D. Marchand : "Nous allons faire de notre nouveau salon du logement étudiant un rendez-vous régulier du Cnous."

Éléonore de Vaumas Publié le
D. Marchand : "Nous allons faire de notre nouveau salon du logement étudiant un rendez-vous régulier du Cnous."
Le Cnous a entamé une mue importante de son offre de restauration. // ©  Philippe Piron
CVEC, fusion de Crous, plan 60.000 nouveaux logements… le Cnous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires) pilote un réseau de 28 Crous à travers toute la France sur les questions du logement, de la restauration, des aides financières et, plus généralement, de la vie des étudiants. Sa présidente, Dominique Marchand, fait le point sur les dossiers en cours et exprime à nouveau sa volonté de mener une coopération renforcée avec les établissements de l’enseignement supérieur.

Vous avez organisé la première édition du Campus Home, un salon sur le logement étudiant, les 14 et 15 mai 2019 à Montpellier, souhaitez-vous que cela devienne un rendez-vous ?

Cet événement a rencontré un franc succès aussi bien en termes de participation des personnels que d’implication. Plus de 1.000 personnes sont venues, et les ateliers étaient pleins. Ce type de salon présente un réel intérêt. Si nous organisons des séances de travail partagées et des séminaires thématiques avec l’ensemble des cadres, les personnels des Crous ont peu l’occasion d’échanger entre eux et avec nos partenaires sur leurs initiatives. Nous allons donc le renouveler, en alternant d’une année sur l’autre avec le campus cook à Nancy dédié à la restauration, qui a lieu en Lorraine depuis 2 ans.

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Considérez-vous que l’habitat étudiant est une préoccupation des responsables d’université ?

La capacité des étudiants à se loger est indéniablement un facteur d’attractivité nationale et internationale pour les universités, c’est donc une question qui les concerne. Et pour moi, c’est typiquement le genre de sujet sur lequel nous devons coopérer de façon renforcée avec elles. Les Crous ont, certes, à charge de développer un schéma directeur du logement, mais il peut y avoir des échanges selon les besoins. Le Crous Aix-Marseille Avignon a, par exemple, signé une convention cadre avec AMU (Aix-Marseille université) grâce à laquelle il met plusieurs centaines de logements à disposition de l’université qui se charge de sélectionner les étudiants internationaux en fonction de critères académiques. De même, nous restons très attentifs aux schémas de stratégie immobilière des universités pour pouvoir s’y adapter et accompagner leurs évolutions.

La Cour des comptes dénonce un pilotage financier du plan 60.000 qui n’est pas à la mesure des ambitions affichées, êtes-vous d’accord ?

Les enjeux du plan 60.000 ne sont pas tant financiers, mais fonciers, et c’est en cela que je ne rejoins que très moyennement ce que dit la Cour des comptes. Globalement, tous les Crous implantés dans les grandes métropoles, là où le besoin en logement est le plus grand, ont une assise financière solide et sont en capacité de porter des opérations… qu’ils ne peuvent pas mener parce qu’il est difficile de trouver du foncier disponible.


la biographie Educpros de Dominique Marchand

Après Caen, Rouen, Dijon et Besançon, envisagez-vous de nouvelles fusions de Crous ?

Aucune autre fusion n'est d'actualité. L’objectif de ces fusions était de permettre de nouvelles missions à des Crous qui pouvaient avoir une sorte de fragilité du fait de leur périmètre d’intervention relativement restreint. La fusion a permis de les conforter. Actuellement, nous sommes plutôt dans une logique de renforcement des mutualisations du back office, tout en gardant un front office pour les étudiants.

Vous avez engagé la réhabilitation de vos logements depuis plusieurs années, où en êtes-vous aujourd’hui ?

Cela continue à faire partie de nos priorités absolues. Cette année encore, 75 % des financements alloués aux Crous dans le domaine immobilier (environ 90 millions d’euros annuellement par le Cnous pour soutenir notamment l’investissement en matière de logement et de restauration) portent sur des réhabilitations parce que l’objectif est de les terminer d’ici trois ans. En 2020, nous aurons terminé l’aménagement pour les personnes handicapées.

