"Il est essentiel de valoriser l'apport de la mobilité des alternants auprès des entreprises : nos jeunes sont l'une des meilleures réponses à la compétitivité", assène Olivier Faron, conseiller formation auprès du Medef, face aux responsables européens venus s'informer sur le sujet à Bordeaux.
1% des apprentis partent en mobilité
Tout au long de cet après-midi d'échanges organisé par l'Agence Erasmus+, les intervenants sont unanimes : les alternants, qu'ils soient issus de la formation professionnelle ou de l'enseignement supérieur, doivent pouvoir bénéficier d'une mobilité Erasmus+ au même titre que les autres étudiants.
C'est ce même constat qui a conduit à la promulgation de la loi Maillard en novembre 2023. Aujourd'hui, seul 1% des apprentis partent chaque année dans le cadre de leur formation.
Un chiffre loin des objectifs fixés par le Conseil de l'Union Européenne qui vise 15% d'alternants en mobilité d'ici 2030.
Une loi pour encourager les départs
En cause notamment, la complexité des démarches administratives pour les employeurs. La loi a donc pour objectif de les simplifier et de permettre à l'apprenti de bénéficier d'une "mise à disposition" pour pouvoir maintenir son contrat et son salaire.
Mais les parties prenantes sont toujours dans l'attente des décrets qui préciseront les modalités d'application de la loi.
Présente sur les deux tables-rondes de l'après-midi, Rachel Becuwe, adjointe au délégué de la DGEFP (Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle) au ministère du Travail et de l'Emploi a annoncé que "les décrets de la loi Maillard ont été reçus favorablement par les partenaires sociaux et sont actuellement examinés par le Conseil d'État". Ils devraient donc pouvoir être appliqués dès la fin de l'année.
Une loi d'autant plus attendue que le nombre d'étudiants en contrat d'apprentissage a considérablement augmenté ces dernières années. "On a une croissance de 33% entre 2021 et 2023", précise Anne-Marie Hinault, représentante du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Des pistes pour lever les freins
Dans l'attente de l'application de la loi Maillard, les différents acteurs présents ont évoqué les chantiers prioritaires à mettre en œuvre pour soutenir la mobilité des apprentis.
L'importance de centraliser les différents financements (FSE+, CARIF OREF, MOBLT, collectivités locales…) a notamment été soulignée par Anne Tallineau, la secrétaire générale de l'OFAJ (Office franco-allemand pour la jeunesse). Selon elle, les échanges franco-allemands sont voués à croître ces prochaines années grâce à l'aide des bourses de mobilité accordées par l'OFAJ et Erasmus+.
De son côté, Jean-Philippe Audrain, le président de la Fédération des directeurs de CFA a mentionné la création d'une commission nationale pour accompagner les directeurs de centres de formation professionnelle sur le sujet de la mobilité. "Cette commission, déployée en commissions régionales sur le territoire, aura pour rôle de convaincre, faciliter et outiller", a-t-il détaillé.
Autre enjeu majeur : inciter les jeunes alternants à la mobilité longue. Aujourd'hui, seulement 12% d'entre eux partent pour plus de trois mois.
Des difficultés à l'échelle européenne
Dans un message vidéo diffusé aux débuts des échanges, Manuela Geleng, directrice de l'emploi et des compétences à la Commission européenne a affirmé la nécessité de développer une boîte à outils destinée aux employeurs et aux alternants.
Elle a également évoqué le lancement d'un appel à projets "visant à financer les structures de soutien à la mobilité des apprentis".
Des représentants de centres de formation d'autres pays européens étaient également invités à prendre la parole. Et le constat est le même, en Finlande comme aux Pays-Bas, la mobilité des apprentis est encore trop peu répandue et son développement doit être une priorité dans les prochaines années.