Boursiers, quotas et grandes écoles : les internautes s'emparent du débat

Publié le
Boursiers, quotas et grandes écoles : les internautes s'emparent du débat
25787-arobase-monde-03-original.jpg // © 
La polémique sur la démocratisation des grandes écoles et la mise en place de quotas de boursiers a fait réagir les internautes d'Educpros. Voici le commentaire posté par Jacques Fache, professeur de géographie à l’université d’Angers, en réaction à l'interview de Hakim El Karoui . L'enseignant-chercheur souligne un problème capital quelque peu évacué des débats actuels : celui de l'accès des lycéens de milieu modeste à l'information. Pas l'information "tout court", largement accessible, mais l'information "occulte et occultée".

« Le problème soulevé est celui de l'accès des élèves d'origine modeste, qui ne sont pas plus crétins que les autres (du moins je l'espère : j'en ai fait partie) mais qui sont moins informés. Et quand je dis informé, il ne s'agit pas de l'information officielle, disponible partout et très facilement. Il s'agit de l'information occulte qui permet de régler de multiples questions de fond sur l'orientation.

1 - Information sur les prépas.

Elles ne sont pas toutes équivalentes, loin s'en faut. Certaines sont des culs de sacs. Et même à l'intérieur, il faut savoir qui fait quoi. Pour les plus informés, la personne du prof même dans telle prépa est un critère important de choix

2 - Information sur le recrutement.

Pour accéder à ces prépas, il faut sortir non pas avec un bac X ou Y, mais avec un dossier émanant à la fois d'un lycée coté, mais aussi de filières sélectives à l'intérieur même du lycée. Officiellement, tous les élèves font le même programme, dans une logique égalitariste... ce qui est un mensonge éhonté. D'une classe à une autre, on ne fait pas du tout les mêmes choses. Il y a ceux qui préparent le bac, et ceux qui préparent le post-bac. Il y a ceux qui le savent, et les autres.

3 - Information sur les stratégies pour intégrer ces filières internes d'élite.

C'est d'autant plus compliqué que tous les gouvernements ont cassé les filières visibles comme les filières de germanistes-latinistes d'antan. Dès lors, les filières menant à ces prépas deviennent illisibles pour les non initiés... de même que le sens des options proposées aux élèves pour leurs bacs. Maths option maths n'ouvre pas les mêmes prépas que maths option SVT, donc pas les mêmes débouchés à bac+2.

Combien d'enfants d'origine modeste mesurent cela, faute d'avoir des parents qui se soient frottés aux études supérieures ? Comme l'institution tient un discours de type langue de bois sur la réalité de la qualité des filières, en tentant d'accréditer l'idée selon laquelle tout équivaut à tout, les non informés se dirigeront, faute de feuille de route, dans une direction qui les privera peut-être d'une potentialité.

4 - Information en collège sur la réalité de ces filières occultes ou implicites, et sur les moyens d'y parvenir.

J'arrête là en conclue simplement sur l'idée selon laquelle les quotas permettraient aux politiques de faire l'économie des vraies questions, à savoir : pourquoi des personnes qui ne sont pas a priori plus crétines que les autres ne bénéficient pas des mêmes potentialités de débouché ?

La vraie réforme est peut être de commencer par mettre à plat l'information sur la réalité des filières, et de leur sélectivité. L'égalité des chances commence par l'égalité devant l'information implicite et aujourd'hui largement occulte. Là est, me semble-t-il, le véritable enjeu. Les quotas permettront d'avoir un alibi qui permettra par ailleurs au système de perdurer dans sa logique sélective occulte, donc injuste (injuste parce qu'occulte, pas parce que sélective bien sûr). »

Lire aussi le commentaire de Viviane Micaud

« […] Au moins dans les écoles d'ingénieurs, les recrutements parallèles existent, le problème rencontré est que peu de publicité est faite et elles ont moins de candidats ayant le niveau que le nombre de places proposées.

Lire la suite du commentaire de VivianeM en bas de l'article Quotas de boursiers dans les grandes écoles : « Il y aura un concours pour les riches et un pour les pauvres ».

Lire les commentaires des lecteurs postés suite au billet d'Emmanuel Davidenkoff intitulé :
Boursiers, quotas, grandes écoles et seuil de tolérance

| Publié le