Augmenter sa visibilité, attirer de nouveaux étudiants, accéder à des données sur l’apprentissage, motiver ses enseignants, démocratiser l’accès à l’éducation… Les raisons pour lesquelles les établissements se lancent dans les MOOC sont connues.
Mais les résultats sont-ils à la hauteur des ambitions ? Tel est l’angle d’attaque d’une vaste étude sur les MOOC conduite par le département d’éducation de l’université de Columbia. Paru à la mi-mai 2014, ce foisonnant rapport (210 pages, en anglais) est le fruit de 83 interviews auprès d’acteurs de ce domaine, issus de 62 institutions nord-américaines.
Les auteurs se montrent circonspects sur l’avenir des MOOC, dont la pérennité, dans leur forme actuelle, leur semble "très discutable". En revanche, "il ne fait pas de doute que l’enseignement en ligne et l’enseignement hybride vont rester, et que les MOOC auront été le catalyseur d’un changement de paradigme jusque dans les institutions les plus prestigieuses, aux États-Unis et dans le monde", écrivent-ils.
Un à un, ils évaluent les objectifs mis en avant par les établissements. Ainsi, l’ambition de "démocratisation" de l’enseignement est loin d’être atteinte. "La plupart des participants aux MOOC sont déjà très qualifiés, et employés", affirment Fiona Hollands et Devayani Tirthali. Au contraire, les MOOC pourraient même "accroître les écarts" entre les populations éduquées et les autres, au lieu de les diminuer.
Il ne fait pas de doute que l’enseignement en ligne et l’enseignement hybride vont rester, et que les MOOC auront été le catalyseur d’un changement de paradigme
Les auteurs reconnaissent que les MOOC ont des effets positifs sur la manière d’apprendre. Mais, selon eux, peu d’institutions ont vraiment analysé l’impact de ces cours sur les élèves, notamment par rapport à d’autres formes de pédagogie.
La stratégie de marque ? L’effet est difficile à évaluer, écrivent les deux chercheurs. Ils pointent néanmoins une défi de taille : comment une institution sélective peut-elle renforcer sa marque tout en rendant ses cours accessibles à tout le monde ?
Dressant l’inventaire des possibles sources de revenus et d’économies liées aux MOOC, l’étude conclut que ces flux vont difficilement équilibrer les coûts de production (compris entre 5.000 dollars et 1,2 million de dollars par MOOC). C’est pourquoi les deux auteurs pensent que les MOOC dans leur version actuelle – gratuits – vont rester l’apanage des institutions riches et prestigieuses qui peuvent compenser cet investissement par d’autres recettes.
Les autres établissements feront évoluer leurs cours vers des modèles en ligne payants et accrédités par des labels, qui permettront aux étudiants de décrocher des badges ou des certificats reconnus. La révolution MOOC ne fait que commencer.
Lire le rapport "MOOC Expectations and Reality", université de Columbia, mai 2014 (pdf)