Egalité des chances : l’ESCP Europe sur la voie Descoings

Jessica Gourdon Publié le
Egalité des chances : l’ESCP Europe sur la voie Descoings
Le campus parisien de l'ESCP Europe // © 
Valérie Pécresse se rend le 11 mai 2010 au lycée Jean Renoir de Bondy (93). L'occasion de présenter un partenariat entre l’ESCP Europe et l'université Paris 13, qui permet depuis septembre 2009 à des bacheliers technologiques d’entrer via un concours spécial dans cette grande école.

En matière de diversité, les grandes écoles n’ont pas trouvé de recette miracle. A défaut, elles lancent des expérimentations, à l’image du dispositif mis en route cette année entre l’ESCP Europe , le lycée Jean Renoir de Bondy (Seine-Saint-Denis) et l’université Paris 13, auquel la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse consacre un déplacement mardi 11 mai 2010.  

Ce programme, baptisé "double ascension", présente la même philosophie que les "conventions ZEP" du directeur de Sciences Po Richard Descoings. Il s’agit bien de créer une voie d’accès restreinte et spécifique pour des jeunes de milieux défavorisés, et de les amener au même diplôme que les autres étudiants. Une idéologie différente et plus efficace à court terme que les nombreuses actions menées par les grandes écoles sous le label «Une grande école, pourquoi pas moi », qui visent à apporter du tutorat (en prépa, au lycée) tandis que les concours restent les mêmes pour tous.

Un coaching d’un an


Le partenariat a été signé le 23 mai 2009. Concrètement, douze étudiants issus de bacs technologiques et inscrits en seconde année de BTS (management des unités commerciales ou comptabilité et gestion des entreprises) au lycée Jean-Renoir ou de DUT (gestion des entreprises et des administrations) à Paris 13 (site de Bobigny) ont été sélectionnés par leurs professeurs en juin 2009. Ils ont été invités à s’inscrire à la rentrée en L3 de sciences économiques à Paris 13.

Parallèlement à leur cursus, aménagé spécialement par l’université, ils ont suivi entre 9 et 12 heures de cours hebdomadaires à l’ESCP : des sessions personnalisées de langues, d’expression orale et écrite, de culture générale, de gestion de projet, de statistiques. Ils ont aussi suivi un cycle de marketing avec des étudiants de 1ère année de l’école. L’ESCP leur a enfin financé un séjour de deux semaines en Angleterre.

Quatre ou cinq recrutés cette année


Début juillet 2010, la grande école compte recruter quatre ou cinq de ces étudiants. Outre l'obtention de leur licence, ce concours spécifique prévoit la présentation d’un dossier, un entretien et deux oraux de langues. Il entreront directement en deuxième année, et ne paieront pas de frais de scolarité.

Le dispositif se complète par des heures de soutien apportées dès la première année de BTS et DUT, qui se mettront en place à la rentrée 2010. Ces cours en langues et culture générale seront assurés à raison de six heures par semaine par des professeurs de ces établissements et financés par l’ESCP.

« A terme, nous comptons étendre ce dispositif à d'autres institutions », indique Frédérique Alexandre-Bailly, doyenne du corps professoral à l’ESCP, responsable de ce partenariat. Dès l’année prochaine l’école souhaite que 25 étudiants suivent ce parcours pendant leur licence.

Mais tout porte à croire que ce programme restera d'une taille limitée, en raison de son coût très élevé. Pour le démarrage, l'école a investi 100 000 euros. "Lorsqu'il tournera à plein régime, il faudra compter autour de 500 000 euros par an" estime Frédérique Alexandre-Bailly. Tout cela sans compter les dispenses de frais de scolarité.

Jessica Gourdon | Publié le