Allocations familiales suspendues pour absentéisme : le bilan officiel et le terrain

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Luc Chatel, le ministre de l'Education nationale, a livré jeudi 9 juin 2011 à l'Assemblée nationale un premier bilan de la loi "Ciotti" visant à lutter contre l'absentéisme scolaire. Depuis janvier 2011, cette loi permet de suspendre les allocations familiales accordées à une famille si un enfant est trop souvent absent de son établissement. Cette mesure est-elle efficace ? Une assistante de vie scolaire qui travaille dans un collège de la région parisienne où l’absentéisme fait des ravages témoigne.

Depuis le 24 janvier 2011, 27.917 "premiers avertissements" ont été adressés aux familles des élèves absentéistes, 6.280 "deuxièmes signalements" ont été envoyés, signe d'un "absentéisme persistant" et 51 suspensions des allocations familiales dans deux départements (l’Ariège et l’Yonne) ont été "effectives". C’est le bilan annoncé par Luc Chatel, le ministre de l’Education nationale, à l’Assemblée nationale jeudi 9 juin 2011. Au total, le ministère comptabilise 147 demandes de suspensions adressées à la CAF ou autres organismes débiteurs de prestations familiales. Sur le papier donc, cette mesure semble efficace et dissuasive, mais qu’en pense vraiment la communauté éducative

« Ils ne se rendent pas compte des conséquences de leur absence »

À l’époque de l’adoption de la loi, la mesure avait fait polémique parmi les professeurs. Cette mesure répressive ne réglerait pas les problèmes des absences, comme l’explique Aurélie*, assistante de vie scolaire dans un collège de la banlieue parisienne. « Souvent, en cas d’absentéisme, se cachent d’autres problèmes derrière, comme des comportements non adaptés en cours ou des soucis familiaux. ». Avant toute chose, la conseillère d’éducation convoque donc l’élève repéré comme absentéiste pour essayer de cerner le problème.

Problèmes de retard

Depuis l’adoption de la loi, le principal doit signaler au rectorat un élève absent quatre demi-journées par mois. Un quota qui n’est pas adapté pour Aurélie. « Les élèves ne sont pas absents une demi-journée ou la journée entière, mais seulement une heure. Ou ils sont en retard ». Autre problème selon elle : « Les enfants ne se rendent pas compte des conséquences de la suspension des allocations. C’est très abstrait pour eux. ». Dans son établissement, où l’absentéisme est « un problème reconnu », seul un élève en particulier aurait été menacé de suspensions d’allocations familiales.

*Le prénom a été modifié

La procédure de suspension des allocations
Tout collégien ou lycéen absent plus de 4 demi-journées par mois peut être concerné. Le principal ou le proviseur doit signaler l'élève absentéiste à l'inspection académique de son département. Cette dernière envoie alors à la famille de l'élève un premier avertissement par courrier, puis un second si l'élève n'est toujours par retourné en cours. Après cela, une demande de suspension des allocations est transmise à la CAF (caisse d'allocations familiales). Les allocations peuvent à nouveau être versées si l'élève retourne au collège ou au lycée.

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