
Le dispositif des "bacheliers méritants" a provoqué, dès sa création en 2013, la colère de plusieurs universitaires. Réservé aux 10% de meilleurs bacheliers de chaque lycée des places en filières sélectives (BTS, DUT, prépas, écoles d’ingénieurs…), il n’a pas manqué d’être considéré comme une marque de défiance envers l’université.
A la recherche d'un véhicule législatif
Deux ans plus tard, fin novembre 2015, lors du vote annuel sur le pourcentage de bacheliers concernés en Cneser (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche) – qui a de nouveau donné lieu à un avis négatif –, la remarque est revenue sur le devant de la scène.
Avec une proposition défendue par la Conférence des présidents d’université : celle d’ouvrir le dispositif aux filières universitaires à "capacité d’accueil limitée". C'est-à-dire de proposer une place à ces 10% de bacheliers dans les filières sélectives mais aussi dans ces licences où ils ne seraient pas assurés d'entrer, la demande surpassant fortement l'offre, principalement en Staps, en psycho ou encore en droit et médecine.
"Cela permettrait de rappeler qu'il n’y a pas d’abord des filières sélectives, puis des filières universitaires moins bien cotées, résume Jean-Loup Salzmann, à la tête de la CPU. Si un 'bachelier méritant' veut étudier la médecine à Bordeaux ou à Paris 5, il n'y a pas de raison qu'il n'ait pas le droit à une place réservée, de la même manière que s’il veut faire une prépa à Henri 4."
Le secrétariat d'État à l'Enseignement supérieur étudie l'élargissement de ce dispositif. Reste à trouver "un véhicule législatif" pour prendre une telle mesure, indique la rue Descartes, d’ici la fin du quinquennat. Ce qui paraît incertain.
Une atteinte au principe de non-sélection
Une certitude en revanche : cette mesure fait l'unanimité contre elle chez les syndicats étudiants. "Donner une priorité à des 'bacheliers +++' dans ces filières attaque le principe de non-sélection à l'université", dénonce Alexandre Leroy, président de la Fage.
"Cela revient à acter la pratique de la sélection illégale en licence à l'université, et même à l'aggraver", renchérit William Martinet, à la tête de l'Unef.
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