Campus de Saclay : la gouvernance des opérations remise en jeu

Fabienne Guimont Publié le
Les statuts de la Fondation de coopération scientifique (FCS) rassemblant les 23 établissements du campus de Saclay n’ont pas été adoptés par l’université Paris-Sud. Retour sur les enjeux de cette décision.

Le « chantier présidentiel » du plateau de Saclay n’est décidément pas un long fleuve tranquille, malgré les avancées symboliques (cf. encadré). Mi-octobre, le ministre de la Défense, Hervé Morin, avait posé la première pierre de l’ENSTA ParisTech qui doit s’installer sur le nouveau campus à la rentrée 2012. Quelques semaines avant, le 23 septembre 2010, Nicolas Sarkozy avait fait le déplacement sur les lieux de ce futur « cluster scientifique et technologique » .

Dans son discours à l’Institut d’Optique Graduate School, le président de la République indiquait que : « l’Université de Paris-Sud devra continuer à prendre toute la place éminente qui lui revient dans cet extraordinaire concentration d’intelligence que va désormais incarner Saclay ». Et confirmait la création « d’un pôle biologie pharmacie santé qui s’appuiera sur les équipes de la Faculté de Pharmacie de l’Université Paris-Sud ».

La fondation de coopération scientifique doit gérer les fonds du Grand emprunt

Une condition avait alors été détaillée. « La Fondation de Coopération Scientifique (FCS) réunissant tous les acteurs du projet campus Paris-Saclay verra ses statuts adaptés pour être l’institution garantissant la cohérence des projets scientifiques communs et sera par ailleurs le porteur de projets déposés par ses membres au titre du Grand emprunt ». Un enjeu de taille alors qu’un milliard d’euros sont attendus au titre de ce Grand emprunt auxquels s’ajoutent les intérêts placés des 850 millions d’euros du plan Campus.

La condition mise par Nicolas Sarkozy vient de prendre du plomb dans l’aile. Le 8 novembre 2010, le conseil d’administration de l’université Paris-Sud devait se prononcer sur les nouveaux statuts de cette Fondation de coopération scientifique (FCS) établissant la gouvernance entre les 23 établissements du consortium de l’opération campus. Le conseil n’a finalement pas soumis au vote ces nouveaux statuts devant l’opposition des représentants des étudiants et des personnels. Une commission interne à l’université doit proposer des modifications à ces statuts. Une fois modifiés, les statuts devront à nouveau être approuvés par tous les établissements du consortium... « Si Paris-Sud ne valide pas ces statuts, cela va bloquer le projet de campus en lui-même », explique le chef de cabinet de la présidence de Paris-Sud.

Rififi à l’Etablissement public de Paris-Saclay

Parallèlement, les deux premiers conseils d’administration de l’Etablissement public de Paris-Saclay , l’instance devant coordonner l’opération de cluster (sur les aménagements, les opérations immobilières) en application de la loi sur le Grand Paris, ont été politiquement houleux. Quatre jours avant le conseil d’administration de Paris-Sud, les élus de gauche s’étaient violemment opposés aux représentants de l’Etat pour le peu de cas fait à leur demande de remise à plat du projet tel qu’il est envisagé. La balle n’a pas fini de rebondir.

En savoir plus

Présentation de l’université Paris-Sud du campus plateau de Saclay

Les acteurs du campus Paris-Saclay

Paris-Sud 11, Centrale Paris et Supélec signent un accord de double diplôme

L’université Paris-Sud 11, Centrale Paris et Supélec, trois établissements prestigieux du futur campus de Saclay, signent ce 9 novembre 2010 un accord en vue d’attribuer un double diplôme à des étudiants sélectionnés sur critères académiques après une L2 ou une L3 scientifiques de l’université Paris-Sud 11.

Entre une vingtaine et une quarantaine d’entre eux suivront les deuxième et troisième années du cycle ingénieur de Supélec ou la totalité du cycle ingénieur de Centrale Paris. Ils pourront s’inscrire en parallèle dans un master recherche de Paris-Sud pour obtenir à la fois le diplôme ingénieur et un master.

Ce dispositif se rapproche des procédures d’admissions sur titre déjà existantes. Il permet en plus, aux L2 sélectionnés pour Supélec, de suivre un parcours aménagé comme élève stagiaire dans l’école d’ingénieur avec quelques unités d’enseignement suivies à Paris-Sud pour obtenir une L3. Les étudiants de L3 se destinant à intégrer Centrale auront quelques cours préparatoires dans l’école pour acquérir les pré-requis nécessaires.

Les premiers étudiants devraient débuter ce programme en septembre 2011, avec l’objectif plus lointain de poursuivre leur cursus en doctorat. Cet accord fait valoir la « mobilité des étudiants entre grandes écoles et université » dans le contexte de l’opération « campus Paris-Saclay ».
« Cette formation s’inscrira dans le futur collège des sciences de l’ingénierie et des systèmes qui réunira Paris-Sud, Centrale, Supélec et l’ENS Cachan.

Ce projet est en cours dans le cadre des appels à projets du Grand emprunt », explique Olivier Friedel, directeur des études de Supélec. Ce dispositif de double diplômation ne bénéficie, lui, pour l’instant d’aucune subvention. « On attend des subventions à terme car cela augmente le nombre de nos diplômés », espère le directeur des études de Supélec. 

Fabienne Guimont | Publié le