Ecoles d’ingénieurs : L'évolution de la formation au coeur du colloque de la CTI

Sophie Blitman Publié le
Alors que le colloque annuel de la Commission des titres d’ingénieurs (CTI) se tient le 14 février 2012 à Paris, son président Bernard Remaud revient sur les tendances et principaux défis auxquels les écoles d’ingénieurs doivent aujourd’hui faire face : explosion de l’apprentissage et redéfinition du périmètre de la formation. Des enjeux qui dessinent une question en filigrane : comment concilier qualité et attractivité des formations d'ingénieurs ?

La formation dispensée dans les écoles d’ingénieurs devrait être au cœur des débats du colloque de la CTI du 14 février 2012, autour notamment du développement de l’apprentissage et de l’ouverture de la formation scientifique vers d’autres disciplines. Des évolutions bénéfiques pour les jeunes, à condition d’être encadrées et réellement motivées.


Explosion de l’apprentissage


« 12 % des ingénieurs sortent aujourd’hui diplômés
par apprentissage,
ils seront bientôt 15 % »


Alors que 179 spécialités différentes sont aujourd’hui accessibles par apprentissage, ce sont désormais 12 % des ingénieurs qui sortent diplômés par cette voie. De nouvelles promotions s’étant récemment ouvertes, « on se dirige vers les 15 % », note Bernard Remaud, soulignant que « si les écoles les plus sélectives sont un peu en retard, la plupart s’y sont mises ».


Mais encore faut-il que les établissements développent l’apprentissage pour de bonnes raisons. En effet, celui-ci peut apparaître comme un nouveau vivier susceptible de pallier les difficultés de recrutement. Aussi la CTI entend-elle rester vigilante et « maintenir la barre assez haut afin que l’apprentissage ne soit pas considéré comme une simple bourse d’étude » et que, face à des profils d’élèves différents, les écoles mettent véritablement en place une pédagogie spécifique, notamment plus inductive.


Cette exigence va de pair avec une spécificité nationale puisque, comme le souligne Bernard Remaud, « la France est le seul pays qui forme des ingénieurs en apprentissage au niveau M2 » : en particulier, si l’Allemagne est fréquemment citée en exemple dans ce domaine, le président de la CTI rappelle que « l’apprentissage outre-Rhin s’arrête au niveau bac+2 et concerne plutôt des techniciens ».

Le périmètre des ingénieurs en question


Autre tendance : depuis quelques années, de nombreuses écoles d’ingénieurs ont élargi les profils de leurs élèves et le panel de métiers auxquels elles les forment, à travers, par exemple, la mise en place de doubles diplômes ou de formations mixtes d’ingénieurs-managers. Si cette évolution semble répondre aux attentes des entreprises , elle permet aussi d’attirer les jeunes qui n’auraient pas un goût prononcé pour les sciences dures – et ils sont nombreux dans ce cas aujourd’hui, comme le montre la désaffection des filières scientifiques .


Mais n’est-ce pas dénaturer la formation d’ingénieur ? N’y a-t-il pas un risque de raccourcir les études d’ingénieurs et de leur ajouter une autre formation succincte ? Face à ces questions, la CTI entend poser clairement le débat de la réindustrialisation de la France. « La seule voie de progression dans une carrière est-elle de virer du scientifique au commercial ou au financier ? », s’interroge Bernard Remaud. Pour le président de la Commission, une chose est sûre en tout cas : pas question de définir – et d'accréditer – des formations d’« ingénieurs lights ».

Un accord-cadre CTI - AERES

A l'occasion du colloque, la CTI sera l’occasion de signer officiellement un accord-cadre avec l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur.

Alors que les relations ont longtemps été difficiles entre la CTI et l'AERES , l’objectif est désormais d'améliorer la coordination des organismes sur les plans national et international. « Il faut jouer la complémentarité », souligne le président de la CTI Bernard Remaud, désireux de « converger sur les documents que nous demandons aux écoles, et [de] voir ce qu’il est possible de faire au niveau des calendriers ».

Sophie Blitman | Publié le