CIUEN 2012 : comment deux universités numériques thématiques ont décroché leur Idefi

Fabienne Guimont Publié le
Sur quels critères les dossiers Idefi (Initiatives d’excellence sur les formations innovantes) ont-ils été sélectionnés ? C’était l’une des questions posées aux porteurs d’Idefi venus présenter leur projet au CIUEN (Colloque international des universités à l’ère du numérique) qui se tenait à Lyon du 16 au 18 avril 2012. Réponses de deux des lauréats : le programme TIL et le projet UTOP, portés chacun par une université numérique thématique (UNT) dont l'ambition est d'aller vers une open university.



Qu’est-ce qui était attendu des projets Idefi dont 37 (sur la centaine déposés) ont finalement obtenu des financements compris entre 1,5 et 10 millions d’euros ? Pour Marcel Spector, porteur du programme TIL, lauréat pour 4,5 millions d’euros, les objectifs avaient été clairement explicités par le ministre de l’Enseignement supérieur. « Laurent Wauquiez nous avait dit que les projets devaient viser des emplois, qu’il fallait introduire une rupture pédagogique et que l’enseignement tout au long de la vie était un élément positif ».

S'ouvrir à de nouveaux publics

Un cocktail appliqué à la lettre par le programme TIL. « A partir de ces besoins exprimés, nous avions une expérience pédagogique - des masters 1 et 2 existants - sur des métiers autour des personnes âgées. Nous avons proposé un programme transversal adapté à la longévité et à l’autonomie porté par l’UNF3S [université numérique francophone des sciences de la santé, du sport], complète Marcel Spector. Ces formations nouvelles ouvertes et à distance permettront à l’université de s’ouvrir aux publics des 40-50 ans alors que cette demande de formation est traitée pour le moment à 90% par des officines privées ou par des universités internationales on line ». La formation continue universitaire ne représente en effet que 6% de l’offre.

Un master "Transinnov géronto" sera proposé avec une pédagogie hybride : modules en ligne et tutorat. Il s’adressera à des médecins, architectes, sociologues, etc. travaillant pour les besoins des seniors (centres de télésanté, aménagements pour personnes âgées…). 

Former des formateurs

Côté rupture pédagogique, les initiateurs du programme veulent reproduire le modèle appliqué au programme mère-enfant lancé par l’Université médicale virtuelle francophone (ancêtre de l’UNF3S) avec la formation de formateurs. « On formera à l’enseignement numérique des infirmières gériatres qui connaissent leur métier. Elles pourront s’appuyer sur des bases de données numériques de cours validés par des professeurs pour dispenser la formation à distance. Cet enseignement reposera ainsi sur trois niveaux : étudiants-professeurs-tuteurs », détaille Albert-Claude Benhamou, directeur de l’UNF3S.

Les étudiants seront inscrits à l’université dans des DU et masters. Avec ce déploiement de formateurs, les initiateurs du projet espèrent en inscrire beaucoup. « Le master gérontologie sociale de l’université de Caen est limité à 50 étudiants. Avec TIL, on va pouvoir l’ouvrir beaucoup plus, voire à inscrire des étudiants à l’international », espère M. Benhamou.

Une université de technologie ouverte 

Pour répondre à la commande ministérielle, les porteurs du projet UTOP, qui s’appuie sur la Fondation UNIT (université numérique ingénierie et technologie), ont reproduit le multi-partenariat qui fonde la construction des ressources de l’université thématique.

« Avec UTOP, nous lançons l’idée d’une université de technologie ouverte pour structurer l’offre de formation à distance peu visible à l’international. En 4 ans, on souhaite mettre en place 10% des contenus de cette université pour en faire un démonstrateur. Les premières formations à distance lancées seront dans la géomatique, l’informatique-robotique et la reconversion dans les métiers de la montagne », explique Gilbert Touzot, porteur d’UTOP. Le projet à été récompensé pour 5 millions d’euros.

La première pierre d'une open university à la française ?

« Si l'opération TIL fonctionne avec la gériatrie, ce peut être la première marche d’une open university à la française. Avec les autres UNT [universités numériques thématiques], nous avons l’ambition de créer une open university qui reprenne la formation tout au long de la vie au privé » ambitionne Marcel Spector.

UTOP se place aussi dans la perspective d'une open university, en réfléchissant déjà au modèle possible. « Les open university à l’anglaise délivrent des diplômes très chers et se positionnent en concurrence vis-à-vis des universités existantes. Les UNT se sont constituées en laissant aux universités les droits régaliens des inscriptions et de la diplômation. S’il doit y avoir une université ouverte en France, cela doit se faire en fédérant ce que font les universités existantes », prône Gilbert Touzot. Pas en concurrence.   
 

Fabienne Guimont | Publié le