Bac 2017 : quand l'apprentissage devient un sujet du bac pro

Noa Benhaim Publié le
Bac 2017 : quand l'apprentissage devient un sujet du bac pro
Le sujet du bac pro économie-gestion : "Quel peut être l’intérêt de poursuivre ses études en contrat d’apprentissage plutôt que sous statut d’étudiant/e ? // ©  Fred MARVAUX/REA
Vendredi 16 juin 2017, les élèves de terminale professionnelle planchaient sur l’épreuve d’économie-gestion. Parmi les questions : "Quel peut être l’intérêt de poursuivre ses études en contrat d’apprentissage plutôt que sous statut d’étudiant/e ?" Un intitulé qui provoque la colère du Snuep-FSU, qui y voit une "opération de propagande".

Un sujet "orienté". C'est ainsi que le Snuep-FSU, un des syndicats d'enseignants professionnels, qualifie l'épreuve d’économie-gestion sur laquelle ont travaillé les candidats au baccalauréat professionnel, vendredi 16 juin 2017, dans un communiqué publié lundi 19 juin.

Ce sujet posait la question suivante : "Quel peut être l’intérêt de poursuivre ses études en contrat d’apprentissage plutôt que sous statut d’étudiant/e ?" Alors que l'enseignement professionnel est particulièrement concerné par les cursus en voie scolaire et par alternance, Sigrid Gérardin, secrétaire générale du Snuep-FSU, estime que cet exercice a pour "but de promouvoir le système par apprentissage au détriment de la voie scolaire". Il s'agirait même, selon elle, d'"un formatage en faveur de l’apprentissage".

"L’État affiche clairement son camp"

Une dénonciation qui s’inscrit dans la lutte historique du Snuep-FSU en faveur d’une revalorisation de la voie scolaire dans l’enseignement professionnel : "Ce qu’on dénonce depuis longtemps, c’est que les gouvernements ne promeuvent que la formation par apprentissage et non celle sous statut scolaire. Pourtant, la formation professionnelle sous statut scolaire concerne 700.000 jeunes et est d’ordre public. En finançant l’apprentissage, l’État se met du côté du privé, ce qui sort de ses missions de service public. Et avec ce sujet, il affiche clairement son camp", poursuit Sigrid Gérardin. 

Le mécontentement du syndicat se nourrit également des chiffres fournis aux élèves en annexe. "Ils masquent une partie de la réalité de l’apprentissage. Ils ne mentionnent pas du tout les ruptures de contrat par exemple, qui sont monnaie courante dans ce système", assure Sigrid Gérardin. Selon le dernier rapport de la Dares (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques), paru en décembre 2016, 28 % des contrats d’apprentissage de la campagne 2013-2014 avaient été rompus avant leur terme, par exemple.

Les campagnes de promotion de l'apprentissage se succèdent, il est vrai. Pendant le quinquennat de François Hollande, l’objectif était d’atteindre la barre des 500.000 apprentis en 2017. Emmanuel Macron souhaite lui aussi encourager l’apprentissage, notamment en en simplifiant les règles. À la session 2016, un bachelier pro sur dix était en apprentissage.

Contacté, le ministère de l’Éducation nationale n’a pas souhaité réagir sur le choix de ce sujet. Les candidats, eux, ne se sont pas émus du sujet. Reste à savoir s'ils auront de bonnes notes.

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