Diplôme au rabais, commercialisation du savoir, mise au placard des enseignants... La colère gronde sur le campus de la Eastern Michigan University (EMU), université publique américaine qui accueille plus de 21.000 étudiants. Depuis mi-novembre, un groupe d'enseignants mène campagne, dans le journal de l'université et sur les réseaux sociaux, pour dénoncer la mauvaise qualité des cours en ligne proposés par EMU, rapporte le site d'informations spécialisé EdSurge. Une pétition a également été mise en ligne et a déjà recueilli près de 500 signatures en deux semaines.
Les enseignants pointent du doigt l'accord passé entre EMU et Academic Partnerships, une entreprise privée spécialisée dans la commercialisation de programmes en ligne, pour le compte d'établissements d'enseignement. Selon eux, Academic Partnerships outrepasse ses prérogatives, en faisant appel à des consultants extérieurs à l'université qui décident du contenu des cours en ligne ou en créent de nouveaux, sans l'aval des enseignants, à qui l'administration avait pourtant promis qu'ils en seraient bel et bien les seuls garants.
Enseignants contre administration
Dans cette guerre des nerfs, l'université se défend d'avoir failli à ses engagements, niant les accusations portées par les enseignants : Academic Partnerships ferait bien uniquement la promotion des programmes existants. De plus, l'entreprise remplirait sa mission première : augmenter le nombre d'inscriptions aux cours en ligne d'EMU. Pourtant, les enseignants ont relevé que la société aurait eu recours à des assistants virtuels pour aider les élèves, ce qui sort du cadre de l'accord.
Le problème révélé à EMU met en lumière les rapports flous pouvant exister entre les universités et certaines entreprises EdTech, qui espèrent tirer profit des nouvelles méthodes d'enseignement. Selon le contrat signé avec EMU, Academic Partnerships touche 50 % des frais de scolarité pour chaque étudiant recruté.
Malgré ce coût, certains départements d'enseignement se réjouissent de l'aide apportée par la société privée, leur budget dédié au recrutement étant largement insuffisant pour s'avérer efficace. Mais cet argument ne pèse pas lourd aux yeux des enseignants, qui craignent de voir leurs compétences disparaître au profit de ces nouveaux acteurs du monde de l'éducation.