Bilan d’étape pour l’Opération campus en régions

Sophie Blitman Publié le
Après les Parisiens, c’est au tour des lauréats en régions de dresser l’état d’avancement de leurs travaux. Le comité de pilotage a été réuni le 19 juillet 2011 par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Laurent Wauquiez, dans une ambiance cependant un peu morose.

Un à un les porteurs de projets de l’Opération campus se sont succédé sur l’estrade pour présenter leurs dossiers et les premiers chantiers engagés, répondant à la volonté du ministre d’« ouvrir la phase de déclinaison concrète et opérationnelle du plan Campus ». 80 M€ ont d’ores et déjà été investis dans 50 chantiers. Début 2012, le montant devrait atteindre 2 MdS €, répartis sur 120 chantiers.

« En matière d’urbanisme, la lenteur n’est pas un gage de qualité, mais l’excessive rapidité est un gage d’imbécilité » (Michel Lussault)

Rappelant l’effort à ses yeux « historique » en direction de l’enseignement supérieur et de la recherche, Laurent Wauquiez a souhaité « que la matérialisation concrète de cet effort de la nation soit la plus rapide possible ».

Or, tous les campus ne se sont pas engagés dans les travaux à la même allure. Si Toulouse aura engagé 100 % de la dotation de l’Etat début 2012, Lyon n’en sera qu’à 6 %. Mais pour Michel Lussault, « en matière d’urbanisme, la lenteur n’est pas un gage de qualité, mais l’excessive rapidité est un gage d’imbécilité »… Une pique qui en dit long sur l’état d’esprit du président du Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) Université de Lyon, après l’échec à la première vague des Initiative d’excellence .

Quant au PRES de Bordeaux, heureux lauréat d’une Idex , il aura engagé 55 % de la dotation de l’Etat. « L’Opération campus a été une première étape dans la structuration du site bordelais qui a servi de base pour structurer nos réponses aux Investissements d’avenir, explique Manuel Tunon de Lara, président du PRES. Cela a aussi été le chantier pour lancer l’université unique ».

Conventions de financement à Toulouse, Grenoble et Bordeaux

Rassembler ce comité de pilotage était aussi pour le ministère l’occasion de signer des conventions de financement pour « trois projets d’ampleur très avancés ». Deux projets vont être réalisés dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) : la rénovation du site du Mirail à Toulouse (175 M€) et la construction de l’Ecole de l’énergie de Grenoble (80 M€). De son côté, Bordeaux a opté pour un montage jugé « innovant » par le ministère avec la Caisse des dépôts et des consignations concernant la première tranche de la rénovation du site de Pessac-Talence-Gradignan, sur le secteur des sciences et techniques (100 M€).

Cependant, au fil de la présentation des projets, l’attention de la salle se délite peu à peu. Au point que certains responsables d’établissements partent reprendre leur train, regrettant, quelque peu désabusés, « l’inutilité » de la réunion.


Les neuf projets en bref

Aix-Marseille Université
Montant de la dotation : 500 M€
Projets phares : construction d’une faculté d’économie et de gestion unifiée et restauration des bâtiments de droit et de lettres et sciences humaines à Aix-en-Provence, comprenant un aménagement d’espaces extérieurs, réhabilitation et construction du Cœur de Campus à Luminy.

Université de Bordeaux
Montant de la dotation : 475 M€
Projets phares : réhabilitation, en trois tranches, du secteur sciences et techniques sur le campus Talence-Pessac-Gradignan, du secteur biologie santé sur le site Carreire, et du secteur sciences humaines et sociales sur le campus Talence-Pessac-Gradignan.

Grenoble Université de l’innovation
Montant de la dotation : 400 M€
Projets phares : mise en place de liaisons en transports en commun entre les deux campus pour les rendre accessibles à 25 minutes l’un de l’autre, création de pôles thématiques notamment sur les logiciels et systèmes intelligents d’information (projet Pilsi doté d’un centre de recherche intégrative) et sur les matériaux (projet Gren-En-ER), réhabilitation des bâtiments de sciences humaines et sociales.

Campus Grand Lille
Montant de la dotation : 110 M€
Projets phares : extension de la faculté de médecine qui accueille aujourd’hui 3 000 étudiants en première année, construction de 1 700 logements étudiants neufs et rénovation de 1 500 autres, création de deux learning center dont un centré sur l’archéologie.

Campus Lorrain
Montant de la dotation : 70 M€
Projets phares : restructuration et extension du pôle biologie-santé à Nancy, reconstruction de l’UFR mathématiques-informatique-mécanique à Metz, réhabilitation de la résidence Boudonville à Nancy (340 chambres).

Lyon Cité Campus
Montant de la dotation : 575 M€
Projets phares : réhabilitation du site de Gerland, réhabilitation de bâtiments en Haute qualité environnementale sur les quais Berthelot et le campus de la Doua, « un campus des années 1950 qui a évolué au fil de l’eau et doit désormais être réorganisé en quartiers scientifiques thématiques début 2013 », précise Michel Lussault, président du PRES lyonnais.

Université Montpellier Sud de France
Montant de la dotation : 325 M€
Projets phares : structuration du village des sciences et du pôle chimie Balard, rénovation, en 2011, de 380 logements étudiants et construction, en 2012, de 200 supplémentaires dans une ville où les étudiants forment un quart de la population.

Université de Strasbourg
Montant de la dotation : 375 M€
Projets phares : aménagement d’un campus vert pour « sortir du campus voiture des années 1970 et aller vers un campus lieu de vie », comme l’explique Alain Beretz, président de l’université de Strasbourg, transformation de l’emblématique tour de chimie en logement étudiants, construction d’un hôtel des chercheurs.

Université de Toulouse
Montant de la dotation : 350 M€
Projets phares : dans le Grand Sud Est, intégration de l’Université de Toulouse et de la Cité internationale des chercheurs dans un « Quartier des Sciences » au sein du centre-ville historique, et restructuration de Toulouse Le Mirail, « une université mal construite » aux dires de son président Daniel Filâtre, qui précise que « début 2016, le campus doit être intégralement reconstruit ».

Sophie Blitman | Publié le