Écoles d'ingénieurs : la CTI accrédite pour la première fois un campus à l'étranger

Laura Makary Publié le
Écoles d'ingénieurs : la CTI accrédite pour la première fois un campus à l'étranger
Le campus marocain de l'Eigsi est le premier à disposer de l'accréditation de la CTI, pour diplômer des jeunes ingénieurs. // ©  Eigsi
L'Eigsi peut désormais délivrer son diplôme d'ingénieur sur son campus de Casablanca, au Maroc, ce qui était jusqu'à présent impossible. L'école de La Rochelle a reçu le feu vert de la Commission des titres d'ingénieurs.

L'Eigsi (École d'ingénieurs en génie des systèmes industriels) l'attendait depuis longtemps. Son vœu est désormais exaucé : l'école, dont le siège se situe à La Rochelle, peut enfin délivrer son diplôme d'ingénieur aux élèves de son second campus, installé depuis 2006 à Casablanca, au Maroc, comme l'annonce l'établissement le 12 octobre 2017.

Une première pour une école d'ingénieurs en France : "Le site de Casablanca de l'Eigsi est le seul à ce jour délivrant un diplôme accrédité par la CTI [Commission des titres d'ingénieurs] à l'étranger", confirme la Commission, contactée par EducPros.

Procédure pour les écoles multisites

Cette accréditation, l'Eigsi la demandait depuis 2009. Il aura fallu attendre huit ans, et notamment un accord de convention entre la France et le Maroc, pour la voir aboutir. À la suite de l'élaboration par la Commission des titres d'ingénieurs d'une procédure pour les écoles multisites, cette dernière a enfin émis un avis favorable à la demande de l'école, l'autorisant "à délivrer le même titre d'ingénieur diplômé, pour la même durée", lors de sa séance plénière du 11 juillet 2017.

"Ainsi, les étudiants admis dans le cycle ingénieur à compter de la rentrée 2017 sur le site de Casablanca pourront être diplômés à l'issue de l'année universitaire 2019-2020", précise la CTI. Néanmoins, la Commission reste vigilante et met en avant une série de recommandations, engageant notamment l'école à "veiller à ce que les deux campus aient la même qualité de recrutement, de formation et d’employabilité". 

Autres recommandations : "être très vigilant pour les stages, veiller à la qualité des missions en entreprise, à l'accompagnement par les tuteurs industriel et académique, à la diversité des partenaires industriels", "veiller à la mobilité internationale des étudiants recrutés à Casablanca", et "développer et consolider les partenariats locaux et s’appuyer sur cet ancrage pour accroître sur le marché marocain la notoriété et l’attractivité de l’école".

Une gouvernance unique obligatoire

Parmi les conditions fixées par la CTI pour accréditer une école multisite : le fait de disposer d'une gouvernance et d'une direction des études uniques, d'un seul programme de formation, de critères d'obtention de diplôme identiques et des mêmes services supports sur tous les campus. Elle l'exigeait déjà pour les écoles disposant de plusieurs sites en France, comme l'Icam ou le Cesi, elle l'étend désormais aux campus étrangers des écoles d'ingénieurs.

"C'est une grande fierté pour nous d'être des pionniers de ce type de dispositifs. L'Afrique est un grand continent d'avenir, avec une forte croissance dans les prochaines décennies", déclare Sylvain Orsat, directeur de l'Eigsi.

Jusqu'à 100 ingénieurs diplômés par an

Les étudiants du campus marocain étaient obligés d'effectuer les deux années de master à La Rochelle, afin d'obtenir le diplôme d'ingénieur français, en plus du diplôme d'ingénieur marocain. Désormais, ils pourront se voir délivrer les deux, en passant leurs cinq années de cursus à Casablanca.

De quoi donner des idées à l'Eigsi, qui accueille une cinquantaine d'étudiants par promotion sur ce campus marocain. "Nous visons une croissance progressive, afin de diplômer 100 ingénieurs chaque année, d'ici 2022, sur des thématiques en lien avec les besoins des entreprises africaines, comme l'énergie. Actuellement, un tiers des promotions de ce campus vient d'autres pays que le Maroc, notamment d'Afrique sub-saharienne. Cette proportion devrait atteindre 50 % dans les années à venir", détaille le directeur de l'Eigsi.

L'établissement rochelais réfléchit désormais à développer d'autres types de formations sur son campus maghrébin, notamment par l'apprentissage.

Une réflexion lancée depuis plusieurs mois
Si la CTI habilite des cursus à l'étranger depuis plusiers années, elle n'évaluait pas encore de campus internationaux d'écoles françaises. Après une réflexion menée ces derniers mois, la Commission a décidé de franchir le cap.

Lors de la séance plénière de mai 2017, la CTI a encadré la procédure pour les écoles concernées, en répétant dans sa délibération : "Toute demande d'extension de l'accréditation d'une école française à un site implanté à l'étranger doit être appuyée par les autorités compétentes du pays d'accueil". Elle demande également "la plus grande conformité entre l'environnement de formation en France et celui sur le site implanté à l'étranger".

Laura Makary | Publié le