Bernard Belloc : "Il n’est pas anormal de demander aux étudiants étrangers de participer aux frais"

Sophie Blitman Publié le
Bernard Belloc : "Il n’est pas anormal de demander aux étudiants étrangers de participer aux frais"
Bernard Belloc // © 
Conseiller du président de la République pour l’enseignement supérieur et la recherche, Bernard Belloc a ouvert la conférence Educpros consacrée au recrutement des étudiants étrangers, qui s’est déroulée le 1er avril 2011.L’occasion pour l’ancien président de Toulouse 1 d’inviter les acteurs de l’enseignement supérieur à réfléchir non seulement à la manière dont ils peuvent attirer les étudiants étrangers, mais aussi aux raisons qui les poussent à le faire.

"Aucun établissement ne peut prétendre être le meilleur partout". Adepte de la diversification de l’enseignement supérieur , Bernard Belloc met en avant les raisons multiples qui amènent les écoles et universités à vouloir recruter des étudiants étrangers : accroître ses effectifs, faciliter la mobilité de ses propres étudiants en créant des partenariats fondés sur la réciprocité, procurer d’excellents doctorants et postdocs aux chercheurs de ses laboratoires…
Ainsi, chaque établissement a tout intérêt, selon lui, à adapter la problématique à ses spécificités, ses atouts, sa culture.

Une stratégie d’accueil adaptée

En effet, "les profils d’étudiants recrutés ne seront pas les mêmes selon les raisons pour lesquelles on les fait venir", souligne Bernard Belloc, et il faut prendre en compte ces différents profils pour mettre en place une stratégie d’accueil adaptée.
Les doctorants, par exemple, seront particulièrement sensibles au potentiel scientifique des laboratoires de recherche, tandis qu’à l’inverse, les étudiants qui viennent dans un but linguistique ne se satisferont pas uniquement des cours : ils attendent d’autres prestations dans la mesure où l’aspect culturel est une dimension importante de leur séjour.
D’où la nécessité, explique le conseiller de Nicolas Sarkozy, de développer une stratégie cohérente : il s’agit d’adapter le recrutement de ses enseignants-chercheurs et personnels, et "il ne faut pas hésiter à sélectionner les étudiants étrangers selon les objectifs fixés".

Question de moyens

Reste, ensuite, à se donner les moyens de cette stratégie. L’adaptation de son dispositif aux étudiants étrangers, la mise en place de formations et d’un accueil spécifiques induisant des coûts, les établissements peuvent répercuter cet investissement sur les droits d’inscription : "si vous proposez des services aux étudiants étrangers, il n’est pas anormal de leur demander de participer aux frais", avance Bernard Belloc, dénonçant la "fausse pudeur" qui existe parfois en la matière.
Et de reprendre à son compte le pragmatisme de nombreux établissements américains : "sélectionner les étudiants en fonction de leurs capacités intellectuelles, les faire payer en fonctions de leurs moyens".

Sophie Blitman | Publié le