Ecoles d'ingénieurs : rapprochement sous tension entre l'AERES et la CTI

Sylvie Lecherbonnier Publié le
Ecoles d'ingénieurs : rapprochement sous tension entre l'AERES et la CTI
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Les négociations de rapprochement entre l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES) et la Commission des titres d’ingénieurs (CTI) sont engagées. Si le principe semble acté, modalités et périmètres de collaborations restent largement à définir. Forte de ses 74 ans d’existence mais fragilisée par une récente évaluation externe, la CTI n’entend pas se laisser diluer dans la grande Agence d’évaluation française.

Le possible non renouvellement de la CTI au sein d’ENQA (cf. article EducPros ) précipite les discussions de rapprochement entre l’AERES et la CTI. Et alimente les rumeurs de fusion. Une fusion que la Commission, soutenue par les écoles d’ingénieurs, refuse catégoriquement, lui préférant une mise en réseau. Jean-François Dhainaut, président de l’AERES, a évoqué quant à lui le terme de « fiançailles », lors du colloque de la CTI, mardi 5 février à Clermont-Ferrand.

Eviter d'être « diluée dans un grand ensemble monolithique »

Si les deux parties sont convaincues de la nécessité de collaborer, elles discutent actuellement des modalités. Principal point d’achoppement : le cadre administratif de ce rapprochement. La CTI ne veut pas être « diluée dans un grand ensemble monolithique », selon l’expression de Bernard Remaud, son président. Hors de question de renoncer à sa composition paritaire (moitié académique, moitié professionnel) ou de ne pas avoir la main sur la conception de son référentiel. Pour son président, « si l’académique prenait le pas sur le professionnel, cela changerait la donne de la formation d’ingénieurs en France ».

L’AERES ne voit, elle, que des avantages

« L’interaction de la CTI avec le monde économique peut nous apporter beaucoup et, à l’inverse, l’Agence peut aider la CTI sur le volet recherche. Une harmonisation de nos calendriers d’évaluation pourrait aussi être bénéfique », assure Jean-François Dhainaut. L’AERES se dit même prête à accueillir la commission dans ses locaux, rue Vivienne, pour faciliter ces échanges. Contre les tentations d’un ingénieur niveau bachelor Autre sujet de discussions : la visibilité européenne. La CTI veut garder son identité et sa représentativité à l’échelle de l’Europe pour « défendre l’ingénieur à la française au niveau master contre les tentations d’un ingénieur niveau bachelor », souligne Bernard Remaud.

Pour l’AERES, en revanche, une démarche commune serait plus judicieuse

Deux groupes de travail conjoints CTI-AERES ont été constitués et devraient aboutir dans les prochains mois. La modification prévue du décret de constitution de l’AERES pourrait donner l’occasion de fixer le schéma retenu. En signe d’apaisement, Jean-François Dhainaut a chargé Daniel Grimm, ancien directeur adjoint de Centrale Paris, de conduire les négociations pour l’Agence. A Clermont-Ferrand, le président de l’AERES a tout de même mis en garde CTI et écoles d’ingénieurs : « l’erreur serait de ne pas nous entendre. Les politiques pourraient alors nous imposer leur point de vue ». A bon entendeur…

Sylvie Lecherbonnier | Publié le