Les écoles de l'Internet séduisent les recruteurs

Marie-Anne Nourry Publié le
Quatre écoles de commerce centrées sur les métiers de l’Internet (l’EEMI, Sup Internet, le bachelor de Télécom Ecole de Management et l’ESCEN) ont ouvert en 2011, trois nouvelles (WebSchoolFactory, SupdeWeb ou l’ECITV) se lancent à la rentrée 2012. Un boom des écoles de l’internet qui surfent sur la forte demande des recruteurs pour des profils web polyvalents et concurrencent les formations universitaires et les grandes écoles. Enquête sur les besoins des entreprises, en partenariat avec FrenchWeb, le magazine des professionnels du Web.

Que ce soit la WebSchoolFactory, SupdeWeb ou l’ECITV qui se lancent à la rentrée 2012, elles annoncent toutes les mêmes débouchés : community management, e-commerce, e-marketing, responsable référencement, chef de projet Web… Mais à la différence de leurs "grandes sœurs" calibrées sur un cursus postbac en 3 ans, 2 d’entre elles proposent un cursus en 5 ans. L’objectif ? Former les futurs cadres du Net.

Des cursus spécialisés encore trop rares

Ces lancements rapprochés ne sont pas le fruit du hasard. De vrais besoins de recrutement se font sentir dans les métiers du Web, aussi bien chez les “pures players” (Cdiscount, Priceminister, Dailymotion…) que dans les entreprises traditionnelles qui développent des activités sur Internet (dans le jargon, les “click & mortar”). "On recrute en permanence des consultants e-commerce, détaille Olivier Mathiot, cofondateur de PriceMinister. Mais il est très difficile de trouver des bons profils." Conséquence : les recruteurs s’arrachent les quelques candidats opérationnels… et disponibles.

Cécile Golfier-Salles, du cabinet de recrutement digital Elaee, pointe d’ailleurs la multiplication des offres d’emploi, à laquelle il devient difficile de répondre. "Les formations spécialisées sur le Web sont rares et diplôment trop peu de personnes". La consultante attend donc avec impatience la sortie des premiers diplômés de ces nouvelles écoles de l’Internet.

Des profils polyvalents recherchés

Dans le secteur du Web, le profil des recruteurs a lui aussi changé. C’est le constat de l’Observatoire international des métiers de l’Internet. "Il y a encore 3 ans, les principaux employeurs étaient des SSII ou des Web agencies, spécialisées sur la conception de sites Internet pour les entreprises. Aujourd’hui, Internet est entré dans les PME de tous les secteurs d’activité, qui l’utilisent pour le marketing, la communication et la vente", explique François Adoue, directeur de l’Observatoire.

Dans les PME, qui représentent "près de 80 % des emplois du Web" selon François Adoue, l’équipe Internet est souvent réduite à 1 ou 2 personnes. Le mot d’ordre, en conséquence, est : polyvalence ! "Aujourd’hui, ces entreprises recherchent toutes des profils multifacettes, poursuit le directeur de l'Observatoire. Le candidat idéal doit être à la fois webdesigner, webmestre, community manager et webmarketer." En d’autres termes, il doit être capable de créer un site Internet, de l’animer, d’assurer sa communication et de le vendre.

"Les entreprises ne veulent pas recruter des informaticiens, mais des professionnels de la communication utilisant des outils techniques"

Des formations aux métiers du Net existent depuis le début des années 2000. Le problème, selon les recruteurs interrogés, est qu’elles ne sont pas toujours en adéquation avec les attentes des entreprises. "À l’université, les cours sont souvent dispensés par des profs d’informatique ou par des professionnels de SSII, et les étudiants ne sont pas formés aux compétences que l’on recherche", observe François Adoue. Alors que manque-t-il à ces formations ? Réponse unanime des recruteurs : les notions d’orientation client, de marketing et de communication. "Les entreprises ne veulent pas recruter des informaticiens, mais des professionnels de la communication et du marketing sachant utiliser des outils techniques", tranche le directeur de l’Observatoire international des métiers de l’Internet.

Les entreprises étroitement associées aux écoles


Une chose est sûre : les nouvelles écoles de l’Internet positionnent leurs formations sur des problématiques uniquement “pur Web”. Pour s’assurer de toucher au plus près les attentes des entreprises, elles vont même jusqu’à les intégrer dans leur comité de pilotage. C’est le cas notamment de SupdeWeb avec Google, Lagardère ou encore Canal +. Ou de l’EEMI, créée directement par des pontes du Web : Jacques-Antoine Granjon, fondateur de vente-privée.com, Marc Simoncini, le créateur de Meetic, et Xavier Niel, le patron de Free.


Constituent-elles pour autant une meilleure stratégie d’études qu’une formation en gestion classique, avec une spécialisation e-commerce ou e-marketing en fin de parcours ? "Probablement", pour Cécile Golfier-Salles, du cabinet de recrutement digital Elaee, qui compte aussi sur ces nouvelles écoles pour clarifier les métiers "un peu fourre-tout" du secteur. En revanche, Olivier Mathiot, cofondateur de PriceMinister, est plus réservé. "En toute franchise, cela me paraît plus pertinent de développer des spécialisations Web au sein des écoles de commerce, où il est possible de développer une expertise sectorielle, plutôt que de les marginaliser dans des écoles spécifiques." À chacun sa stratégie, donc…

Les écoles de l’internet décryptées

Letudiant.fr fait le point sur chaque nouvelle école de l’internet : le concept, la sélection, le tarif, le contenu de la formation…

 L’EEMI : l’école fondée par des stars du Web
 
 Bachelor TEM : la petite sœur high tech de Telecom école de management
 Sup Internet : 3 filières pour 3 familles de métiers
 L’ESCEN : pour allier un BTS à un Bachelor Internet
 WebSchoolFactory : le fruit de 3 écoles
 ECITV : pour allier Web et audiovisuel
SupdeWeb : pour un cursus en anglais

Marie-Anne Nourry | Publié le