Bilan de Valérie Pécresse : Yvon Berland et Gilbert Béréziat s'opposent

Propos recueillis par Mathieu Oui Publié le
Comment est perçue la politique de Valérie Pécresse après quatre ans au ministère de l'Enseignement supérieur ? Yvon Berland, vice-président de la Conférence des présidents d'université (CPU) en dresse plutôt un bilan positif quand Gilbert Béréziat, ancien président de l'UPMC et conseiller de Louis Vogel (président de Panthéon-Assas) reste très critique.

Yvon Berland, président de l’université de la Méditerranée (Aix-Marseille 2), vice-président de la CPU : « Elle a installé les universités comme acteurs majeurs de l’enseignement supérieur »


Valérie Pécresse a installé les universités dans le paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche comme des acteurs majeurs. La loi LRU, l’opération Campus et le Grand emprunt sont trois actions en faveur d’une vraie défense des universités et de nature à transformer les choses. L’autonomie a donné aux établissements de vraies marges de manoeuvre financières pour des actions stratégiques et ciblées, que ce soit vers les personnels ou les étudiants.

L’Opération Campus va permettre, d’ici 20116-2017, d’avoir des universités remises aux standards internationaux notamment en matière de vie étudiante et d’équipements sportifs. Enfin, sur le Grand emprunt, Valérie Pécresse a été très pugnace pour convaincre le président de l’importance des initiatives d’excellence pédagogiques.

Ceci dit, les universités doivent rester vigilantes sur plusieurs points. Sur l’autonomie, celles-ci sont encore beaucoup sous surveillance et assaillies de contrôles a priori. De même, par rapport au Grand emprunt, la question de l’aménagement du territoire est posée. Il ne faudrait pas que l’on se retrouve avec des sites disposant de beaucoup de moyens et d’autres très en déficit.
Enfin, la masterisation a été un fiasco complet qui n’est peut-être pas de sa seule responsabilité. On a trop voulu en faire un outil d’économie et non de qualification des enseignants".

Gilbert Béréziat, ancien président de l’UPMC : «Valérie Pécresse n'a pas donné de vision claire sur l’argent investi »


"La loi LRU était une bonne idée mais qui est restée inachevée. Depuis le Grand emprunt et le plan Campus, l’autonomie est même passée au second plan. Surtout, et contrairement à ce que la ministre a annoncé, elle ne s’est pas accompagnée de moyens supplémentaires.

Comme la mission d’évaluation et de contrôle de l’Assemblée Nationale l’a récemment montré, nous n’avons pas de vision claire sur l’argent réellement investi dans le supérieur. Derrière la communication ministérielle, il y a beaucoup de controverses et d’incertitudes. Par exemple, sur l’Opération Campus, l’investissement est hypothéqué par le rendement attendu de la vente des actions EDF et l’on n’a pas une visibilité très forte à ce sujet. Et c’est la même chose sur le Grand emprunt dans lequel une bonne partie de l’argent est une dotation en capital.

Valérie Pécresse n’a pas non plus mis fin au scandale des classes prépas qui reste une filière protégée par une caste politico-administrative. Malgré ses annonces sur le plan Réussite en licence, on est encore loin des conditions d’encadrement des prépas. Pour rapprocher la licence des CPGE, cela nécessiterait d’avoir trois à quatre fois plus d’enseignants en licence".

Propos recueillis par Mathieu Oui | Publié le