Après la croissance, l'Iéseg mise sur la constance

Géraldine Dauvergne Publié le
Après la croissance, l'Iéseg mise sur la constance
Trois ans de concertation ont été nécessaire pour la conception du nouveau plan stratégique 2016-2021 de l'établissement. // © 
Après cinq ans de croissance spectaculaire, l'école lilloise veut se recentrer sur la qualité de ses enseignements et tirer parti de ses investissements.

Fini la croissance ultra-rapide des effectifs et la multiplication de programmes ! À l'Iéseg, l'heure est désormais au recentrage. "Notre priorité est aujourd'hui d'approfondir la qualité de la pédagogie et d'améliorer la réputation de nos programmes, en France comme à l'étranger", a insisté Jean-Philippe Ammeux, directeur général de l'école de management, qui dévoilait le 6 septembre 2016 son nouveau plan stratégique 2016-2021.

Pour dégager ces axes stratégiques, "l'ensemble de la communauté Iéseg" – étudiants, équipe académique, diplômés et entreprises – a été consulté entre 2013 et 2016.

Une croissance forte en dix ans

L'Iéseg, établissement postbac né dans le giron de l'université catholique de Lille, a connu un développement important ces dernières années. Portée par les résultats de son centre de recherche, intégré au laboratoire du CNRS "Lille économie et management", elle a ouvert un nouveau campus à la Défense dès 2009, lui permettant de de passer de 2.400 étudiants en 2010 à 4.800 aujourd'hui.

Dans le même temps, elle a également décroché les trois accréditations internationales les plus convoitées en un temps record : Equis en 2012, AACSB en 2013 et AMBA en 2016. En 2013, elle entre dans le classement des meilleurs masters en management du "Financial Times", où elle accède, en 2015, à la 21e place mondiale.

Objectif : "l'engagement" des étudiants

L'Iéseg entre désormais dans une nouvelle phase. "Nos effectifs vont continuer à croître, mais moins rapidement, jusqu'à atteindre 6.000 étudiants en 2021, – 3.000 à Lille et 3.000 à Paris. Nous voulons désormais nous consacrer davantage au développement d'une expérience pédagogique unique, et susciter davantage d'engagement de nos étudiants, dans un objectif sociétal", détaille Jean-Philippe Ammeux.

L'accent sera mis sur l'apprentissage interculturel, sur les innovations en "active learning", et sur l'interdisciplinarité. "Nous privilégions une pédagogie mêlant le e-learning et le présentiel, car c'est la formule qui suscite le plus d'engagement de la part des étudiants", précise le directeur.

Jean-Philippe Ammeux souhaite s'appuyer sur le caractère déjà très international de sa "communauté", pour expérimenter et développer l'interculturalité : "Nous comptons aujourd'hui un quart d'étudiants étrangers dans nos programmes diplômants, et nous souhaitons atteindre 35 % en 2021. Quant à nos 117 professeurs permanents, tous titulaires d'un doctorat, ils sont à 84 % étrangers."

Nous faisons le pari que les jeunes du monde entier voudront venir en France faire leurs études.
(J.-P. Ammeux)

Plus de recherche appliquée

Si la recherche académique en management, marque de fabrique de l'Iéseg depuis toujours, reste de mise, désormais, l'école souhaite développer en priorité la recherche appliquée et les projets de collaboration avec les entreprises, à travers trois nouveaux "centres d'expertises", dont les thèmes n'ont pas encore été dévoilés.

Les recrutements de professeurs continueront donc à aller bon train – dix par an en moyenne. Mais aucun campus Iéseg n'ouvrira à l'étranger. "Nous faisons le pari que les jeunes du monde entier voudront venir en France faire leurs études, souligne le directeur. Par ailleurs, le corps professoral est une ressource rare dans nos écoles. Nous voulons à tout prix éviter sa dispersion." Pour cette rentrée 2016, l'Iéseg a reçu 650 candidatures de professeurs venues du monde entier, pour vingt recrutements.

Investissements immobiliers et levées de fonds

Les nouveaux arrivants viendront donc renforcer les équipes enseignantes sur les campus de Lille et de Paris, en cours d'agrandissement. Un nouveau bâtiment de 8.000 mètres carrés sort de terre à la Défense et sera opérationnel à la rentrée 2017. Sur sept niveaux, il comprendra un amphithéâtre, des salles de cours adaptées à une pégagogie interactive, une salle de marché et des bureaux.

"Le design immobilier est essentiel pour améliorer la pédagogie, plaide Jean-Philippe Ammeux. Le nouveau bâtiment, doté d'un meilleur ERP (Enterprise ressource planning), baissera en outre le coût de l'immobilier par étudiant." L'édifice, dont le coût s'élève à 50 millions d'euros, sera acheté en crédit-bail et remplacera avantageusement les trois sites aujourd'hui loués à la Défense, pour 7 millions d'euros par an.

Pour atteindre ses objectifs, l'Iéseg prévoit de faire passer son budget annuel de 45 millions d'euros en 2015-2016 à 74 millions d'euros en 2021. Une augmentation financée par la croissance moins rapide mais toujours soutenue du nombre d'étudiants et par la diversification des financements : formation continue et levée de fonds essentiellement.

Celle-ci, baptisée "Iéseg Jump", lancée à la rentrée 2016 sans objectif précis ni date butoir, doit permettre de financer en priorité l'ouverture sociale. Quant aux entreprises, elles devraient apporter 2,5 millions d'euros par an, sous forme de dons et de financement de chaires – en plus de la taxe d'apprentissage.

Moins de recherche académique, moins de "masse critique", mais plus de qualité, de notoriété et de pédagogie... Des tendances en vogue dans les écoles de commerce.

Géraldine Dauvergne | Publié le