Créer une fondation d'université (1) : les facteurs clés de la réussite

Solène L'Hénoret Publié le
Les créations de fondations au sein des universités se multiplient depuis deux ans, mais quelles sont les bonnes pratiques en la matière ? Un span style="font-style: italic;">Guide des bonnes pratiques en matière de fondations partenariales et universitaires a été dévoilé lors de la Ve édition de la Conférence sur le fundraising pour l'enseignement supérieur et la recherche, organisée du 11 au 12 février 2010 par l'AFF (Association française des fundraisers). La table ronde « Bonnes pratiques et facteurs clés de réussite des fondations universitaires et partenariales » s'est attachée, en conclusion, à apporter des réponses aux universités, de plus en plus confrontées à ces questionnements.

Les universités scientifiques plus attractives que les universités en SHS (sciences humaines et sociales)

Certains facteurs discriminants dans la recherche de fonds concernent tous les établissements du supérieur : implantation sur un territoire au potentiel économique peu développé, faiblesse des liens préexistants avec les entreprises (contrats de recherche, prestations d'études) et discipline d'origine. En effet, une étude de janvier 2008 montre qu'en 2005, les universités à dominante scientifique totalisaient 138 millions d'euros de contrats et prestations, contre seulement 7 millions d'euros pour les universités à dominante sciences humaines et lettres.

Eve Durquety, consultante chez KPMG et corédactrice du span style="font-style: italic;">Guide des bonnes pratiques en matière de fondations partenariales et universitaires, pointe des difficultés plus propres aux universités : absence de rattachement de la fondation à la stratégie de l'université, panne du portage politique du projet par le président de l'université, méconnaissance des attentes des entreprises, et enfin circulation difficile de l'information due à l'organisation des universités.

L'université doit faire appel à des professionnels du fundraising

Pour pallier ces difficultés, les intervenants mettent en avant des éléments favorisant la réussite d'une fondation. Eve Durquety insiste sur la nécessité d'articuler dès le départ le projet de fondation à la stratégie de l'université. Stéphanie Lanson, directeur de développement de la Fondation Lyon 1, nuance cependant : « La vision et les arguments se construisent aussi au fur et à mesure des rencontres avec les partenaires et les entreprises. »

Tous les intervenants ont également insisté sur l'importance de réunir les compétences relatives aux métiers de la collecte de fonds. Pour cela, plusieurs universités ont recruté en externe et fait appel à des cabinets de conseil en stratégie. Stéphanie Lanson en témoigne : « Nous avons eu recours à l'aide de consultants pour mettre au point la méthodologie et les projets phares qui servaient de produits d'appel. Budgéter, marketer et créer des visuels de plaquettes est un vrai travail. Nous avons également testé nos projets auprès des responsables de communication des entreprises membres-fondateurs : ils ont retoqué la première présentation car “le projet sentait l'université jusqu'à la virgule”. »

Le rôle de la gouvernance de la fondation et de l'université est également souligné. Pour Eve Durquety, le président de l'université doit s'investir dans le projet car il incarne souvent la fondation aux yeux des partenaires extérieurs. Alice Couegnas, responsable des opérations de la Fondation Université de Strasbour g, confirme : « Le président de notre fondation est l'ancien P-DG du groupe De Dietrich. Il s'investit beaucoup et nous fait ainsi profiter de son réseau de relations très étendu, ce qui est un énorme atout. »

Ne pas négliger les dons en nature, les anciens et l'importance du réseau

À ces trois éléments principaux s'ajoutent quelques conseils plus précis. Stéphanie Lanson invite à ne pas sous-estimer les dons en nature : « C'est grâce à eux que nous avons pu réaliser notre projet de bibliothèque universitaire : nous avions besoin de 120 postes informatiques. » Sarah Boudaly, responsable du développement du mécénat pour Paris 7, conseille quant à elle de ne pas négliger le réseau des anciens et de développer leur sentiment d'appartenance à l'université, moins fort que dans les grandes écoles. Lyon 1 réfléchit justement à la création d'une ligne de vêtements à l'effigie de l'université et à l'utilisation des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter pour renforcer la communauté.

Dans sa conclusion de la table ronde, Jacques Fontanille, vice-président de la CPU, a également conditionné la réussite des fondations d'université à leur capacité à coopérer entre elles : pour ne pas marcher sur leurs plates-bandes respectives, mais aussi pour former un réseau de créateurs de fondations, lieu d'échanges et de soutien mutuel, afin que le Guide des bonnes pratiques soit un processus en continuelle amélioration.

Fondation universitaire ou fondation partenariale ?
Le choix du statut juridique est une étape importante de la création d'une fondation. Alors que la fondation de type universitaire est une structure intégrée au sein de l'université et n'a pas de personnalité morale propre, la fondation partenariale est une personne morale indépendante, créée par l'université, mais dont le conseil d'administration et les fondateurs peuvent être constitués par d'autres personnes que l'université. L'un des avantages de la fondation partenariale est son fonctionnement plus réactif que ce que permettent la comptabilité et la gestion publiques qui régissent l'université. Cependant, son mode de gouvernance potentiellement ouvert au privé cristallise les appréhensions des universités. Ces dernières sont pour l'instant souvent réticentes au partage de leurs instances décisionnaires avec les entreprises. La fondation de type universitaire leur permet de garder la main sur la gouvernance.

Solène L'Hénoret | Publié le