Demain, tous formés dans le métavers ?

Sarah Nafti Publié le
Demain, tous formés dans le métavers ?
Le métavers est-il l'avenir de l'enseignement supérieur ? // ©  laurencesoulez/Adobe Stock
La notion de métavers a récemment investi l’univers de l’enseignement supérieur et notamment des grandes écoles. Preuve en est la création de Metakwark, le premier métavers éducatif ouvert qui doit s’étendre sur 15 campus. Mais entre avatars, immersion et pédagogie à distance, qu’est-ce qui différencie le métavers d’un simple campus virtuel ?

Etudier dans le métavers ne sera bientôt plus de la science-fiction. C’est ce que promet Alban Miconnet, président de Kwark Education, lors de la présentation de Metakwark, "le premier métavers éducatif ouvert", qui doit accueillir ses premiers étudiants en septembre 2022. Déjà 15 "méta-campus" sont en cours de construction, notamment ceux de l'ESC Pau Business school, des écoles du Groupe MédiaSchool ou encore du Réseau GES/Eductive.

"Le métavers est un environnement immersif virtuel en 3D dans lequel les personnes sont représentées par des avatars, qui peuvent avoir des interactions sociales, et qui est ouvert 24h/24", explique-t-il.

Un univers, "scalable", qui peut donc s’adapter au nombre de ses utilisateurs, et qui a été développé pour "favoriser l’apprentissage". Ainsi, l’architecture nous plonge dans un décor à la fois futuriste et naturel, "afin d’inspirer les étudiants à apprendre", détaille Manal Rachdi, l’architecte qui a conçu l’espace du métavers. "Il faut leur donner envie d’y aller, leur permettre d’être ailleurs que dans le réel" : "apprendre dans la forêt, c’est possible dans le métavers !"

Un environnement d’apprentissage virtuel mais vecteur de lien social

"Nous avons voulu créer un environnement d’apprentissage qui suscite une émotion, tout en insistant sur les fonctionnalités et les usages pédagogiques", précise Alban Miconnet. Il promet une interface qui permette de "tisser du lien social".

"Ce qui a manqué aux étudiants à qui on a demandé d’enchaîner des cours sur Zoom, c’est de pouvoir se rencontrer, poser des questions, échanger avec les autres étudiants. Or, dans le métavers, c’est tout à fait possible. On peut se retrouver pour regarder un film pédagogique et en parler ensemble. On peut aussi juste déambuler et rencontrer des gens au hasard." Un métavers doit donc permettre à la fois de développer les formations à distance pour ceux qui en ont besoin mais aussi de prolonger l’expérience de l’apprenant après des cours en présentiel.

Pour concevoir Metakwark, Kwark Education a fait appel à Manzalab, une entreprise française spécialisée dans la réalité virtuelle et notamment les "serious games", ces logiciels qui permettent de se former en utilisant les concepts des jeux vidéos.

Dans le métavers, la présence de son avatar, qui peut être très réaliste car créé à partir d’une photo, permet d’assurer "une présence virtuelle". Quant à la présence spatiale, elle est liée à un environnement qui ressemble à la réalité.

Dans Metakwark, il y a des salles de cours, des amphithéâtres, des espaces de repos… "Si le virtuel nous permet tout, même de faire des réunions sur Mars, ce n’est pas forcément une bonne idée", assure Clément Merville, président de Manzalab. Car l’idée n’est pas de distraire l’apprenant, mais "de lui faire retrouver le sentiment qu’il y a de vraies personnes derrière l’écran".

Le métavers pour transformer le monde de l’enseignement supérieur

Après deux ans marqués par la pandémie et la fatigue liée aux cours à distance, qu’est-ce que le métavers peut apporter aux écoles qui misent dessus ? Beaucoup ont déjà testé les campus virtuels, les journées portes ouvertes à distance, avec plus ou moins de succès. Pour Matthias Bauland, directeur général développement de Mediaschool, c’est un projet "qui va transformer le monde de l’enseignement supérieur".

Les écoles du groupe ont déjà prévu d’organiser leurs journées portes ouvertes avec Metakwark. "C’est une expérience éducative plus personnelle, plus ludique et plus inclusive", estime Anne-Ségolène Abscheit, directrice académique d’Eductive, qui y voit la possibilité d’offrir "une expérience apprenante qui réponde aux difficultés d’attention lors des cours à distance, notamment quand il s’agit de concepts compliqués".

Elle mise en outre sur "une transformation pédagogique", qui permette "d’enseigner les usages du métavers, dans le métavers". Florent Deisting, directeur de développement de l’ESC Pau va encore plus loin. Si l’usage de Metakwark peut d’abord faciliter "l’hybridation de la formation", il imagine même "une désintermédiation de l’enseignement supérieur" : "pourquoi ne pas imaginer, demain, qu’un étudiant puisse choisir le meilleur cours de chaque école ? Qu’il puisse créer son diplôme entre différentes entités ?"

Plus de 180.000 apprenants sur 15 campus métavers

Dans un premier temps, Metakwark devrait toucher 180.000 apprenants sur 15 campus, parmi lesquels ceux de l'ESC Pau Business School, des écoles du Groupe MédiaSchool ou encore du Réseau GES/Eductive. Chaque acteur pourra proposer des événements - Masterclass, conférences -, des rencontres (journées portes ouvertes, job dating) ou encore des travaux pratiques immersifs et des espaces pour les travaux dirigés.

Le métavers doit s’adapter au maximum aux usages de chacun. "Nous voulons remettre de l’humain dans la technologie", conclut Alban Miconnet, qui espère "améliorer l’existant" et pour qui l’expérience de visioconférence sera aussi éloignée de celle du métavers "que celle des cabines téléphoniques l’est des usages du téléphone portable".

Vers le métavers et au-delà

D'autres institutions du supérieur s'intéressent au métavers et d’autres projets se dessinent. Ainsi, l'école de management Neoma a annoncé muscler son campus virtuel, déployé depuis septembre 2020, tandis que du côté de l'école de communication Iscom, des recherches sont en cours pour intégrer des "briques" de métavers à la rentrée 2022.

Sarah Nafti | Publié le