Classes prépas à l’université : les expériences se multiplient

Fabienne Guimont Publié le
Classes prépas à l’université : les expériences se multiplient
Elève de prépa au tableau // DR // © 
Ouvrir des classes prépas à l’université ? L’idée développée dans le rapport Philip (Quels partenariats construire entre universités et grandes écoles ?), et reprise par Valérie Pécresse, n’est pas neuve en soi. Mais ces dispositifs ont été remis sur le devant de la scène avec l’ouverture, à la rentrée 2009, de prépas à l’université de Corte et à l’université de Bretagne Sud (UBS). Un instrument aux mains des universités pour diversifier les profils de leurs étudiants ou redorer le blason des licences, et qui relance également le débat sur la démocratisation de l’enseignement supérieur.

Les classes prépas installées dans les murs des universités ne sont pas inédites. En témoignent des précurseurs comme les douze écoles du réseau Polytech (Clermon-Ferrand, Grenoble, Lille, Marseille, Montpellier, Nantes, Nice, Orléans, UPMC, Savoie, Tours et Paris Sud). Toutes ont ouvert des parcours, inspirés des classes prépas, dans leur université de rattachement (voir encadré).

Autre formule : des parcours aménagés de licence biologie existent aussi pour préparer les concours des écoles d’agronomie, des écoles vétérinaires ou de certaines écoles d’ingénieurs. A l’université de Haute-Alsace, un cycle préparatoire scientifique débouche sur les concours communs polytechniques ou sur les concours des écoles de chimie (Gay-Lussac) et fonctionne depuis quinze ans.

Nouvelle venue dans ce cercle d’universités à prépas, Corte a ouvert à la rentrée 2009 sa classe prépa intégrée pour une vingtaine d’étudiants. Elle est adossée à la licence de sciences fondamentales appliquées et prépare aux concours d’admission parallèle des écoles d’ingénieurs.

L’UBS inaugure une prépa débouchant sur les écoles de commerce

Si ces voies d’excellence, sélectives, au sein des universités ont cours depuis longtemps pour préparer l’entrée des grandes écoles scientifiques, les classes prépas permettant d’entrer dans les écoles de commerce sont des perles rares. A la rentrée 2009, l’université de Bretagne Sud (UBS) a ouvert deux classes prépas, prioritairement destinées aux bacheliers STG mention bien, et ES. Le projet, lancé en même temps que les annonces de Valérie Pécresse de janvier 2009 est original à double titre. Doublant les critiques de concurrence avec les classes prépas aux grandes écoles des lycées, le projet breton s’appuie sur le partenariat avec deux lycées (Dupuy de Lome à Lorient et Charles de Gaulle à Vannes). Ensuite, c’est une des premières prépas universitaires débouchant sur l’entrée dans les écoles de commerce (concours Tremplin, Passerelle et ENS Cachan).

Vingt dossiers de lycéens bretons sur une cinquantaine reçus via les classes prépas proposées sur le portail admission post-bac ont été sélectionnés par une commission mixte lycée-université. Les neuf étudiants de la classe prépa sur le site de Lorient (option international) sont également inscrits en licence LEA (langues étrangères appliquées) et les onze étudiants de la classe prépa de Vannes (option sciences éco) sont inscrits en licence de sciences économiques. A la fin du premier semestre, ces classes prépa accueilleront d'autres étudiants de licence pour compter au final une cinquantaine d’étudiants. Au programme : 12 heures de cours de licence dispensés par des universitaires, et 12 heures d’enseignements fondamentaux donnés par des enseignants de la CPGE du lycée partenaire. Plus des « colles ».

Attirer des étudiants à la fac en offrant une voie sélective

« Certains étudiants ont l’impression que s’ils ne sont pas en CPGE après le bac, ils ont raté leurs études. Nous voulons redonner du sens, de l’attractivité au niveau licence pour les bacheliers technologiques inscrits par défaut à l’université. On veut leur dire qu’il est possible de reprendre une filière sélective en étant à l’université », explique Eric Martin, président de l’UBS. Ce modèle de partenariat entre l'université et un lycée est à suivre pour l’entourage de la ministre.

L'idée n'est pas neuve mais pourrait faire son chemin. La Conférence des présidents d’université va sortir avant la fin de l’année un guide de bonnes pratiques en matière de classes prépas scientifiques ou tertiaires à l’université.

« Nous encourageons des cycles prépas intégrés aux licences. Pour l’université, cela permet d’alimenter le recrutement des écoles internes, des filières scientifiques, et d’offrir des débouchés supplémentaires aux étudiants de licence. Le corps enseignants doit préférablement être mixte entre les enseignants de l’université, de lycée et d’écoles internes », suggère Alain Brillard, président de l’UHA et chargé à la CPU d’une mission sur les classes prépas universitaires. « Les forts en thème viseront toujours Polytechnique. Mais les étudiants qui n’ont pas de projet d’études très mûri et qui découvrent lors de leur projet personnel étudiant (PPE) au premier semestre de licence qu’ils souhaitent aller dans une école d’ingénieurs pourraient trouver dans ces prépas un parcours adapté ».  

L'université de Cergy-Pontoise a aussi ouvert une classe prépa spécialisée en PCSI (physique chimie et sciences de l'ingénieur) avec le lycée Jean-Jaurès d'Argenteuil. Les cours ont lieu trois jours par semaine au lycée et deux jours à l'université sur le site de Neuville-sur-Oise. Une vingtaine d'élèves ont été sélectionnés sur leurs résultats scolaires et sur recommandations de leurs professeurs de terminale.

De nouvelles classes prépas sont aussi en projet à Grenoble 2, Paris 13, Amiens et Limoges, Bordeaux 1, Reims, selon la CPU. Jusqu'alors confidentielles, les prépas à l'université pourraient connaître un nouvel élan. Reste à savoir dans quelles proportions et quelles relations elles entretiendront - ou pas - avec les prestigieuses CPGE.


Les Polytech recrutent de plus en plus sur les prépas des universités

Une vingtaine de parcours de licences scientifiques (biologie, mathématiques, électronique…) baptisées PeiP - pour Parcours des écoles d’ingénieurs Polytech – sont renforcés avec des enseignements, des modules complémentaires associant « sciences fondamentales, technologies et formation générale ». Du tutorat est également souvent proposé ainsi qu’une ouverture sur le monde industriel (connaissance de l'entreprise, interventions de professionnels, stages en France ou à l'étranger).

Ces parcours recrutent un millier de bacheliers S sur dossier, entretien et depuis l’an dernier y sont ajoutées des épreuves écrites. Une fois leurs deux années de PeiP validées, ils accèdent, de droit, au cycle ingénieur des écoles du réseau Polytech. Les 400 étudiants de L2 et les 600 de DUT recrutés par ces écoles sont sélectionnés, à ce niveau, sur dossier et entretien. « Ce vivier de L2 se réduit de plus en plus et nous élargissons progressivement le recrutement des étudiants des PeiP », indique le réseau des Polytech.

Fabienne Guimont | Publié le