Covid-19 : les établissements du supérieur mobilisés pour maintenir la continuité pédagogique

Dahvia Ouadia Publié le
Covid-19 : les établissements du supérieur mobilisés pour maintenir la continuité pédagogique
Les amphithéâtres et salles de cours vont rester vides pendant plusieurs semaines mais l'enseignement ne s'arrête pas pour autant. // ©  plainpicture/André Schuster
Après les annonces d'Emmanuel Macron pour répondre à l'épidémie de coronavirus, l'enseignement supérieur se mobilise pour faire face aux fermetures d'établissements. Frédérique Vidal annonce un ensemble de mesures, dont la continuité pédagogique grâce à l'enseignement à distance et le maintien des concours et examens.

Les mesures pour éviter la propagation du Covid-19 continuent d’affluer. Pour l’enseignement supérieur, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal annonce la fermeture aux étudiants des établissements du supérieur "pour une durée minimum de deux semaines", lors d’un point presse organisé le vendredi 13 mars. Ces annonces s’inscrivent dans la continuité de l’allocution d’Emmanuel Macron du 12 mars qui annonçait notamment la fermeture des crèches, écoles, les collèges, les lycées, CFA et universités jusqu’à nouvel ordre à compter de lundi 16 mars.

"Cette mesure concerne l’ensemble des établissements du supérieur, public comme privé, CPGE, BTS et toutes les formations post-bac sous statut scolaire", précise la ministre.

Assurer la continuité pédagogique à distance

Le mot d’ordre de la ministre : assurer la continuité pédagogique. "J’ai reçu les organisations syndicales, les conférences (Cdefi, CGE, CPU). Nous avons abordé les sujets pour se mettre en ordre de marche afin d’assurer la continuité pédagogique. Si les activités de formation sont interrompues en présentiel, les établissements restent ouverts pour maintenir la capacité de formation mais aussi pour que ceux qui accueillent les activités de recherche puissent continuer dans les circonstances particulières de l’épidémie."

Les établissements du supérieur sont mobilisés pour proposer des modalités de poursuite d’études à distance, notamment via la plateforme FUN qui "donne accès à l’ensemble des contenus" et celle des universités numériques thématiques. FUN offrira aussi la possibilité d'avoir des classes virtuelles aux établissements.

La ministre considère par ailleurs que l’ouverture des campus connectés est un "atout précieux pour prendre en charge et mettre à disposition des établissements des formations construites pour être diffusées à distance."

L’ensemble des enseignants et enseignants-chercheurs sont aussi mobilisés pour produire des contenus qui seront à disposition de l’ensemble de la communauté.

Des points de vigilance

Pour les acteurs de l’enseignement supérieur, ces mesures sont rassurantes. Frank Loureiro, secrétaire général adjoint du Sgen-CFDT, la réouverture de FUN est une bonne décision : "Cette plateforme a déjà fonctionné avec des millions de connexions". Mais il s’inquiète néanmoins pour les étudiants qui "n’ont pas forcément le matériel informatique adapté, ou qui ont plus de mal à maîtriser les outils numériques."

Nous ne rentrons pas dans une logique de parenthèse où tout s'arrête, nous allons continuer à former les étudiants. (J. Fayolle)

Philippe Aubry, secrétaire général adjoint du Snesup, pointe aussi le fait que cette plateforme n’est pas utilisée par toutes les universités : "Certaines ont de l’expérience, d’autres pas. Il faut mettre les choses à la même échelle mais rien n’est organisé. Tous les établissements ne peuvent pas passer du présentiel à distance du jour au lendemain".

Par ailleurs, d'autres pointent des difficultés pour certains établissements. Pour Laurent Champaney, vice-président de la CGE et DG d’Arts et Métiers Sciences et Technologies, tous les établissements ne font pas face aux mêmes difficultés en matière de travail à distance : "la plupart des écoles peuvent mettre à disposition des documents et des exercices à distance mais nous n’avons pas tous les moyens pour faire de la pédagogie à distance. Tous les cours ne sont pas enregistrés et nous avons du retard en France sur les interactions directes avec nos étudiants à distance."

La question des travaux pratiques est aussi en suspens : "par quelle activité allons-nous remplacer les TP ?", s’interroge le DG.

Pour Jacques Fayolle, président de la Cdefi, et directeur général de Télécom Saint-Etienne, les écoles d’ingénieurs sont en "situation de continuer l’ensemble de leurs processus dès lundi. Nous ne rentrons pas dans une logique de parenthèse où tout s’arrête, nous allons continuer à former les étudiants. Chaque établissement va apporter des solutions différentes et mobiliser les pédagogies numériques. Différentes idées sont en train de circuler."

Les examens et concours

La ministre assure aussi que les parcours académiques "ne seront pas perturbés et les étudiants pourront aller au bout de leur parcours" : "nous prenons toutes les mesures pour garantir que les étudiants ne seront pas pénalisés, notamment en réfléchissant au contrôle de connaissances."

Concernant les concours, Frédérique Vidal estime qu’ils doivent être maintenus mais qu’il faut considérer les conditions matérielles notamment pour les concours post-prépa, la Paces, etc. Notamment en respectant un espacement entre les candidats. Mêmes mesures pour le recrutement de la fonction publique.

La ministre demande aux établissements de renoncer aux concours et de basculer vers un examen des dossiers dans le respect du calendrier Parcoursup.

Laurent Champaney se dit favorable au maintien des épreuves écrites pour les concours post-CPGE car "il n’y a pas de dossier". La CGE se mobilise pour réfléchir aux solutions pour respecter les espacements entre les candidats. Il note un point de vigilance sur les surveillances qui sont d’habitude faites par des personnes à la retraite et donc potentiellement fragiles.

Pour les établissements post-bac, en revanche, la ministre demande aux établissements de renoncer aux concours et de basculer vers un examen des dossiers dans le respect du calendrier Parcoursup pour pouvoir assurer l’entrée des étudiants dans le supérieur.

Une fois encore Laurent Champaney se dit rassuré. "Nous sommes d’accord pour privilégier le respect du calendrier Parcoursup. Recruter sur dossier nous semble facilement faisable. "


Les résidences universitaires et les Crous
Côté vie étudiante, Frédérique Vidal enjoint les étudiants qui le peuvent à regagner leur domicile familial même si les résidences universitaires et les internats resteront ouverts pour ceux qui ne peuvent pas rentrer chez eux comme les étudiants étrangers.

Les restaurants universitaires seront aussi ouverts, mais il est recommandé aux étudiants et personnels de privilégier la vente à emporter.

Enfin, pour les bibliothèques universitaires, le gouvernement réfléchit à la stratégie à adopter. "Les BU resteront ouvertes aux personnels et nous réfléchissons à un accès plus large". Mais certaines d’entres elles ont déjà choisi de fermer leurs portes, telle la BU de l'université de Caen.

Dahvia Ouadia | Publié le