Budget 2009 : les universités demandent des précisions

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Budget 2009 : les universités demandent des précisions
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Le budget 2009 des universités est en hausse... Et pourtant, certains présidents ne s'en réjouissent pas. Ils déplorent le manque de détails sur les montants alloués et de transparence sur le nouveau système de répartition des moyens, auquel s'ajoutent des suppressions de postes.

Valérie Pécresse aurait-elle commis un « impair » dans sa maîtrise de la communication envers les universités ? Depuis la négociation de la loi LRU, elle a toujours su préparer le terrain avant toute annonce publique. Et voilà qu’en fin de semaine dernière, le jeudi 11 décembre, à l’issue de la communication de leur budget 2009, plusieurs présidents d’université se sont étranglés d’indignation. Le Conseil d’administration du Havre a refusé d’adopter son budget. A Nantes, il est passé avec une voix d’écart, celle du président. L’objet du courroux ? Un manque de précisions sur ce que recouvre la somme allouée. « Personne ne sait si le plan licence est inclus dans les montants par exemple » explique Yves Lecointe qui préside la commission des moyens et des personnels à la CPU.

Sympas et solidaires ?

Les présidents dénoncent aussi un manque de transparence sur les critères du nouveau système d’allocation des moyens qui succède à San Remo. Il a beau avoir été baptisé Sympa, il est loin justement… de s’attirer la sympathie des présidents. La CPU, qui s’est abstenue de voter le budget lors du CNESER du 15 décembre, souligne dans un communiqué « la date trop tardive de mise en oeuvre opérationnelle de ce modèle l ». Elle demande la constitution d’un groupe de travail, « pour reprendre dès janvier 2009, l’analyse de ce modèle et déterminer les correctifs nécessaires, même fondamentaux, à lui appliquer ».   Du côté du ministère, on joue aussi la carte de l’indignation. « Les universités n’ont jamais eu autant de moyens. Jusqu’en 2007, elles se départageaient entre 6 à 8 millions d’euros par an. En 2008, nous leur avons donné 27 millions, et en 2009, nous leur accordons 117 millions ! » s’irrite Valérie Pécresse, avant de citer, quasiment une à une, chaque université et son budget, et d’ajouter, « mon problème, c’est plutôt de savoir si elles pourront tout dépenser en 2009 ». Le mécontentement des universitaires proviendrait selon la ministre de la solidarité entre universités qu’exige ce nouveau système de répartition des moyens puisque celui-ci prévoit de donner plus d’argent et plus de postes (cf encadré) aux universités les plus dynamiques et qui accueillent le plus d’étudiants. « Il est normal que Lille 2 qui a vu ses effectifs augmenter de 21 % depuis 2005 reçoive davantage de moyens que Paris 6 qui a perdu 1 % d’étudiants sur la même période tout en recevant l’équivalent de 130 postes enseignants l’an dernier » souligne-t-elle, déplorant au passage que les grandes bénéficiaires du successeur de San Remo, c’est-à-dire les universités qui accusaient un retard en termes de moyens, ne fassent pas plus entendre leur voix, comme Lille 2, Lyon 2, Lyon 3, Angers, Paris 7, Bordeaux 2 ou encore Montpellier 1.

Des colonnes de chiffres

Quant aux autres établissements, la ministre pense pouvoir calmer le jeu avec de nouvelles annonces. Comme la répartition des 99 millions d’euros prévu par la loi de finances pour l’effort de mise en sécurité et d’accessibilité handicap. « Pour le Havre, par exemple, ce sont 750 000 euros qui viendront s’ajouter au budget de fonctionnement de 370 000 euros en 2009 » tient à souligner Valérie Pécresse. D’autres chiffres vont encore venir alourdir le porte-monnaie des universités avec la déclinaison, cette semaine, des 730 millions d’euros prévus pour l’enseignement supérieur et la recherche dans le plan de relance de l’économie. Une « générosité » sur les chiffres que les présidents ne peuvent désapprouver mais qu’ils aimeraient sans doute voir s’appliquer aux explications de textes ou plutôt… de tableurs.

Le redéploiement des postes cristallise l’ire des présidents

C’est un fait incontestable : le budget de toutes les universités est en hausse même si les montants semblent insuffisants pour certains au regards des exigences imposées par la loi LRU. Difficile de faire la fine bouche sauf pour ce qui concerne la réduction des postes que les présidents ne digèrent pas. Une réaction qu’en retour, Valérie Pécresse n’avale pas ! « La pire des choses, c’est le système pseudo-égalitariste qui prévalait pour tous. Aujourd’hui, nous demandons aux universités d’être équitables, et plus particulièrement, aux universités les mieux loties de contribuer » explique-t-elle. Plutôt que de parler de suppressions, la ministre distingue deux mouvements : d’un côté, le non-remplacement de 1 fonctionnaire sur 12 qui partira à la retraite (hors postes d’enseignants) - ce qui représente deux emplois par fac – et de l’autre, ce qu’elle appelle le « redéploiement de 150 emplois entre les universités les mieux dotées vers les moins bien dotées » (cf. tableau ci-joint). Cette mesure, au cas par cas, permet à Lyon 3 de gagner 8 emplois ou Lille 2, 15 quand Paris 6 en perd 14. Une logique comptable solidaire à laquelle certains présidents semblent peu sensibles. Les réactions d’Anita Bersellini (Paris 11), Anne Fraïsse (Montpellier 3) ou encore Jean-Pierre Gesson (Poitiers) sont sur le site de Sauvonslarecherche . Ce dernier fait ainsi part de la « profonde déception » et du « découragement » de son équipe et signale que la situation de son université « risque de devenir incontrôlable ». Anne Fraïsse remet en cause « l’intérêt pour Paul-Valéry d’une fusion avec les deux autres universités de Montpellier ».

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