Christian Darantière (AFIJ) : « Actuellement, les entreprises ne parient pas sur l’avenir »

Céline Authemayou Publié le
Christian Darantière (AFIJ) : « Actuellement, les entreprises ne parient pas sur l’avenir »
Christian Darantière AFIJ // ©  DR
Les résultats de la dernière enquête de l’AFIJ (Association pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes diplômés) sont moroses : si 88% des jeunes sondés ont occupé un emploi au cours de l’année écoulée, seuls 50% sont toujours en poste. Christian Darantière, directeur délégué de l’Afij revient sur ces données.

Au regard de votre enquête, la situation des jeunes diplômés se dégrade. 50% d'entre eux occupent un emploi, mais seulement deux tiers sont en CDI. La situation économique semble toucher directement cette population.

C'est un fait, les entreprises embauchent peu. Et lorsqu'elles embauchent, elles ont un large choix de candidats sur le marché. Elles vont donc se tourner prioritairement vers des profils plus expérimentés, qui seront tout de suite opérationnels. Un jeune diplômé requiert une formation, un temps d'adaptation. Et actuellement, les entreprises ne parient pas sur l'avenir ; elles cherchent avant tout à gérer leur quotidien. L'accès à l'emploi est donc plus compliqué pour les jeunes.

Comment aider cette population à trouver un emploi ?

Il faut proposer aux jeunes diplômés des prestations d'accompagnement. Il existe aujourd'hui un grand paradoxe : pendant leurs études, les jeunes travaillent dans un contexte collectif, ils sont accompagnés au quotidien. Une fois diplômés, ils se retrouvent seuls pour chercher un travail, alors qu'ils n'ont jamais appris à le faire. Il y a quelques années, il existait des prestations à destination des jeunes diplômés, à l'image de l'opération « Du diplôme à l'emploi », proposé alors par l'ANPE. Aujourd'hui, plus aucune aide n'est proposée.

Les emplois d'avenir peuvent-ils répondre à ce besoin ?

Si on compare les emplois d'avenir aux emplois jeunes, la démarche est très limitée, que ce soit d'un point de vue quantitatif ou qualitatif. La loi limite le niveau d'études des bénéficiaires. Il existe certes des procédures exceptionnelles pour les diplômés de bac +2 ou bac +3, mais c'est très limité et certains jeunes pourraient finalement se dire : pourquoi faire des études, puisqu'il existe une aide pour les profils non qualifiés ?

Il est urgent d'accompagner les jeunes diplômés dans leur recherche d'emploi. Si le gouvernement veut nous confier ce travail, nous savons le faire ! Il faut mettre en place un accompagnement personnel associé à un accompagnement collectif. Mais cela a évidemment un coût et c'est bien là que ça bloque...

Un jeune diplômé sur deux sans emploi
Selon l'enquête de l'AFIJ, un an après l'obtention de leur diplôme (du bac +2 au doctorat), 50% des jeunes sondés occupent un emploi. Parmi eux, 2/3 sont en CDI ou en contrat à durée déterminée de plus de six mois. Les autres occupent des postes non pérennes (contrats de moins d'un semestre). Un taux en augmentation par rapport aux années précédentes.

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Méthodologie de l'enquête AFIJ
Enquête réalisée fin septembre 2012 à partir d'un échantillon représentatif de 1 016 réponses. L'échantillon est composé de 75% de femmes et de 25% d'hommes. La répartition des jeunes par niveau de diplômé est de : 23% de BTS/DUT, 15% de Licence, 5% de Master 1 (bac+4), 55% de Master 2 (bac+5) et 2% de Docteurs. 80% d'entre eux ont obtenu leur diplôme depuis au moins 1 an (la plupart des diplômes ont été obtenus entre juin et octobre 2011).

Créée il y a quinze ans à l'initiative des organisations, syndicats et mutuelles étudiantes, l'AFIJ (Association pour faciliter l'insertion professionnelle des jeunes diplômés) assure l'interface entre les jeunes diplômés et les recruteurs. L'association compte plus de 50 antennes en France. Son action est soutenue et financée par les pouvoirs publics. Elle propose ses services gratuitement aux étudiants et aux jeunes diplômés.
Céline Authemayou | Publié le