Classement de Shanghai 2024 : l'université Paris-Saclay se rapproche du Top 10

Charlotte Mauger Publié le
Classement de Shanghai 2024 : l'université Paris-Saclay se rapproche du Top 10
L'université Paris-Saclay se classe à la 12 e place du classement de Shangai 2024. // ©  Xavier POPY/REA
Comme chaque année, le 15 août, le classement Shanghai a été publié. Les universités françaises déjà présentes dans le top 100 progressent toutes. Les établissements américains et britanniques restent omniprésents en haut du classement.

Le classement de Shanghai des meilleures universités mondiales a été publié le 15 août. Paris-Saclay progresse encore cette année et vient se hisser à la 12e place, ex-aequo avec l'université Cornell.

C’est la première fois qu’une université française se place si haut dans le classement.

Moins d’universités françaises mais de meilleurs scores

Paris-Saclay approche ainsi le top 10 des universités mondiales de ce classement, constitué des universités britanniques et étasuniennes les plus connues (Harvard, Stanford, MIT, Cambridge pour le quatuor de tête).

"Son classement est très bon et si elle continue de progresser ce serait exceptionnel. Mais il faut rappeler que l’université Paris-Saclay n’est pas représentative de l’université française, de sa taille et de ses moyens", précise Nora Nafaa, chercheuse au CNRS à Aix-Marseille Université et spécialiste des questions de géographie de l’éducation.

Outre Paris-Saclay, trois autres universités poursuivent leur montée dans le top 100 du classement : PSL (33e, +8 places), Sorbonne Université (41e, +5 places) et Paris Cité (60e, +9 places).

"La progression des universités françaises dans le classement de Shanghai est une excellente nouvelle. Elle témoigne, cette année encore, de la reconnaissance internationale de l’écosystème français d’enseignement supérieur et de recherche", salue Campus France.

Au total, 25 universités françaises se sont distinguées dans le classement, contre 27 en 2023 (Montpellier Business School et l’École des hautes études en sciences sociales ne sont pas dans le classement cette année).

Les universités françaises dans le classement de Shanghai 2024

Etablissement

Rang national en 2024

Rang dans le classement en 2024

Rang dans le classement en 2023

Evolution

Université Paris-Saclay

1

12

15

Montée de 3 places

Université PSL

2

33

41

Montée de 8 places

Université Sorbonne

3

41

46

Montée de 5 places

Université Paris-Cité

4

60

69

Montée de 9 places

Aix Marseille Université

5-7

101-150

151-200

Montée d’un palier

Université Grenoble Alpes

5-7

101-150

101-150

Même palier

Université de Strasbourg

5-7

101-150

151-200

Montée d’un palier

Université de Montpellier

8

151-200

151-200

Même palier

Université Claude Bernard Lyon 1

9-11

201-300

201-300

Même palier

Université de Bordeaux

9-11

201-300

201-300

Même palier

Université de Lorraine

9-11

201-300

201-300

Même palier

Ecole Normale Supérieure de Lyon

12-16

301-400

201-300

Descente d’un palier

Institut Polytechnique de Paris

12-16

301-400

301-400

Même palier

Université Paul Sabatier (Toulouse 3)

12-16

301-400

301-400

Même palier

Université Toulouse Capitole

12-16

301-400

301-400

Même palier

Université de Lille

12-16

301-400

301-400

Même palier

Université de Côte d’Azur

17-18

401-500

401-500

Même palier

Université de Rennes

17-18

401-500

401-500

Même palier

Nantes Université

19

501-600

701-800

Montée de deux paliers

Université de Clermont Auvergne

20

601-700

601-700

Même palier

Université de Créteil Paris Est

21

701-800

801-900

Montée d’un palier

INSA Toulouse

22-24

801-900

701-800

Descente d’un palier

Université de Bourgogne

22-24

801-900

701-800

Descente d’un palier

Université de Savoie Mont Blanc

22-24

801-900

801-900

Même palier

Université de Poitiers

25

901-1000

901-1000

Même palier

Une réussite attribuée aux regroupements d’universités

Les regroupements d’universités en France semblent avoir porté leurs fruits pour progresser dans ce classement renommé. "Le classement de Shanghai confirme le succès des nouveaux modèles d’universités françaises en leur offrant une reconnaissance internationale, avec 12 des 16 établissements issus de la politique de regroupement de 2018 classés", précise Campus France.

