Boursiers dans les grandes écoles (1) : les prépas ont déjà atteint les 30 %

Frédérique Letourneux Publié le

La révolte gronde parmi les directeurs des grandes écoles. La Conférence des grandes écoles craint que l'Etat n'impose un quota de 30% de boursiers dans leurs établissements. Une mesure qui n'a pour l'instant jamais été évoquée du côté du ministère de l'enseignement supérieur qui se contente de se réjouir de l'augmentation des boursiers en classes prépas, ce qui devrait nécessairement avoir des conséquences sur le bassin de recrutement des grandes écoles.

En septembre 2009, Valérie Pécresse assurait ainsi que 30 % des 42 000 élèves inscrits en première année de prépa étaient boursiers (contre 23 % en 2008). L'objectif fixé par Nicolas Sarkozy en décembre 2008 était donc atteint avec un an d'avance.

Pourquoi les boursiers sont plus nombreux ?

Cette hausse s'explique en grande partie par la réforme des bourses sur critères sociaux qui a été menée en 2008 : le plafond de revenus annuels des familles ouvrant droit à une bourse a ainsi été relevé de 27 000 à 32 440 euros, ce qui a entraîné une augmentation mécanique de nouveaux dossiers éligibles, dont une grande majorité concerne l'échelon zéro qui dispense de frais d'inscription et de sécurité sociale mais n'octroie aucun versement.

Le ministère a aussi mis en place un ensemble de dispositifs pour encourager des lycéens issus de « quartiers populaires » qui auraient tendance à « s'auto-censurer ». C'est l'objectif des « cordées de la réussite » qui consiste à  mettre en réseau des grandes écoles et des lycées : la totalité des 60 lycées implantés dans les 215 quartiers identifiés comme prioritaires dans le cadre du Plan espoir banlieues sont ainsi désormais insérés dans une cordée.

5% d'enfants d'ouvriers en prépas

Mais si certains lycées prestigieux comme Henri IV jouent le jeu en ouvrant par exemple des classes de mise à niveau pour les bons élèves d’établissements situés dans des zones en difficulté, il reste beaucoup à faire pour réellement démocratiser l'accès aux CPGE. Les statistiques parlent d'elles-mêmes : la part des enfants de cadres y dépasse les 45 %, alors que les enfants d'ouvriers ne représentent pas plus de 5 %.  


Frédérique Letourneux | Publié le