Création de l'Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan pour mieux former les officiers de l'armée de terre

Clément Rocher Publié le
Création de l'Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan pour mieux former les officiers de l'armée de terre
Les écoles de Saint-Cyr Coëtquidan se rassemblent pour devenir une académie militaire. // ©  Fourni par le témoin
La création de l'académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan - qui rassemble Saint-Cyr, l'EMIA et l'EMAC - participe à la rénovation de la formation initiale des officiers. Un objectif ambitieux qui s'incarne notamment par la constitution d'une nouvelle école et de nouveaux défis à relever. Explications.

Un vent de renouveau souffle en Bretagne, dans le Morbihan. Les écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (ESCC), assurant la formation initiale des officiers de l’armée de terre, se rassemblent désormais sous une nouvelle appellation : l'académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan.

Cette académie regroupera sur son site l’école spéciale militaire de Saint-Cyr (ESM), l’école militaire interarmes (EMIA) et une nouvelle école appelée l’École militaire des aspirants de Coëtquidan (EMAC).

Création de l'EMAC pour diversifier le recrutement des futurs officiers

Pas si nouvelle en réalité. Cette entité était connue sous le nom de 4e bataillon de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr et était historiquement rattachée à la grande école. Elle formait déjà plus de 1.200 élèves-officiers et stagiaires par an dans le cadre de stages. Un des grands enjeux de cette réforme est de donner à cette école militaire des aspirants de Coëtquidan (EMAC) une véritable identité.

"Nous avons extrait cette promotion pour créer une école à part entière et donner à ces jeunes officiers la considération dont ils avaient besoin pour arriver dans les meilleures conditions en régiment, leur donner cette fierté qui faisait défaut jusqu'à présent", précise le général Patrick Collet, commandant des écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan.

Cette école autonome répond à une préoccupation des armées de diversifier le recrutement. Ces officiers sous contrat (OSC) sont issus des universités et des grandes écoles et seront amenés à devenir de futurs OSC-spécialistes ou OSC-encadrement (futurs chefs de section des différents armes de l'Armée de terre). Cette formation d'une durée d'un an sera validée par un mastère spécialisé "commandement et leadership" (bac+6) qui reconnaît la qualité de la formation dispensée.

Créer des ponts entre Saint-Cyr, l'EMIA et l'EMAC

De son côté, la création de l'académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan a pour ambition de créer des ponts entre les différentes écoles. Si chaque école a sa propre vocation, tout l'enjeu de cette réforme sera de renforcer les liens préexistants entre les trois établissements pour un meilleur partage d'expérience. "La réforme c'est d'ouvrir à la diversité en créant le maximum de passerelles entre les trois écoles. Les élèves pourront se côtoyer à la fois sur le terrain dans l'apprentissage du combat mais aussi en formation académique", poursuit le général Patrick Collet.

La formation initiale des officiers sera adaptée "afin de les préparer efficacement au conflit armé de demain caractérisé par un haut niveau d'exigence et de complexité", indique le général Frédéric Hingray, directeur des ressources humaines de l’armée de terre. Les programmes des enseignements ont été entièrement repensés pour encourager une transversalité au sein même de la formation entre le volet académique et militaire.

Cette nouvelle approche dans l'apprentissage du commandement sera structurée autour de quatre défis : l'autorité, l'intelligence, la combativité et l'humanité. "On délivre un certificat par défi à relever en fin de scolarité et qui aboutit à la délivrance d'un diplôme", explique le général Patrick Collet.

Intégrer les humanités dans la formation des futurs officiers

Cette réforme comprend également la création d'une division culture militaire et art de la guerre dans la formation académique des trois écoles. Cette division a pour objectif que les élèves-officiers développent leur sens des valeurs et de l'éthique, en complément de l'acquisition des compétences.

"L'idée est d'introduire au cœur de la formation des officiers une réflexion profonde sur ce que représente le métier des armes, ce qu'est le lien entre l'armée et la nation, ce qu'est un soldat en République... autant de sujets de réflexions qui touchent à la philosophie, l'histoire, la tradition", soutient le commandant des écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan.

Cette rénovation de la formation initiale des officiers s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan stratégique du chef d’État-major de l'armée de terre qui cherche à mieux préparer les officiers aux évolutions du monde, de la société et de la guerre.

La ministre des Armées Florence Parly se déplacera sur le site de Saint-Cyr Coëtquidan au début du mois de juillet pour remettre le drapeau à la nouvelle École militaire des aspirants de Coëtquidan devant l'ensemble de l'académie militaire.


Focus sur les trois écoles de l'académie

L’École spéciale militaire de Saint-Cyr (ESM) est membre de la conférence des Grandes Écoles. La formation pluridisciplinaire de trois ans délivre un diplôme de Saint-Cyr qui confère le grade universitaire de master. Elle s’articule autour de deux filières : sciences de l’ingénieur et sciences sociales et politiques. Chaque promotion compte près de 160 élèves.

L’
École militaire interarmes (EMIA) assure la formation initiale des officiers des armes recrutés par la voie interne parmi le personnel non officier. La formation de deux ans délivre le diplôme de licence. Une promotion compte près de 100 élèves.

L'École militaire des aspirants de Coëtquidan (EMAC) forme de futurs officiers sous contrat issus du monde universitaire avec un fort bagage académique. La formation d'un an sera sanctionnée par un mastère spécialisé "commandement et leadership".

Clément Rocher | Publié le