D’après le baromètre du 4 juillet 2019 réalisé par l’Ifop, comme c’est déjà le cas depuis plusieurs années, vous bénéficiez d’une très belle notoriété : 88 % des jeunes ont une bonne image du service civique tout comme 87 % des Français et 92 % des recruteurs. Comment l’expliquez-vous ?
En plus de la notoriété, ce qu’il faut aussi retenir, c’est qu’entre 2017 et 2018, nous avons enregistré une augmentation de 14 % du nombre de volontaires. Ce qui représente 142.200 jeunes engagés en 2018. Tout cela s’explique surtout par la promotion que font les jeunes eux-mêmes, ce sont nos meilleurs ambassadeurs.
Et si le bouche-à-oreille fonctionne très bien, nous avons aussi fait le choix de mener une grande campagne de communication qui semble porter ses fruits, y compris auprès du grand public et des recruteurs. Au détail près que ces derniers ne savent pas précisément ce que signifie et ce qu’implique le service civique. Le baromètre nous sert donc de boussole pour savoir à quel niveau nous devons mener des actions.
D’ailleurs, le baromètre l’indique aussi : les jeunes émettent toujours quelques réserves à l’idée d’effectuer un service civique, notamment pour des raisons de reconnaissance du dispositif auprès des employeurs. Quelle stratégie comptez-vous mettre en place ?
Il est vrai que le dispositif souffre d’un manque de reconnaissance. Pour nous, c’est le moment de passer à la vitesse supérieure car les volontaires sont de plus en plus nombreux. Cela fait bien sûr partie d’un axe majeur d’amélioration. Nous avons déjà mis en place le club de valorisation qui réunit onze entreprises. Le but est qu’elles soient mieux informées sur le dispositif pour ensuite pouvoir en parler autour d’elles et encourager le recrutement de volontaires.
Nous comptons aussi travailler avec d’autres partenaires, comme des partenaires locaux au niveau des régions. Là encore dans le but de faire connaître le service civique.
En parallèle, nous sommes en discussion permanente avec le ministère de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur pour valoriser le dispositif au sein des établissements. Notamment pour que le service civique soit valorisé dans les cursus par l’obtention de crédits ECTS. Dans les faits, nous savons que toutes les universités ne l’appliquent pas et qu'il y a des réticences. Or, le ministère a bien compris que le dispositif avait de vrais effets positifs.
Pourquoi les structures sont-elles toujours autant réticentes d’après vous ?
C'est difficile à comprendre, étant donné que le dispositif est bénéfique pour les jeunes mais aussi pour les structures d’accueil. Il y a une réciprocité, les entreprises peuvent rester attractives grâce aux volontaires qui sont représentatifs de la société et des attentes des jeunes. Ils ont des profils variés, c’est un plus.
L’autre frein cité par les volontaires est d’ordre financier. L’indemnisation actuelle s’élève à 580,55 €, pas assez selon les jeunes. Peut-on prévoir une augmentation ?
Cela fait partie de nos axes d’amélioration : travailler sur les droits des volontaires et donc l’indemnisation des jeunes. Aujourd’hui, les volontaires ont les mêmes droits que les étudiants, et pourtant ce n’est pas toujours appliqué. Nous sommes aussi conscients que, pour certains, le budget accordé ne leur suffit pas, mais le but n’est pas non plus de substituer le service civique à un emploi.
Le service civique doit être un tremplin pour l’emploi.
Il s’agit avant tout de découvrir sa vocation et de donner envie de s’engager. Le service civique doit être un tremplin pour l’emploi. Il est d’ailleurs vu comme une année d’orientation pour les jeunes. Même s’il y a déjà quelques aides possibles pour les volontaires - et nous espérons que d’autres suivront -, nous n’avons pas prévu d’augmenter l’indemnisation pour le moment.
En tant que nouvelle présidente de l’Agence du service civique, que souhaitez-vous apporter aux volontaires ?
Le véritable point d’attention, c’est la qualité. Qu’il y ait de plus en plus de volontaires, c’est une chose, mais il faut que la qualité perdure. J’aimerais que le service civique ait un impact sur chaque jeune, c’est aussi pour ça que je travaille sur les questions de mobilité internationale. La dimension européenne du service civique me parait importante, surtout si les jeunes les plus fragiles peuvent en profiter.
Lorsque je travaillais à l’Ofaj (office franco-allemand pour la jeunesse), j’ai pris conscience des effets de la mobilité : les jeunes s’aperçoivent qu’ils sont Français, ce qui est vecteur de cohésion sociale. Aujourd’hui, seuls 2 % des volontaires partent à l’étranger, c’est insuffisant. Nous allons développer des synergies avec Erasmus+ et le corps européen de solidarité pour encourager les jeunes à partir. Nous sommes là pour les accompagner.