C’est le cas de Paris-Saclay, mais aussi d’Aix-Marseille Université, qui cette année se place sur le palier des 101 à 150 meilleurs établissements - elle était dans les 151 à 200 meilleurs en 2023. "Longtemps, il était impossible de comparer les établissements français aux universités américaines en termes d’effectifs, d’étudiants et de personnels. Mais les fusions rassemblent les résultats des anciens établissements. Ainsi, le nombre de lauréats du prix Nobel ou le nombre de publications dans des revues comptabilisées sont plus nombreux", pointe Nora Nafaa.

Autre fait notable pour les établissements français, Nantes Université est la seule à évoluer de deux paliers. Elle est désormais dans les 501 à 600 meilleures. Elle était dans les 701 et 800 l’année dernière.

Les universités d'Amérique du Nord indétrônables même si la Chine progresse

La tendance du classement reste cependant la même que les années passées avec une hégémonie britannico-américaine dans le top 50. Chaque année, les dix mêmes universités décrochent les dix meilleures notes.

Or cette dominance anglophone s’explique. Les critères de notation du classement favorisent les recherches faites en anglais, car seules des revues scientifiques dans cette langue sont prises en compte. De plus, leurs moyens pour attirer des talents sont plus importants (salaires, équipements…), ce qui augmente la part de celles et ceux susceptibles de gagner des prix qui vont aller vers ces établissements. "Et puis, la plupart sont d’importante envergure en termes de personnels", ajoute Nora Nafaa.

Il faut rappeler que par sa création même, le classement favorise les universités américaines, puisqu’il a vu le jour en Chine dans l’université Jiao-tong de Shanghai dans le but d'identifier les écarts de performance entre elle et les meilleures universités mondiales, afin qu’elle s’inspire de leurs modèles.

Et l’idée semble avoir porté ses fruits, puisque la Chine ne cesse de progresser dans le classement. Douze universités chinoises sur les treize dans le top 100 du classement sont en progression et l’autre - celle de Tsinghua, la meilleure en Chine - se maintient à la 22e place. Pour la deuxième année, la Chine compte plus d’établissements dans le classement que les États-Unis.

Un classement chaque année toujours plus remis en cause

Mais le classement de Shangai est de plus en plus questionné. En effet, il ne prend pas en compte le contexte culturel et de la recherche du pays. "Le score d’une université dépend beaucoup de la façon dont la recherche est faite dans le pays", pointe Nora Nafaa.

Par ailleurs, le classement favorise les sciences fondamentales et expérimentales, au détriment des sciences humaines et sociales, de l’économie et du droit par exemple. En effet, les revues qui comptent sont des revues scientifiques. Les publications des autres disciplines ne sont pas toujours en anglais, ce qui limite également les citations des articles.

En conséquence, le classement présente très peu de diversité dans les pays représentés. "Il y a des continents entiers inexistants dans le classement, comme l'Amérique du Sud ou l’Afrique", pointe-t-elle.

Certaines universités françaises ne communiquent pas sur leurs performances dans le classement et/ou mettent en lumière les limites. "Il n’est pas un outil de pilotage pour les universités, qui doivent évaluer leur recherche de manière plus complète et pertinente en prenant en compte une large diversité de disciplines et de langues de diffusion", pointe Nathalie Drach-Temam, présidente de l'université Paris-Sorbonne, sur LinkedIn.

Reste qu’il est un outil de communication et qu’il compte pour la reconnaissance des établissements à l’international et pour attirer des talents. "Il valorise le modèle de service public des universités françaises et soutient la mission de Campus France, qui promeut l’enseignement supérieur français à l’étranger pour attirer des étudiants et des chercheurs internationaux de haut niveau", explique Campus France.

Comment les notes sont-elles calculées pour le classement de Shanghai ?

Le classement de Shanghai prend en compte six critères pour attribuer une note aux établissements :

  1. Le nombre d’alumni qui décrochent des prix Nobel et Médailles Fields (10% de la note)

  2. Le nombre d’enseignants-chercheurs prix Nobel et Médailles Fields (20%)

  3. Le nombre de chercheurs fréquemment cités (20%)

  4. le nombre d’articles publiés dans les revues Nature et Science (20%)

  5. Le nombre d’articles indexés dans des indices de citation (Science Citation Index-Expanded et Social Science Citation Index) (20%)

  6. La performance académique per capita en reprenant les 5 critères divisés par le nombre d’enseignants-chercheurs permanents (10%)

Charlotte Mauger | Publié le