E-learning : Second Life offre une salle de cours virtuelle à la fac de droit de Lyon 3

Sophie Blitman Publié le
Créée dès 1999,la Faculté de droit virtuelle (FVD) est une plateforme pédagogique conçue par le Centre droit et nouvelles technologies de l’université Jean Moulin Lyon 3 pour mener des expérimentations et des recherches en matière de e-learning, et plus largement, de droit du numérique. Parmi les outils testés, Second Life intéresse les juristes de Lyon 3 depuis la rentrée 2009 : ils y ont développé un espace spécifique qui reconstitue à l’identique les bâtiments de la faculté de droit, avec ses salles et ses amphithéâtres. Un espace virtuel où se déroulent des cours avec de vrais étudiants.

Dispenser des cours virtuels en immersion


Fruit d’une rencontre avec une avocate québécoise, c’est sur le droit des affaires canadien qu’a été conçu en 2010-2011 un cours virtuel de découverte proposé à tous les étudiants de master de la faculté de droit de Lyon 3. La formation est organisée en 5 modules. Chacun d’eux est composé d’une première période, de trois ou quatre semaines, durant laquelle les étudiants sont invités à consulter des ressources en ligne et préparer des travaux en amont. Vient ensuite le cours proprement dit, dispensé en direct sur Second Life : pour le suivre, les étudiants se connectent de chez eux ou de la fac, à un jour et une heure précis.

Pendant ce cours virtuel, l’enseignante, représentée par son avatar, vérifie que les notions fondamentales sont bien comprises et va plus loin à travers l’étude de cas pratiques ainsi que des exercices, « comme elle le ferait en présentiel, souligne Gérald Delabre, directeur adjoint du Centre droit et nouvelles technologies (CDNT). Il y a une interaction directe et l’on incite les étudiants à prendre la parole ».

« On reconstitue vraiment les conditions de la réalité, poursuit-il. A ceci près qu’il s’agit d’un mode d’apprentissage enrichi : un chat local permet d’avoir des échanges en parallèle et de partager des références ou des fichiers. » De son côté, Gérald Delabre vérifie l’assiduité des étudiants et accompagne sur Skype ceux qui rencontrent d’éventuels problèmes techniques pour se connecter ou utiliser Second Life.

Quant à l’évaluation, elle a également lieu à distance. Deux tests sont organisés en direct sur la plateforme. A l’issue de la formation, les étudiants obtiennent un « Certificat de droit des affaires canadien et québécois, obtenu en immersion dans un monde virtuel », qui atteste de leurs compétences spécifiques en la matière.
Satisfaite de l’expérience, la faculté de droit reconduit le cours en 2011-2012, tandis que le CDNT envisage aussi des utilisations similaires plus ponctuelles : « Second Life permet d’avoir des intervenants que l’on ne ferait pas venir spécialement », témoigne Gérald Delabre.

Ouvrir des campus virtuels pour les formations à distance


Outre la diffusion de cours en direct, Second Life est aussi expérimentée comme un lieu de rencontres entre étudiants qui suivent des formations à distance et n’ont pas l’occasion de se croiser à la bibliothèque ou à la cafétéria. « Recréer un campus virtuel permet de leur proposer ce genre d’interactions et de remédier à l’isolement qui engendre souvent de l’inquiétude dans ces formations à distance », constate Gérald Delabre.

Le Palais de justice de Lyon sur Second Life


Après la faculté de droit, le CDNT s’apprête maintenant à reconstituer le Palais de Justice de Lyon dans Second Life. L’objectif : pouvoir mettre les étudiants en situation de procédure. « En contexte, en immersion réelle, les enseignements sont plus efficaces », estime Gérald Delabre. Outre les simulations de procès, diverses activités peuvent être mises en place par les enseignants sur le modèle des em>serious game.

Par exemple, si les étudiants savent rédiger une assignation, un enseignant pourra leur demander d’aller l’enrôler, c’est-à-dire de la déposer dans le bon bureau auprès du greffe du tribunal. « Cette démarche est généralement évoquée dans deux lignes de cours, alors qu’elle est essentielle en pratique : c’est comme cela que l’on saisit le juge », insiste l’enseignant de droit, convaincu que Second Life peut ainsi « susciter la prise de conscience de certaines réalités ».

Quel monde virtuel choisir ?

Si la faculté de droit de Lyon 3 a débuté ses expérimentations dans Seconde Life, elle s’apprête désormais à basculer sur OpenSim : cet autre univers virtuel en 3D a en effet l’avantage d’être un logiciel en open source, donc gratuit, alors que « louer une île sur Second Life coûte 1 500 € par mois, avance Gérald Delabre. Et encore, c’est un tarif préférentiel car nous avons une vocation éducative ». Les bâtiments restant les mêmes, « pour l’utilisateur, cela ne changera rien, précise le directeur adjoint du CDNT. De plus, OpenSim permet de mettre nos espaces à disposition d’autres établissements », ce qui pourrait faciliter les expérimentations individuelles d’enseignants.

Enfin, si les mondes virtuels comme Second Life ou OpenSim donnent accès à un espace personnel permanent, organiser un événement ponctuel peut se faire plus simplement, via un outil comme Assemb’live : « on choisit dans une salle type pour organiser une réunion virtuelle et on envoie directement le lien aux personnes conviées, explique Gérald Delabre. Les utilisateurs n’ont pas besoin de connaître les mondes virtuels ni de se créer un profil définitif ». Un outil particulièrement utile pour des débutants ou des intervenants qui ne vont se connecter qu’une seule fois.

Pour en savoir plus :
Consulter le site de la Faculté de droit virtuelle : http://fdv.univ-lyon3.fr .

Sophie Blitman | Publié le