Budget 2011 : l’Éducation nationale reste le ministère le plus ponctionné

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Mauvaise passe pour l’Éducation nationale. Une nouvelle fois, le ministère de Luc Chatel est le plus touché par les coupes franches réalisées dans les dépenses publiques, malgré une augmentation du budget de 1,6 %. Avec le principe du « non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite », ce sont 16.000 suppressions de postes qui sont attendues à la rentrée 2011. Soit un peu plus de 50 % des coupes réalisées dans la fonction publique d'État*. Bonne ou mauvaise nouvelle : ce nombre reste stable par rapport à 2010. Au total, l’addition s’élève à près de 50.000 postes en moins dans l’Éducation nationale depuis 2007. Détails pour 2011.

Mercredi 29 septembre 2010, le ministère a indiqué précisément la répartition des suppressions de postes en 2011 : 8967 postes d’enseignants du premier degré public (dont 5600 de surnombre), 4800 postes enseignants du second degré public, 1633 postes dans l’enseignement privé sous contrat et 600 postes de personnels administratifs.

Des économies au plus près du terrain

En 2010, la réforme de la formation des enseignants avait permis de trouver « facilement » des postes à supprimer : ceux des enseignants stagiaires. Pour 2011-2013, Luc Chatel a demandé aux recteurs d'académie de chercher des « gisements d’efficience », « sans dégrader les performances globales du système éducatif ». C’était en mai 2010. Mercredi, le ministère a confirmé que pour la première fois, le choix des postes supprimés allait être réalisé « au plus près du terrain, académie par académie ».

Où faire des économies ?

Parmi les pistes envisagées figure l’augmentation de la taille des classes dans les écoles et les collèges « qui ne relèvent pas de l'éducation prioritaire ». L’idée est « d’ajuster la taille des classes en dessous d’un nombre raisonnable d’élèves ». « 2100 classes ont moins de 15 élèves, plus de 10 000 en ont moins de 19 alors que la moyenne nationale se situe à 23,5 élèves par division », indique le ministère.

D'autres idées fourmillent pour faire des économies de postes : le retour des enseignants en dehors des classes devant les élèves (mais l’activité des Rased « n’est pas remise en cause »), la suppression des intervenants extérieurs de langues étrangères dans les écoles (l’apprentissage sera confié à 100 % aux professeurs), le regroupement d’établissements, la diminution des décharges des services d’enseignement, la révision de l’organisation de l’offre de formation en lycée (par exemple, en mutualisant certaines options entre différents établissements d’une même agglomération), réduire la scolarisation des enfants âgés de deux ans (sauf dans les écoles de l’éducation prioritaire), l’adaptation du dispositif de remplacement des enseignants absents (par exemple, en organisant leur formation continue en dehors de leurs heures de service) et la rationalisation des moyens en personnels administratifs.

Le lycée général et technologique préservé

Avec 29,435 milliards d’euros de budget en 2011 (sur 60,505 milliards d’euros au total), le second degré public est le mieux loti. À ce niveau, les suppressions de postes concerneront surtout les collèges et le lycée professionnel, rénové. La réforme du lycée général et technologique se fera à moyens constants. Et cela malgré l’instauration du tronc commun de la nouvelle classe de première (60 % des cours). Le ministère a également profité de sa présentation du budget pour présenter ses priorités : la scolarisation des élèves handicapés (324 millions d’euros), le fonctionnement des internats d’excellence (5 millions) et l’orientation des élèves (chiffres non communiqués).

Un budget décidé en dix minutes

Contrairement à d’autres ministères qui ont dû négocier leur budget, tout s’est joué très vite pour l’Éducation nationale. « Les discussions avec Bercy ont duré dix minutes. L’Éducation nationale représente un quart du budget de l’État. Il s’agit de son premier poste de dépenses hors charge de la dette », a rappelé le ministère. Le projet de loi de finances 2011 doit à présent être voté par le Parlement.  


*Le projet de loi de finances 2011 prévoit au total la suppression de 31.638 postes dans la fonction publique d'Etat, contre 33.749 en 2010. Entre 2011 et 2013, 100.000 postes seront supprimés.

Et les autres ministères ?

Le ministère de la Défense « arrive en deuxième position », derrière l’Éducation nationale, avec la perte de 8.250 postes. Viennent ensuite les ministères du Budget et des comptes publics (- 3.127 postes), de l'Intérieur (- 1.595), de l'Écologie (- 1.287), de l'Agriculture (- 650) et du Travail (- 443). Dans ce contexte, l'Enseignement supérieur et la recherche s’en sort bien (pas de suppressions), de même que le ministère de l'Immigration et de l'intégration (idem), de l'Aménagement du territoire (-1), des services du Premier ministre (+ 55 postes) et du ministère de la Justice (+ 400 équivalents temps plein).

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