L'université Paris 8 sans gouvernance jusqu'à l'automne

Sarah Hamdi Publié le
L'université Paris 8 sans gouvernance jusqu'à l'automne
Le blocage de l'accès aux bureaux de vote les 12 et 14 avril, pendant la mobilisation contre la loi Travail, a suffi pour annuler le scrutin, selon la Commission de contrôle des opérations électorales. // ©  Sophie Blitman
Les élections étudiantes ont été annulées à l'université Paris 8, mardi 10 mai 2016. Une invalidation lourde de conséquences pour le fonctionnement de l'établissement.

L'université Paris 8 n'aura pas d'instance élue "jusqu'au mois d'octobre au mieux, voire novembre 2016", après que les élections étudiantes ont été annulées début mai 2016. "C'est très contraignant et préjudiciable pour l'université", estime Danielle Tartakowsky, présidente de l'établissement.

"Avec les trois listes étudiantes, nous nous sommes concertées et nous avons conclu qu'il était trop tard pour réorganiser de nouvelles élections avant les vacances", précise-t-elle. Le mandat de Danielle Tartakowsky s'achevant le 8 juillet 2016, un administrateur provisoire sera chargé de gérer les affaires courantes et de mettre sur pied un scrutin dans les meilleurs délais.

des conséquences "incommensurables"

Une décision qui n'est pas sans conséquence. "Sans instance élue, il n'y aura ni conseil d'administration, ni signature. C'est-à-dire que tout nouveau projet est gelé pour le moment. Et nous paraîtrons affaiblis aux yeux de nos partenaires", explique-t-elle.

Exemple : la phase d'accréditation, qui conditionne les diplômes pour les quatre années à venir se déroulera sans présidence. Une situation "très préoccupante" pour l'actuelle présidente de Paris 8.

"Il y a une disproportion entre la cause et l'effet de cette annulation, dont les conséquences sont incommensurables", estime Danielle Tartakowsky. "Des débats avec le rectorat devraient avoir lieu prochainement" afin de pallier les effets de cette situation, assure-t-elle. "Nous essayerons de maintenir tout ce qui peut l'être et de développer ce que nous pourrons dans ce cadre nouveau."

un scrutin pendant la loi Travail

L'annulation a été décidée après la saisie de la Commission de contrôle des opérations électorales par une étudiante, candidate indépendante sur la liste "Fabrique ton P8". Le scrutin s'était déroulé mi-avril en pleine mobilisation contre le projet de loi Travail. L'accès aux bureaux de vote avait été bloqué un temps, les 12 et 14 avril 2016. Par arrêté, la présidence avait néanmoins prolongé l'ouverture du scrutin.

Cependant, l'instance de recours a estimé que ces "irrégularités ayant entaché les opérations électorales sont de nature à avoir influencé les résultats, lesquels doivent être annulés," rapporte Le Monde.

Les résultats affichaient alors l'Unef en tête, en deuxième position, la liste "Fabrique ton P8", suivie de Sud Solidaires. La contestation des résultats du scrutin visant à élire la commission recherche a, quant à elle, été jugée irrecevable.

L'aménagement des examens traité au cas par cas

Validera le semestre, ne validera pas ? Au grand dam des enseignants, la question a agité artificiellement les médias la semaine dernière, estiment-ils. "Nous respecterons un principe de non-pénalisation des étudiants. Les évaluations prendront la forme de travaux individuels, d'oraux, de dossiers," assure Éric Lecerf, maître de conférences en philosophie et membre de la Ligue des droits de l'Homme.

La question de l'aménagement des examens sera donc traitée au cas par cas. Le mode d'évaluation du second semestre "dépendra de chaque département et des activités menées par les enseignants avec leurs étudiants lors de la mobilisation," explique l'enseignant. 

Depuis le début de la mobilisation contre la loi Travail, Paris 8 est l'une des universités les plus investies. Des ateliers alternatifs et des débats d'actualité y ont été organisés durant la grève afin de remplacer les cours en cas d'arrêt des formations classiques. Certains enseignants évalueront leurs étudiants sur la base de la notation de l'implication de chacun lors de ces échanges.

"Certains mémoires seront sans doute soutenus en septembre. Nous demanderons une extension de la session de rattrapage," ajoute Éric Lecerf.

Sarah Hamdi | Publié le