Allemagne : entreprises et universités face à la pénurie de main d’oeuvre qualifiée

Marie Luginsland Publié le
Face à la pénurie de diplômés, l'Allemagne manquera d'un million de personnels qualifiés à l'horizon 2030. Face à cette pénurie, les entreprises allemandes envisagent de multiplier les liens avec les universités.

Deux milliards d'euros sont injectés dans le monde universitaire chaque année par 58% des entreprises allemandes, voire par 85% de celles de plus de 500 salariés. Ces partenariats se matérialisent sous la forme du financement d'une chaire de professeur, d'une participation à des séminaires de travaux pratiques ou encore de prix récompensant les travaux de recherche des étudiants. Mais ceci ne suffit plus à garantir la main d'oeuvre diplômée qui déjà fait défaut. Selon un sondage (1) effectué en mars dernier par la DIHK, la fédération des chambres de commerce allemandes, les entreprises, principalement les PME souhaitent intensifier leurs liens avec les établissements du supérieur.

Absence d'interface universités - entreprises

41% des entreprises - soit un quart de plus qu'en 2007 - signalent des difficultés à recruter des diplômés de l'enseignement supérieur. Une entreprise sur six reconnaît ne pas obtenir de candidats appropriés pour les postes vacants. Cette pénurie atteint même 34% dans les entreprises du secteur des NTIC. Cette situation est encore plus alarmante pour les PME qui déclarent souffrir de la concurrence des grands groupes.

Parmi les solutions : le développement de l'alternance dans le supérieur. Plus de 40.000 entreprises allemandes offrent aujourd'hui des postes à des étudiants en alternance et elles sont 40% à recruter des candidats issus de ces filières. Toutefois, l'offre actuelle du supérieur reste insuffisante et ne concerne que 60.000 étudiants et 900 filières. "La moitié des entreprises qui souhaitent s'investir davantage dans l'alternance rencontrent des difficultés", remarque Kevin Heidenreich, expert de la DIHK. Principal problème : le manque d'interface entre les entreprises, notamment les PME qui ne disposent pas de département RH développé, et les universités, rares à détenir un interlocuteur dédié au monde économique.

(1) Auprès de 2.175 entreprises, dont 37% de moins de 50 salariés et 18% de plus de 500 salariés. 58% d'entre elles sont orientées à l'international.

Marie Luginsland | Publié le