Ecoles de commerce : vers une nouvelle accréditation AACSB moins focalisée sur la recherche

Jessica Gourdon Publié le
Ecoles de commerce : vers une nouvelle accréditation AACSB moins focalisée sur la recherche
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Thierry Grange , directeur de Grenoble Ecole de Management, est chargé d’une mission qui va lui valoir un intérêt tout particulier de la part de ses homologues français. Le 8 novembre 2010, il a été nommé président d’un comité en charge de rénover les critères d’attribution de l’AACSB . Un label américain que douze écoles possèdent en France, et qui est devenu un sésame en matière de reconnaissance à l’international. Dans les années à venir, de nombreuses ESC espèrent obtenir cette distinction, attribuée au terme d’une longue procédure (rapports, audits…).

Thierry Grange, le seul Français membre du « board » de l’AACSB , partagera la présidence de ce comité avec Richard Sorensen, doyen de la business school de Virginia Tech (Etats-Unis). Le groupe de travail, qui rassemblera également une quinzaine de doyens de business schools , rendra sa copie en 2012. Les modifications du cahier des charges de l'AACSB interviendraient à partir de 2013.

"Assurance of learning" et impact de la recherche

Quelles seront les principales orientations de ce comité ? Thierry Grange esquisse quelques pistes, comme le concept d' « assurance of learning » : comment être sûr que l’étudiant a bien compris et saura utiliser ce qu’il a appris ? « Nous examinerons aussi dans quelle mesure les critères mesurent bien l’alignement de ce qui est enseigné avec les besoins des entreprises », indique le patron de l'école grenobloise.

La prise en compte de l’impact de la recherche menée par l’école sur son environnement sera une autre thématique forte, afin de ne pas se limiter au nombre de publications réalisées par les enseignants. Un rapport avait été réalisé par l’AACSB sur ce sujet en 2007, et en ce moment, dix écoles pilotes testent de nouveaux indicateurs dans ce domaine (nombre d’entreprises qui appliquent les théories des enseignants, diffusion des livres, conférences de vulgarisation…).

Une seconde accréditation AACSB

Par ailleurs, le comité va réfléchir à la création d’une seconde accréditation moins centrée sur la recherche, et davantage sur la qualité de l'enseignement. L’objectif est clair : permettre à plus d’écoles de se faire accréditer, même si elles n’entrent pas dans le moule anglo-saxon. Et ne pas laisser sur le carreau les nombreuses business schools chinoises ou indiennes qui frappent à la porte de l’institution américaine.

« Aujourd’hui, l’AACSB a accrédité 600 business schools, alors qu’il en existe 12 000 dans le monde. Notre objectif n’est pas d’être élitiste, nous voulons permettre à un maximum d’écoles de progresser, explique Thierry Grange. Par rapport à Equis [l'accréditation rivale européenne de l'EFMD], nous sommes dans une logique plus universelle, moins exclusive ».

Enfin, le comité va plancher sur l’après accréditation. A savoir le niveau de progrès requis pour que l’école puisse renouveler son accréditation, tous les cinq ans. « L'idée sera de ne plus demander systématiquement des progrès en recherche, mais de mettre en valeur d’autres facteurs d'amélioration, selon le profil de l’école : l’insertion des diplômés, la qualité du recrutement des étudiants, l’appronfondissement d’une thématique. » Bref, laisser plus de place à la différence. Histoire d'éviter que l'accréditation soit l'unique projet stratégique des écoles.

Jessica Gourdon | Publié le