Comment lutter contre l’homophobie en milieu scolaire et universitaire

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Comment lutter contre l’homophobie en milieu scolaire et universitaire
Sortie aux Iles du Frioul // © 
Le 17 mai a lieu la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie. Des associations mènent toute l’année des actions de prévention contre cette discrimination en milieu scolaire et universitaire. Une sensibilisation qu’elles jugent encore bien insuffisante au regard des besoins d’information des élèves et de formation des adultes.

«Les associations constatent et dénoncent le manque d’information des élèves, de formation des adultes et de manière générale l’invisibilité de l’homosexualité, passée sous silence dans le cadre scolaire», observe un rapport coordonné par Anne Rebeyrol, chef de la mission prévention des discriminations et égalité filles-garçons à la DGESCO (Direction générale de l’enseignement scolaire). Toujours selon ce même rapport, «les associations relèvent ce paradoxe que les homosexuels ont acquis une certaine visibilité sociale, mais que, pour autant, le champ de la lutte contre l’homophobie doit encore être investi, en particulier par l’école.» Elles sont toutefois de plus en plus nombreuses à intervenir en milieu scolaire.

SOS homophobie a sensibilisé près de 3.000 collégiens et lycéens


Agréée depuis septembre 2009 par le ministère de l'Éducation nationale au titre des associations éducatives complémentaires de l'enseignement public (lire l’encadré ci-dessous), SOS homophobie est intervenue auprès de 7.001 collégiens et lycéens de quinze académies pendant l’année scolaire 2010-2011 (lire le rapport sur l’homophobie 2012 publié le 14 mai 2012 par SOS Homophobie). «C’est deux fois plus que l’année précédente, mais cela reste insuffisant au regard des 5,7 millions de collégiens, lycéens en séries générales, technologiques ou professionnelles et apprentis», tempère Michaël Bouvard, membre de l’association, qui intervient également lorsqu’une université ou une grande école la sollicite.

Pour en finir avec les «folles» et les «camionneuses»


Lors de ses interventions en lycée dans l’académie de Montpellier notamment, l’association commence par déconstruire les stéréotypes du gay forcément «efféminé» et «peu viril», et de la lesbienne «camionneuse» et «masculine». «Certains considèrent que le gay est passé du côté du féminin, c’est-à-dire du sexe faible, du dominé…» illustre Frédéric Gal, délégué général de l’association Le Refuge. «Le mâle dominant, macho, a une vision inégalitaire des sexes. Il perçoit le gay comme un dominé qui a trahi son clan en se féminisant», renchérit Michaël Bouvard. La lutte contre l’homophobie rejoint donc la lutte contre le sexisme et le travail sur les stéréotypes sexués.

Homophobie et sexisme : même combat

L’homophobie ne touche d’ailleurs pas seulement les jeunes homosexuels. Elle peut être dirigée contre des hétérosexuels qui n’entrent pas forcément dans les cases, dans un monde où les frontières entre le rose et le bleu sont encore souvent imperméables. «Je me souviens d’un garçon hétéro, qui se faisait traité de pédé parce qu’il avait un look métrosexuel, jean serré, col en V», relate Kévin Thiolon, chargé de mission et de développement au Refuge. L’intérêt du travail des associations de lutte contre l’homophobie dépasse donc largement la question de l’orientation sexuelle. Essentiel, quand on sait que les stéréotypes sexistes peuvent largement influer sur les choix d’orientation.
 



Un risque de suicide accru chez les jeunes homos

«L’homophobie se manifeste d’abord par des injures (comme pédé, tapette, enculé, gouine) fréquentes dans les cours de récréation et au sein de groupes de jeunes», relève une publication de l’INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) intitulée Les Minorités sexuelles face au risque suicidaire. Des insultes qui, au quotidien, peuvent devenir la base d’un véritable harcèlement conduisant à la dépression, voire au suicide.
Il faut savoir qu’un surrisque suicidaire existe chez les jeunes gens homosexuels, lequel est plus important chez les hommes que chez les femmes. Ce surrisque est à mettre sur le compte des violences psychologiques et physiques qu’ils subissent et parfois même du rejet dont sont victimes les jeunes gays et lesbiennes lorsque leurs parents les mettent à la porte après l’annonce de leur orientation sexuelle.

L’association Le Refuge a été créée en 2003 pour offrir un hébergement temporaire et un accompagnement social et psychologique à de jeunes majeurs victimes d’homophobie et en rupture familiale.
Elle dispose de 27 places en appartements-relais (10 à Montpellier, 13 à Paris, 2 à Lyon et 2 à Marseille). En 2011, Le Refuge a reçu 479 demandes d’admission. Rien d’étonnant à ce que les associations reçoivent régulièrement des appels de jeunes qui envisagent de mettre fin à leurs jours. Et la majorité des tentatives de suicide surviennent au cours de l’adolescence.

>Contacter Le Refuge .

Un agrément national accordé à trois associations luttant contre l’homophobie

➢    Contact : www.asso-contact.org
Regroupement d'associations départementales ayant pour objectifs d'aider les familles et leurs amis à comprendre et à accepter l'orientation sexuelle de leurs proches ; d'aider les lesbiennes, gays, biseuxel(le)s, et en particulier les jeunes, à communiquer avec leurs parents ou leur entourage, en les aidant à assumer leur orientation sexuelle ; de lutter contre les discriminations, notamment celles dont peuvent être victimes les homosexuel(le)s, les bisexuel(le)s, ou les personnes considérées comme telles.

➢    Estim' : www.estim-asso.org
Estim’ intervient auprès des jeunes pour les aider à mieux vivre et à assumer leur sexualité, leurs différences et à accepter celles des autres. L'association dispense des formations auprès des adultes : parents, professionnels de l’enseignement et du secteur sanitaire et social.

➢    SOS homophobie : www.sos-homophobie.org
Lutte contre l'homophobie grâce à une ligne d'écoute téléphonique anonyme (0810.108.135 ou 01.48.06.42.41) et en sensibilisant l'opinion et les pouvoirs publics. L’association intervient sur demande dans les collèges et les lycées.

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