
Alors que la houle souffle depuis plusieurs mois sur les établissements d'enseignement supérieur français, portée par le dossier sensible des Comue (Communautés d'universités et d'établissements), le colloque annuel de la CTI, qui se tenait en terres grenobloises, s'est ouvert sur les mots rassurants de son président. "La loi de juillet 2013 a confirmé la place de la Commission en tant que gardienne de la qualité des écoles d'ingénieurs", a affirmé Philippe Massé, avant de revenir sur les nouveautés mises en place par l'organisme dans les prochains mois.
"coup de jeune" pour le référentiel
Dès 2014, les écoles d'ingénieurs pourront s'appuyer sur un nouveau référentiel. Le document, édité tous les deux à trois ans détermine les standards à mettre en place par les établissements pour voir leurs formations habilitées par la CTI. Si les détails du texte n'ont pas été évoqués, Philippe Massé assure que le référentiel devrait prendre un "sacré coup de jeune et ne s'en tiendra pas à quelques injections de botox !".
Pour rappel, la dernière version du document avait notamment revu les exigences de la CTI en matière d'internationalisation de la formation et d'attribution des doubles diplômes.
Données certifiées : "rendez-vous en juin 2014"
L'an passé, la Commission avait lancé une grande opération de récolte de données auprès des écoles. Des données rendues publiques et publiées sur le site de la CTI à l'automne 2013. Si la démarche n'était pas obligatoire l'an dernier, tous les établissements ont répondu à l'appel. "Nous n'y croyions pas, vous l'avez fait", se satisfait le président de la Commission.
Grâce à cette récolte, la CTI a pu tirer des premières tendances : 34.823 diplômés en France en 2013, 75% d'hommes parmi les effectifs et un nombre d'apprentis à la hausse, avec 3.339 élèves.
En mars 2014, la Commission lancera d'ailleurs une grande enquête dédiée à l'apprentissage, pour faire un état des lieux précis de la situation. La récolte 2014 des données certifiées se tiendra en juin et s'ouvrira cette année aux établissements étrangers habilités par la CTI.
CTI et AERES : passage au concret
Le sujet était dans les cartons depuis plusieurs mois, il devient opérationnel dès cette année : les écoles d'ingénieurs seront désormais habilitées par la CTI pour une période maximale de cinq ans, au lieu de six années jusqu'à présent. Cette mesure s'accompagne de l'entrée en vigueur de la coopération CTI-AERES (future HCERES) qui était elle aussi évoquée depuis... 2008 !
Durant l'année 2013-2014, 14 écoles (dont AgroParisTech, Centrale-Supélec ou encore Arts et Métiers ParisTech) ont été évaluées par l'AERES après avoir été accréditées par la CTI. Cette première base d'expérimentation doit permettre à ce modèle d'organisation de se développer. Ainsi, pour les écoles qui doivent être habilitées cette année par la CTI et par l'AERES (académies de Lyon et de Grenoble), un seul et même dossier pourra être fourni aux deux organismes. Si la simplification des démarches fait consensus auprès des établissements, restent encore beaucoup de "détails" à régler, comme le calage des calendriers géographiques, qui sont aujourd'hui bien différents entre CTI et AERES.
Des filières de formation continue pourront être lancées sans dépôt de dossier préalable auprès de la CTI
Vers l'harmonisation des noms de spécialités
Aux côtés de ce grand chantier, d'autres points plus précis ont été rappelés par Philippe Massé : désormais, le label EUR-ACE pourra être délivré quelle que soit la durée d'habilitation. Auparavant, seules les écoles obtenant six années pouvaient obtenir le label. En revanche, les établissements obtenant une durée restreinte d'habilitation ne décrocheront pas EUR-ACE.
Du côté de la création de filières en formation continue, une nouveauté est instaurée. Nouveauté qui devrait permettre aux écoles de gagner du temps : les filières pourront être lancées sans dépôt de dossier préalable auprès de la CTI. Cette dernière étudiera le dossier après-coup. Idem pour la création de contrat de professionnalisation en dernière année du cursus ingénieurs.
Enfin, la CTI entend harmoniser la liste des spécialités proposées par les établissements. Un groupe de travail va être mis en place avec la CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs), IESF (Ingénieurs et scientifiques de France) et la DGESIP (Direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle) : une liste devrait être proposée aux écoles. Le but ? "Avoir des intitulés pérennes et qui ne vieillissent pas", conclut Philippe Massé.
Présent lors du colloque le 11 février 2014, Jean-Michel Jolion, chef du service de la stratégie de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle à la DGESIP est revenu sur le dossier sensible des Comue (communautés d’universités et d’établissements).
"Il n'y a aucune raison a priori de refuser un établissement qui voudrait s’impliquer dans la Comue, a-t-il précisé. Le but de ces communautés est d’avoir un interlocuteur unique avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il est indispensable qu’une véritable synergie se mette en place, pour qu’un projet collectif puisse être porté par la communauté."
Les établissements ont jusqu’au 22 juillet 2014 pour adopter leurs statuts.