Déconfinement : les plans de reprise d’activité se feront université par université

Dahvia Ouadia Publié le
Déconfinement : les plans de reprise d’activité se feront université par université
L'université de Paris-Nanterre, comme tous les campus universitaires français, rouvrira progressivement à son personnel au cours des mois de mai-juin. // ©  Simon LAMBERT/HAYTHAM-REA
Les universités préparent étape par étape le déconfinement. Si les étudiants ne reviendront pas sur les campus avant la rentrée de septembre 2020, les universités vont rouvrir aux personnels ainsi qu'aux doctorants. Des "plans de reprise d'activité" sont donc en réflexion, établissement par établissement pour répondre aux réalités de terrain. La CPU prépare en outre des éléments pour accompagner les universités dans leur sortie du confinement.

Après le confinement, vient l’heure de sa sortie… ou presque. Dans l’enseignement supérieur, les universités travaillent actuellement aux "plans de reprise d’activité". "Les modalités de reprise se feront en fonction des réalités de terrain", précise d’emblée Gilles Roussel, président de la CPU, lors d’une conférence de presse organisée le 29 avril 2020.

Un groupe de travail a ainsi été mis en place au sein de la CPU pour accompagner et outiller les établissements dans cette sortie. Il est dirigé par Michèle Cottier, présidente de l’université de Saint-Étienne et Olivier David, président de l'université Rennes 2. Il a pour objectif de "partager les bonnes pratiques, de mutualiser les expériences et de consolider l’ensemble de la matière grise pour informer les présidents et apporter des ressources concrètes aux établissements", précise Olivier David.

Un retour sur site par étape

S’il existe un cadre national, il n’y aura pas d’organisation uniforme sur l’ensemble du territoire pour les universités. "Les choses vont se faire université par université, voire cycle par cycle, ou laboratoire par laboratoire. Il n’y a pas de réponse unique parce que les réalités sont différentes", ajoute Gilles Roussel.

Pour un retour sur site, la CPU se base sur le "plan de retour sanitaire" déterminé par l’Etat qui sera décliné localement par les établissements. Ce qui est sûr, c'est que ce retour "à la normale se fera sur le long terme" : "nous nous focalisons à ce jour sur la période du 11 mai, date du début du déconfinement, jusqu’à la fin août". Une période durant laquelle personnels et doctorants feront leur retour sur les campus. La CPU réfléchit déjà à la rentrée de septembre, et au retour des étudiants, mais tout se fait par étape.

Comprendre les enjeux internes et externes

"Pour assurer le déconfinement, il faut bien fixer les enjeux pour comprendre le sens des actions à mettre en place, résume Michèle Cottier, présidente de l’université de Saint-Etienne. La logique du retour sur site doit s’inscrire dans une forme de continuité sans rupture avec ce qui a été mis en place à distance durant le confinement."

Le principal enjeu concerne le contexte sanitaire et la capacité à gérer les consignes sanitaires pour préserver la santé des doctorants et des personnels qui rejoindront les campus. "Cette préoccupation fondamentale va guider l’ensemble de nos actions", affirme Michèle Cottier.

Mais, en parallèle, les universités devront maintenir la continuité pédagogique mise en place pour les étudiants qui ne rentreront pas avant septembre. "Ce retour est particulièrement complexe parce qu’il faut travailler sur des établissements dont les contraintes sont différentes et qui peuvent même avoir des différences entre composantes, laboratoires ou sites."

Pour assurer le déconfinement, il faut bien fixer les enjeux pour comprendre le sens des actions à mettre en place. (M. Cottier)

C’est pourquoi il est essentiel de s’appuyer sur les responsables de composante, de laboratoire mais aussi les personnels administratifs.

Par ailleurs, la préparation de ces plans doit prendre aussi en compte les contingences extérieures, selon Michèle Cottier. "Il y a des contraintes externes sur lesquelles nous n’avons pas de pouvoir de décision. Par exemple, la reprise des transports aura un impact sur la capacité des équipes à venir sur site, l’ouverture des écoles un impact sur la possibilité des personnels à faire ou non garder leurs enfants…"

Préparer un plan de long terme

Le groupe de travail de la CPU s’inscrit dans une démarche de long terme pour une reprise de l’ensemble des activités, prévient Olivier David, président de l’université de Rennes 2. "Nous devons outiller les présidents d’université dans un contexte où les décisions doivent être rapidement prises."

L’objectif est donc de "répondre le plus efficacement possible sur le plan méthodologique pour que les présidents d’université aient des ressources", précise Olivier David. Et cela passe notamment par un échange de bonnes pratiques entre établissements.

Mesurer les conséquences de la crise

Le plan de reprise concerne ce qui a trait à la fin de l’année en cours. La question de la rentrée et de ses conditions sera posée ultérieurement et notamment en fonction des critères d’évolution de l’épidémie. "La préparation de la rentrée est à l’agenda. Nous ne voulons pas imaginer 36 scénarios mais il faudra mesurer toutes les évolutions en matière de formations initiale, continue, etc.", estime Olivier David.

Concernant la valeur des diplômes, il n’y a pas de remise en question, estime Gilles Roussel. "La plupart des diplômes durent entre trois et cinq ans, il y a par ailleurs eu une continuité pédagogique. Les modalités d’évaluation liées à la crise sanitaire sont un élément parmi d’autres qui permet d’assurer la qualité des diplômes."

La mobilité internationale fait aussi partie des inquiétudes des universités. La CPU a conscience que les mobilités seront contraintes et qu’il sera nécessaire d’avoir une vision prospective en la matière. "La question de l’ouverture des frontières à la rentrée n’est pas encore fixée pour le moment. Si l’espace Schengen ne s’ouvre pas, nous aurons des difficultés pour accueillir des étudiants internationaux. Nous devrons fournir un enseignement à distance pour cette période de frontières fermées", indique Mohamed Amara, président de l’université de Pau et des pays de l’Adour.

Enfin, la CPU devra mesurer l’impact financier de la crise sanitaire. Il faudra notamment voir les ressources qui ont été engagées pendant la crise et les entrées que les universités n’auront pas.

Dahvia Ouadia | Publié le