APB : la mission Etalab recommande de publier le code source de l’algorithme

Natacha Lefauconnier Publié le
APB : la mission Etalab recommande de publier le code source de l’algorithme
La mission Etalab recommande notamment de faire d'APB un outil d'orientation. // ©  Etalab
Mandatée par Thierry Mandon en février dernier pour étudier les conditions d’ouverture d’Admission postbac, la mission Etalab a remis son rapport vendredi 21 avril 2017. Parmi les dix recommandations : la publication du code source et la mise à contribution d’une communauté de développeurs et de chercheurs, afin d’améliorer le système.

Un pas de plus vers la transparence ? Un an après que la première demande d’accès au code source d’Admission postbac a été initiée par l’association Droits des lycéens, qui avait partiellement abouti après un avis de la Cada (Commission d'accès aux documents administratifs), la mission gouvernementale Etalab vient conforter la demande des utilisateurs de la plate-forme d'inscription dans l'enseignement supérieur.

Dans un rapport de 40 pages, remis le 21 avril 2017 à Thierry Mandon – qui l'avait mandatée le 1er février 2017 –, Etalab étudie les différentes conséquences et opportunités d'une ouverture du code source d'APB au public, notamment sur les questions techniques et juridiques. Et recommande sans détour de "publier [...] le code source de la dernière version d’APB et les données non-réidentifiantes associées".

Dix recommandations soutenues par le ministère

"C'est la première fois que nous sommes saisis par un ministre pour accompagner l'ouverture d'un code source, souligne Laure Lucchesi, directrice de la mission Etalab, mission qui contribue à l’ouverture des données publiques et à la promotion des sciences des données. Le ministère, à qui nous avons remis le rapport ce matin, entend en suivre les recommandations." 

Du côté du ministère, on confirme que la démarche d'Etalab a été faite en partenariat avec ses services et que cela pourra servir de prototype pour l'ouverture d'autres logiciels administratifs. "Etalab est un facilitateur du dialogue. La mission contribue au changement culturel de l'administration vers l'open source, tout en valorisant le travail effectué par les développeurs", décrit Laure Lucchesi.

L’ouverture du code source d’APB, un prérequis

Tout au long de son rapport, qui formule 10 recommandations, la mission Etalab insiste sur un point : "L’ouverture d’APB n’est qu’un prérequis pour améliorer la compréhension et l’appréhension du système par ses utilisateurs". "Il s'agit dans un premier temps de 'soulever le capot' en publiant le code source pour le rendre plus compréhensible, détaille Laure Lucchesi. Cela permettra ensuite de l'auditer, c'est-à-dire de vérifier que le programme fait bien ce qu'il dit qu'il fait. Puis à terme de l’améliorer grâce à l’intelligence collective."

En effet, à partir de là, toute une communauté – développeurs, chercheurs, spécialistes des données – pourra identifier des améliorations possibles et les intégrer au système (des "pull requests" en informatique). Cette communauté jouera également "un rôle de médiateur" auprès du grand public, en lui expliquant les enjeux des algorithmes, des données et des paramètres utilisés.

À terme, l'objectif est d'ouvrir la possibilité d'une gouvernance plus collective des paramètres et des règles du programme, et donc des questions d'orientation des bacheliers.
(L. Lucchesi)

Une mobilisation qui avait d’ailleurs eu lieu spontanément en octobre 2016, lorsque le ministère avait communiqué une partie du code source à Droits des lycéens, sous format papier.

vers une gouvernance plus collective des paramètres

La publication du code source pourrait donner lieu à un événement de type hackathon #OpenAPB, afin "de faciliter la réutilisation du code et des données". Il se tiendrait "au plus tard à la rentrée 2017". C'est, en tout cas, ce que propose Etalab. Si le code est publiable dès aujourd'hui, "fournir toute la documentation qui l'accompagne pour le rendre exploitable par tous est assez long. Mieux vaut prendre le temps de faire les choses correctement", justifie sa directrice.

Il s'agirait d'une journée de travail collaboratif des parties prenantes : les développeurs APB de l'INP Toulouse, le service ministériel de maîtrise d'ouvrage et l'équipe ministérielle en charge de l'exploitation des données, notamment pour produire des statistiques et orienter la politique publique. "Mais aussi des développeurs extérieurs, des chercheurs, des associations, des collectifs de lycéens, des rectorats..." énumère Laure Lucchesi.

"À terme, l'objectif est d'ouvrir la possibilité d'une gouvernance plus collective des paramètres et des règles du programme, et donc des questions d'orientation des bacheliers", fait valoir la directrice d'Etalab.

Une licence de réutilisation permissive

Pour ce faire, et c’est la deuxième recommandation du rapport, le code source devra être mis à disposition "via une plate-forme ouverte au public". Le ministère est ainsi invité à soumettre le code source à une licence autorisant toute forme de réutilisation. Sous réserve toutefois d’avoir préalablement étudié "les conditions de l’ouverture de la gouvernance du système à l’ensemble des parties prenantes", ainsi que le périmètre défini pour permettre au programme de tourner indépendamment de son système original.

null

vers des conseils d’orientation personnalisés ?

Si, pour l'instant, la plate-forme APB n’est pas un outil d’orientation, elle pourrait en prendre le chemin. La mission Etalab propose en effet le développement de services pour les futurs bacheliers ou les acteurs de l’éducation, sur la base des données qui seront ouvertes. Des conseils personnalisés pourraient ainsi être proposés, selon le profil du candidat et les statistiques récentes de réussite des étudiants dans les formations visées.

Enfin, les acteurs de la recherche devraient collaborer à l’amélioration d’Admission postbac (open science) avant la session 2018. Il s'agira, par exemple, "d'expliciter les finalités du système et son fonctionnement, au-delà de la procédure et du calendrier, d'analyser les conditions de l'acceptation sociale d'un système technique de cette ampleur ou encore de faire le lien entre le code et le corpus juridique existant". Un vaste chantier pour le successeur de Thierry Mandon.

Natacha Lefauconnier | Publié le