promesse de la rénovation, des passerelles seraient aussi davantage possibles comme le passage du CAP à la première professionnelle, de la seconde professionnelle à la deuxième année de CAP, de la première professionnelle au bac technologique ou du bac pro au BTS. Pour éviter le redoublement, des modules de soutien individualisé pourront être mis en place (remédiation, tutorat, aide individualisée…) pour les élèves les plus en difficulté.

De son côté, le ministère de l'agriculture vient d'ouvrir la concertation avec les syndicats sur la réforme du bac professionnel agricole. La possibilité de le passer en trois ans est au programme...

(1) Certains bac pro très spécialisés (métiers de l'aérien par exemple) et les brevets des métiers d’art resteraient organisés sur quatre années.

Fabienne Guimont | Publié le