Économie sociale et solidaire : ce que proposent les établissements du supérieur

Morgane Taquet Publié le
Alors que l'économie sociale et solidaire est en plein développement et que les jeunes se disent de plus en plus attirés par ses valeurs, quelles sont les réponses des établissements du supérieur ? Tour d'horizon des formations disponibles.

Historique pour certains, simple point de départ pour d'autres, la loi relative à l'économie sociale et solidaire (ESS), adoptée le 21 juillet 2014, est en tout cas une première en son genre.

Son mérite : "clarifier ce qui relève ou non de l'ESS", résume Élodie Bensoussan, responsable du programme Jeun'ESS de l'Avise, l'agence créée en 2002 par la Caisse des dépôts et de grands acteurs de l'ESS pour développer la filière. Pour cette militante de la cause, c'est une fierté de voir "l'ESS entrer dans le paysage législatif pour la première fois".

Mais, au fait, de quoi s'agit-il ? Difficile de parler de secteur tant cette économie est présente dans toutes sortes de métiers (management de projet, comptabilité-contrôle de gestion, communication, etc.) et de domaines d'activité : médico-social, banque-finance, industrie, agroalimentaire, etc.

Ses représentants, à l'instar d'Élodie Bensoussan, préfèrent parler de philosophie commune : "C'est une manière de fonctionner, une façon d'entreprendre et d'utiliser l'argent."

Une pratique et des valeurs auxquelles la nouvelle loi vient apporter un cadre et des règles plus précises : associations, mutuelles, coopératives et fondations, les structures traditionnelles de l'ESS sont désormais reconnues.

Les premiers articles de la loi du 21 juillet 2014 viennent confirmer leurs statuts : but social autre que le seul partage des bénéfices, lucrativité encadrée, gouvernance démocratique et participative. Au-delà de ces organismes qui appartiennent "de droit" à l'ESS, toute entreprise répondant à ces principes pourra désormais prétendre au label.

Les moins de 30 ans sont de plus en plus nombreux à chercher à allier vie professionnelle et utilité sociale.

Une loi qui devrait faciliter l'accès à l'ESS des moins de 30 ans, de plus en plus nombreux à chercher à allier vie professionnelle et utilité sociale. "Alors qu'en 2011 nous avions constaté à travers nos enquêtes une méconnaissance totale voire une certaine défiance des jeunes vis-à-vis de l'ESS, dernièrement, nous avons été surpris par l'intérêt croissant pour ce secteur. Selon nos enquêtes, la connaissance de l'ESS est meilleure aujourd'hui qu'en 2011", se félicite la représentante de l'Avise.

À l'image de cette étudiante de l'université de Valenciennes qui, après une école de commerce et un bon poste chez Auchan en Chine, a tout plaqué pour reprendre des études en ESS, raconte Laurent Gardin, responsable d'un master 2 pro en ESS à l'université de Valenciennes. Elle est désormais responsable des achats chez Biocoop...

Reste que, malgré leur appétence, les moins de 30 ans sont encore peu présents dans ces structures : ils constituent seulement 19% des effectifs salariés alors que 84% d'entre eux affirment que le fait qu'une offre provienne du secteur de l'ESS les inciterait "un peu" ou "beaucoup" à postuler (enquête Jeun'ESS, 2011).

Pourtant, le secteur est porteur, il représente 10% du PIB national et concerne près de 200 000 structures. En outre, face à une pyramide des âges défavorable, il va être confronté à un important besoin en recrutement.

Une étude du CNCRES (Conseil national des chambres régionales de l'économie sociale et solidaire) de juin 2013 prévoit plus de 600 000 départs à la retraite d'ici 2020, dont 97 000 emplois de cadres.

Anticiper le renouvellement des équipes en place, organiser la transmission des compétences (connaissance du secteur et des politiques publiques, management, polyvalence, capacités de travail en équipe, etc.), cela constitue donc un enjeu de taille que les entreprises de l'ESS et les prescripteurs de la formation devront rapidement affronter.

Quelles réponses apportent-ils ? Formations, chaires de recherche, entrepreneuriat social..., qu'offrent les établissements d'enseignement supérieur face à cette nouvelle demande ? Enquête auprès des écoles et des universités qui répondent à cette quête de sens et d'emploi.

Le CNCRES observe depuis quelques années une multiplication des offres de formation en ESS : l'observatoire recensait, en avril 2012, quelque 72 formations, soit cinq fois plus que dans les années 1990. Plus de 61% des 72 formations retenues forment à un niveau bac + 5, et plus de la moitié durent un an. Si la répartition territoriale est assez homogène, l'Île-de-France et Rhône-Alpes tirent particulièrement leur épingle du jeu.

Plus de 61% des 72 formations retenues forment à un niveau bac + 5, et plus de la moitié durent un an.

À l'université de Valenciennes, la création des formations en ESS relève, à l'origine, d'une décision politique. "En 1995, il n'y avait pas de majorité dans le Nord-Pas-de-Calais ; la gauche a eu besoin du soutien de la société civile et notamment des associations, qui réclamaient une reconnaissance de leurs engagements", explique Lau­rent Gardin, responsable du master pro "métiers de l'entrepreneuriat et du management", parcours professionnel "développement local, entrepreneuriat et économie solidaire" (DLEES).

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