Benjamin Viaud : "Nous devons promouvoir le secteur des EdTech français à l’étranger"

Eva Mignot Publié le
Benjamin Viaud : "Nous devons promouvoir le secteur des EdTech français à l’étranger"
EdTech France rassemble déjà 33 adhérents et espère en rassembler 80 à 85 avant cet été. // ©  phonlamaiphoto
Le créateur de la start-up Beneylu, à l’origine d’une plate-forme d’applications destinées à l’école primaire, a été élu le 22 mai 2018 président de EdTech France, association réunissant les entrepreneurs français du secteur. Le point sur les missions qui structureront son mandat.

Pour quelles raisons avez-vous créé EdTech France ?

Nous voulons faire grandir le marché des EdTech, pour cela, il faut un objectif commun sur lequel nous pourrons concentrer les moyens. C’était l’objet de notre appel en novembre dernier, dans le cadre de la Conférence EdUp d'EducPros, au salon Educatec.

Benjamin Viaud préside la toute nouvelle association EdTech France.
Benjamin Viaud préside la toute nouvelle association EdTech France. © Photo fournie par le témoin

180 fondateurs ont signé le manifeste EdTech France. Des commissions de travail se sont réunies sur plusieurs thèmes généraux, tels que la prise de parole au nom d'EdTech France ou l’ambition internationale. Finalement, 80 à 85 entrepreneurs ont identifié sept missions qui seront nos lignes de conduite pour les années à venir.

En quoi ces missions consistent-elles ?

L’intitulé est encore assez large, les feuilles de route que remettront bientôt les neuf administrateurs devraient en préciser leur contenu. La première d’entre elles est d’ordre politique et sociétal et repose sur la contribution au dialogue public. La seconde est une mission de communication : nous devons valoriser les réussites des EdTech. Nous cherchons aussi à nous impliquer sur les événements.

Nous n’avons pas vocation à en créer, mais nous souhaitons nous positionner sur la kyrielle d’évènements déjà existants. Nous devons aussi structurer le réseau à l’international et promouvoir la EdTech française à l’étranger. Il nous faut également bâtir une offre de services pour les membres adhérents et partenaires (conseils régionaux, clusters, établissements publics…) sur lesquels nous appuyer. Tout ne se construit pas hors-sol.

Par ailleurs, nous souhaitons recenser les solutions EdTech françaises pour que l’offre et la demande puissent se rencontrer plus facilement. Enfin, il reste la question du financement, privé comme public. Aujourd’hui, il existe deux fonds français spécialisés dans les EdTech, Brighteye ventures et Educapital, mais nous voulons impliquer également les fonds généralistes.

Les EdTech doivent être un sujet pour tous. OpenClassrooms a récemment réalisé une levée de fonds exceptionnelle et nous aimerions que de telles opérations se multiplient.

Certaines missions, comme la participation au débat public, nécessitent de s’entourer du plus grand nombre de membres pour pouvoir peser sur les décisions politiques.

Quels sont, à court terme, les objectifs d’EdTech France ?

D’ici à cet été, nous allons recruter un directeur général permanent qui pourra se consacrer à l’association. En effet, les entrepreneurs EdTech France n’auront pas forcément le temps de s’occuper des aspects administratifs et exécutifs. Par ailleurs, nous participerons à quatre ou cinq évènements dans les prochains mois pour lesquels nous devons, entre autres, fournir des intervenants.

Comment l’association se financera-t-elle ?

Nous sommes des entrepreneurs aguerris et nous connaissons les problématiques économiques d’une telle structure. Le financement reposera principalement sur les cotisations des adhérents et partenaires, selon trois forfaits : les jeunes pousses créées dans les douze derniers mois cotiseront à hauteur de 100 euros.

Les start-up dont le chiffre d’affaires est supérieur à un million d’euros devront payer 1.000 euros, contre 450 euros pour les autres. Nous comptons aujourd’hui 33 membres adhérents et nous en espérons entre 80 et 90 avant cet été. Le recrutement est un vrai sujet : certaines missions, comme la participation au débat public, nécessitent de s’entourer du plus grand nombre possible de membres pour pouvoir peser sur les décisions politiques.


Le gouvernement entend structurer la filière EdTech
Le secrétaire d’État chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi, a annoncé les conclusions de son tour des start-up, au Salon Viva Technology, le 24 mai 2018. Pointant un manque de structuration de la filière EdTech, il souhaite que l’association EdTech France puisse y remédier, avec les associations EdTech régionales et la mission French Tech, en s’appuyant notamment sur l’observatoire EdTech, initié par la Caisse des Dépôts, en partenariat avec EducPros. Les start-up pointent régulièrement leurs difficultés à contractualiser avec les établissements publics et le gouvernement souhaite également mettre en place un "cadre de confiance destiné à prendre plus lisible et à faciliter pour l’ensemble des acteurs le recours à des outils et services numériques innovants au sein de l’Éducation nationale."

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