
Après cinq ans d’expérimentation et plusieurs reports, CY Cergy Paris université devrait décrocher le statut de grand établissement au 1er janvier 2025. L’établissement, né de la fusion de l’université de Cergy-Pontoise avec l'EISTI, une école d'ingénieurs, réussit donc sa mue en intégrant comme composantes l’EPSS (École pratique de service social) et l’ILEPS (École supérieure des métiers du sport et de l’enseignement), et en associant une prestigieuse école de commerce, l'Essec.
Au-delà de ce périmètre, l’université a également créé, dans le cadre de l'expérimentation, le programme CY Alliance, qui rassemble 12 établissements publics et privés de l’ouest parisien, soit 40.000 étudiants.
"Avec cette alliance, nous avons la volonté de nous inscrire sur le territoire de la Seine-et-Oise. Cela permet des diplômes et doubles diplômes communs, une approche dynamique de la vie de campus, la mise en place d’appels à projets PIA ou d’excellence et une gouvernance en dur qui permet d’être crédible", a affirmé Laurent Gatineau, président de l’établissement, lors d’une conférence de presse le 27 septembre. Un programme dense, pour le futur grand établissement.
Un institut de formation adapté aux handicaps
D'autant qu'au 1er janvier 2025, CY Cergy Paris université intégrera par ailleurs l’INSEI (Institut national supérieur de formation et de recherche pour l'éducation inclusive), qui s’installera sur le site de Saint-Germain-en-Laye. Cette école pluridisciplinaire propose des formations allant de la psychologie à la robotique pour répondre à l’enjeu de l’inclusion des personnes souffrant de handicap dans le système éducatif.
"Il y a une vraie difficulté pour les parents de trouver des établissements pour accueillir leurs enfants en situation de handicap. L’idée, c’est de créer des environnements pédagogiques adaptés à tous les handicaps, dans un système éducatif classique", souligne Laurent Gatineau.
Une fac de médecine dans les cartons
CY Cergy Paris université a par ailleurs pour ambition de créer une fac de médecine sur le site de Cergy, en collaboration avec Sorbonne Paris Nord et plusieurs hôpitaux. Elle combinera la formation et la recherche.
Le projet pourra être réalisé à partir de la rentrée 2025, avec une montée en charge progressive. Sa mise en place dépendra notamment de la réponse des ministères de tutelle.
"Nous avons déjà augmenté nos places en L.AS et les places en internat dans les hôpitaux du territoire. Le projet verra le jour lorsque l’État prendra à bras le corps la pénurie médicale", pointe Laurent Gatineau.
Lancer des licences professionnelles
Le futur grand établissement veut également expérimenter la création de licences professionnelles, adossées à des licences générales. "Cela permettra de se réorienter à tous les étages de licence au sein des établissements de CY Alliance. Mais aussi de sortir avec un bac+3 pour les étudiants qui ne veulent pas faire d’études longues", explique Laurent Gatineau, président de l’établissement.
Ce double enjeu de professionnalisation et de réorientation facilitée pourrait favoriser la réussite des étudiants. "Aujourd’hui, le plus gros problème de l’université, c’est que les étudiants ont peur d’y échouer. Nous pensons que cet échec est peut-être dû au fait que l’étudiant n’est pas là où il devrait être. Il faut aider chaque étudiant à trouver sa voie", assure Laurent Gatineau.
Cette expérimentation entre dans le cadre du contrat d’objectifs et de moyens de l’établissement, avec une accréditation prévue pour 2026.
Une Maison de la recherche dédiée aux SHS
Dans l'immédiat, CY Cergy Paris université inaugurait, lors de sa conférence de rentrée, une Maison de la recherche dédiée aux sciences humaines et sociales (SHS). Ce bâtiment accueillera l’ensemble des chercheurs SHS de l’établissement.
"Ce sera tout sauf un hangar à bureaux", prévient Laurent Gatineau. "L’idée, c’est de favoriser les échanges entre les doctorants, de créer de la pluridisciplinarité et de rassembler neuf laboratoires différents".
Une gouvernance simplifiée
Le décret qui changera les statuts de l’établissement début 2025 doit simplifier la gouvernance. Ainsi, le conseil de site et le conseil d’établissement seront réunis dans le cadre d’un congrès, qui rassemblera tous les élus. "Nous avions beaucoup d’activités redondantes entre les deux conseils", explique Laurent Gatineau.
"Ce changement de statuts permettra d’être plus rapide dans la prise de décisions et d’assumer une autonomie accrue de l’établissement. Ce congrès est un organe démocratique majeur qui permettra une stratégie alignée entre l’établissement et le site. Tous les élus de l’établissement et du site auront le même niveau d’informations et de compréhension des enjeux", ajoute-t-il.
Des inquiétudes quant aux coupes budgétaires
Tous ces projets sont réalisés dans un contexte budgétaire tendu, après des coupes dans le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche, en février dernier. "Nous allons réussir à faire le budget 2025 sans geler de postes, mais c’est la dernière année où nous en sommes capables", prévient Laurent Gatineau.
Le président est inquiet quant aux décisions qui pourraient être prises par le nouveau ministre de l'Enseignement supérieur, Patrick Hetzel. "Des coupes budgétaires de 500 millions d’euros pour 2025 sur la LPR [loi de programmation de la recherche] et de 500 millions d’euros sur les autres crédits seraient malvenues. Nous avons créé une vraie dynamique avec la LPR. L’arrêter, c’est faire retomber le soufflé", affirme-t-il.
Quant aux coupes dans l’aide à l’embauche en apprentissage, "elles sont indolores sur le budget 2024-2025 mais pourront être dévastatrices l’année suivante pour les universités".