Campus France : la longue route vers le guichet unique

Mathieu Oui Publié le
Votée par le Parlement le 12 juillet 2010, la création du nouvel EPIC Campus France annonce la mise en place d'un opérateur unique de la mobilité vers la France... pour peu que les décrets d'application soient publiés.

Après plusieurs années de gestation, la création de l’EPIC (Etablissement public à caractère industriel et commercial) Campus France a finalement été adopté par le Parlement, le 12 juillet 2010. Après plusieurs scénarios envisagés (1), il réunit finalement le GIP Campus France , l’associationEgide ainsi que les activités internationales du CNOUS.

Destiné à la promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger et à l’accueil des étrangers, ce nouveau "guichet unique" est placé sous la double tutelle du ministère des Affaires étrangères et de celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Nouvelle configuration à trois partenaires

Depuis juillet 2008 des réunions de travail entre Campus France, Egide et France coopération internationale (FCI qui ne rejoindra finalement pas le nouvel EPIC) préparaient cette fusion."Nous avons commencé à réfléchir sur les fonctions centrales : ressources humaines, finances-comptabilité et les systèmes informatiques" indique Gérard Binder, président du GIP Campus France. "Mais si une part du travail est acquise, la configuration de la fusion a changé : un organisme quitte le projet [FCI] et un autre arrive [CNOUS]."

Un clivage entre étudiants français et étrangers dénoncé par la FAGE

Le rattachement des activités internationales du CNOUS, à la suite d’un amendement du gouvernement, a été critiqué par la FAGE. La fédération d'associations étudiantes dénonce un désossement programmé du CNOUS et un "clivage symbolique" dans l’accompagnement des étudiants, selon qu’ils sont français ou étrangers.

"Il y a nécessité d’un guichet unique pour répondre au parcours du combattant des étudiants étrangers qui souhaitent venir étudier en France", justifie Gérard Binder. Ce dernier estime cependant que la nouvelle structure ne devra pas se couper des établissements adhérents et des étudiants, qui confèrent la légitimité de terrain à l’organisme.

"Le nouvel EPIC devra réinventer un fonctionnement associant clairement les établissements et les étudiants. Cela passe par leur représentation au conseil d’administration mais cela ne sera pas suffisant. Nous sommes avant tout un outil au service des quelques 240 établissements adhérents."

Etre plus compétitif sur le marché mondial de la mobilité

De son côté le directeur général d’Egide, Dominique Henault, se félicite de cette fusion qui était annoncée depuis des années. "Ce regroupement apporte une cohérence bénéfique pour notre action en faveur des étudiants étrangers. Cela va nous permettre d’être plus compétitif dans ce marché mondial de la mobilité étudiante."

Le nouvel EPIC devrait ainsi pouvoir mettre en place de nouveaux services pour mieux attirer et sélectionner les "meilleurs étudiants internationaux" que tous les pays de disputent. "Le modèle d’enseignement supérieur nord-américain a fait des petits : l’Australie ou la Nouvelle-Zélande sont des destinations émergentes qui ont une politique très incisive dans cette concurrence internationale", indique encore Dominique Henault.

Décrets d’application à l’automne, peut-être...

La mise en route de l’EPIC Campus France dépend désormais de la publication de décrets d’application, qui pourraient paraître à l’automne. Seules dates précises pour l'instant : la direction des œuvres universitaires du CNOUS devra rendre un rapport au Parlement pour donner les modalités d’intégration des activités internationales à ce guichet unique d’ici le 1er juin 2011, la loi prévoyant un transfert des activités du CNOUS au 31 décembre 2011 au plus tard.

... pour une mise en route début 2011 ?

L’hypothèse d’une mise en route de l’EPIC début 2011 semble optimiste. Dans l’attente de la publication des décrets d’application, il serait possible de prolonger d’une année l’existence du GIP Campus France, envisage Gérard Binder.

(1) Le premier projet de guichet unique envisagé, l'Agence française de l’expertise et de la mobilité internationale (AFEMI), a finalement été abandonné pour mieux recentrer l’opérateur Campus France sur la seule question des étudiants et non de l’expertise internationale.

Campus France décroche un appel d’offres européen

Campus France vient de remporter un appel d’offres de la Commission européenne pour la promotion des études doctorales dans les pays industrialisés : "PromoDoc". Ce projet a pour objectif d’améliorer l’information et de faciliter l’accès aux études doctorales auprès des étudiants de pays tiers : Canada, Corée, Etats-Unis, Hong Kong, Japon, Singapour et Taiwan.

Des outils de promotion seront développés et des actions d’information, de recrutement et de promotion seront menées dans ces pays cibles : journées d’information, entretiens entre futurs doctorants et écoles doctorales et établissements européens, création d’un « réseau d’ambassadeurs » (anciens doctorants), participation à des salons, etc.

Lancé en décembre 2010, PromoDoc, pour une durée de trois ans et un budget de  500 000 €, sera mis en œuvre par un consortium international mené par CampusFrance et constitué par le DAAD (Allemagne), le Nuffic néerlandais, le British Council, l’Institute of International Education (Etats-Unis) et l’European Council of Doctoral Candidates and Junior Researchers (Eurodoc).

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Mathieu Oui | Publié le