Budget 2011 : les présidents d’université demandent des explications, et plus de moyens

Sophie Blitman Publié le

Après l’annonce de Valérie Pécresse dévoilant les moyens dévolus aux universités en 2011 , la CPU (Conférence des présidents d’université) a réagi à cette répartition dans un communiqué de presse retraçant les débats tenus lors de son assemblée plénière du 20 janvier 2011.
Il aura néanmoins fallu de longues heures pour finaliser la formulation de cette synthèse, publiée seulement le lendemain de la réunion des présidents. Nul doute que le bureau de Louis Voge l a voulu peaufiner le texte de cette prise de position, la première depuis son élection en décembre 2010 à la tête de la CPU. Outre les nombreuses relectures, la CPU a témoigné de son souci de « réellement retracer les différents points du débat » – ce qui est bien le cas, se réjouit le président de Paris 13 Jean-Loup Salzmann , qui disait la veille craindre de lire un texte « affadi ».

Pour des moyens supplémentaires

La CPU critique tout d’abord la méthode, et se prononce pour un « affichage lisible et complet » des dotations des universités, regrettant de n’avoir été « ni consultée, ni informée, ni associée aux arbitrages » ministériels. Sur le fond, elle demande que les universités aient davantage de moyens. Présidente de l’université de Bourgogne et présidente de la commission des moyens à la CPU, Sophie Béjean fait valoir la « nécessité d’accompagner les universités à un moment où l’on attend beaucoup d’elles, qu’il s’agisse du passage à l’autonomie, de la conduite d’une politique de recherche ambitieuse ou de la mise en œuvre de réformes comme celle de la première année de santé et de la mastérisation ».
La CPU en appelle ainsi « au respect des engagements pris par le Président de la République » : « les investissements d’avenir ne seront porteurs que si les moyens récurrents sont en progression », affirme Sophie Béjean, qui insiste sur l’importance de préserver un « tissu universitaire solide ».

Quels critères de répartition ?

Quant au sujet – sensible – de la répartition des moyens, le ministère assure qu’il a appliqué le modèle Sympa (Système de répartition des moyens à la performance et à l'activité) mais beaucoup restent circonspects car exceptées celles passées aux responsabilités et compétences élargies, les universités connaissent des dotations en hausse soit de 1,5 %, soit de 3 %. « Nous n’avons pas suffisamment d’informations pour savoir de quelle manière Sympa a été appliqué », avance la présidente de la commission des moyens. La CPU estime donc qu’il faut « libérer Sympa ». La Conférence reste ici prudente et parle de « contraintes » budgétaires ayant pesé sur le modèle, qui expliqueraient ces augmentations quasiment identiques pour toutes les universités.

D’autres sont plus directs et s’élèvent contre le fait que ni la performance en matière de recherche ni le nombre d’étudiants n’ont été réellement pris en compte pour calculer les dotations. C’est ce qu’explique le président de l’université Toulouse 1 Bruno Sire : « j’ai une croissance de 8 % de mes effectifs en 2011, des équipes de recherche qui sont passées de B à A+, soit deux critères clés du modèle Sympa, et seulement une augmentation d’environ 2,2 %. Si je ramène au nombre d’étudiants, cela équivaut donc à une réduction de mon budget ». Et de pointer du doigt cette répartition qu’il juge être une « prime à la médiocrité ».


Les universités de recherche dénoncent un « Gosplan »

Plus agressive, la CURIF (Coordination des universités de recherche intensive françaises) a quant à elle dénoncé « l’abandon par le ministère du modèle d’allocation des moyens Sympa sans aucune concertation ». Ironie du sort, ces universités de recherche, qui contestaient le modèle l’année dernière se retrouvent aujourd’hui à le défendre…

« On a été critique, reconnaît Jean-Charles Pomerol , et nous le sommes encore. Mais au moins, Sympa tenait compte des résultats et des effectifs ». Devant les pourcentages uniformes, le président de l’université Pierre-et-Marie-Curie s’indigne de ce qu’il considère comme « du Gosplan à l’état pur ! ».
Cette question des budgets est aussi l’occasion pour les universités de recherche de rappeler leur attachement au critère de la performance, tout en soulignant qu’« entre 2007 et 2011, les grandes universités françaises, celles qui font connaître la science française dans le monde, ne sont pas celles qui ont reçu le plus de moyens ». Une situation jugée « préoccupante » par le président de l’UPMC.

Lire aussi le billet de Pierre Dubois, blogueur EducPros : Le franc-parler de la CPU

Sophie Blitman | Publié le