Au-delà du logement, quels sont vos différents chantiers sur la restauration ?

Nous avons réalisé des évolutions majeures ces dernières années en termes de prise en compte des besoins des étudiants : développement et diversification de la restauration (offre végétarienne, opération Lundi vert à venir en septembre), aménagement des espaces de cafétéria avec des espaces de travail, mise en place d’un moovy market à Bordeaux. De plus, nous avons mis en place une centrale d’achats pour l’ensemble du réseau qui a permis de faire des économies et d’améliorer la qualité des produits. Nous nous sommes engagés dans une démarche environnementale en remplaçant tous nos jetables par des matériaux responsables. Et plusieurs crous ont déjà reçu le label Mon restau responsable® de la Fondation Nicolas Hulot.

La CVEC (contribution de vie étudiante et de campus) a été mise en place il y a 9 mois, quel premier bilan en tirez-vous et à quelles fins a-t-elle était utilisée ?

Dans les aspects très positifs, cette contribution a permis de mettre la vie étudiante au cœur des préoccupations de tous, et d’allouer les moyens nécessaires pour développer de nouvelles actions. Nous sommes en train de finaliser les comptes, mais, a priori, nous atteindrons le plafond, c’est-à-dire 15 % de la collecte. Elle nous permettra de mener des opérations en lien avec les universités, notamment dans le domaine de la culture ou de la prévention de la santé, mais aussi à destination des établissements non bénéficiaires pour soutenir des initiatives étudiantes.

La CVEC a permis de mettre la vie étudiante au cœur des préoccupations de tous et d'allouer les moyens nécessaires pour développer de nouvelles actions.

Comment comptez-vous financer et gérer l’aide à la mobilité ? Est-ce que cela concerne beaucoup d’étudiants ?

Un constat tout d’abord : l’annonce de cette aide a eu l’effet escompté sur les étudiants qui sont venus en nombre se renseigner sur les conditions d’obtention. Or, l’objectif majeur était justement qu’ils soient informés très en amont et qu’ils sachent dès que possible s’ils pourraient être aidés. Ce qui montre que le message est passé. Par contre, il est encore trop tôt pour dire combien d’étudiants seront concernés. Nous sommes en train de mettre en place un service pour que les étudiants puissent faire directement leur demande via une rubrique spécifique du site MSE (messervices.etudiant). De notre côté, cela sera plus simple que l’année dernière car les personnes éligibles recevront une somme forfaitaire de 500 €.

Cette année, les Crous ont dû s’aligner sur le calendrier Parcoursup pour les DSE (Dossier social étudiant), cela a-t-il changé quelque chose pour eux ?

Nous avions le même objectif que le ministère, avec qui nous avons travaillé conjointement. L’idée de fond était d’avoir les mêmes dates clés pour simplifier les démarches des étudiants et de leur famille. Résultat : quand Parcoursup a ouvert mi-décembre 2018 pour permettre aux étudiants de s’informer sur les cursus de formation, les informations sur le DSE y figuraient également.

Les non-fonctionnaires ont désormais la possibilité de diriger le Cnous, que pensez-vous de cette décision ?

Si je ne suis pas concernée par cette mesure, je n’y vois pas d’inconvénient car c’est une manière d’avoir un panel plus large pour des choix sur des fonctions de direction et de diversifier la fonction. C’est cohérent avec le fait que certains contractuels, y compris en CDI, occupent déjà des emplois de direction.

Comment interpréter la démission récente de 86 membres de l’Unef (Union nationale des étudiants de France) ?

Pour l’instant, je ne suis pas capable de vous dire les incidences. Ce que je sais, c’est que ceux qui siègent au sein du Cnous ont été élus et cela ne remet en rien en cause leur mandat.

Éléonore de Vaumas | Publié le