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Ecotrophelia, un concours pour semer la graine de l'innovation

Morgane Taquet Publié le
Ecotrophelia, un concours pour semer la graine de l'innovation
Les étudiants participant à Ecotrophelia 2015 viennent présenter leurs innovations alimentaires au Pavillon France lors de l'Exposition universelle à Milan // ©  Morgane Taquet
Une quarantaine d’étudiants participant au concours Ecotrophelia ont présenté leurs projets lors de l’Exposition universelle à Milan, début juillet 2015. Une compétition labellisée Idefi en 2012, qui aspire à devenir le réseau de formation à l’innovation alimentaire en France et en Europe.

Apporter sa pierre à l'édifice des enjeux planétaires en matière d'alimentation, de nourriture et de ressources, c'est l'ambition de l'Exposition universelle 2015 qui se tient à Milan jusqu'en octobre. C'est aussi l'objectif des 36 étudiants participant au concours Ecotrophelia qui ont été invités à présenter leurs innovations alimentaires au Pavillon France, début juillet 2015.

Lancé dans les années 2000 par la CCI du Vaucluse, le concours Trophelia a, depuis, mis l'accent sur le volet écoresponsable des projets en devenant Ecotrophelia. En 15 ans, 1.400 étudiants ont présenté plus de 350 nouveaux produits alimentaires. Avec un temps fort au début de l'été : chaque année à Avignon, tous les étudiants finalistes disposent d'un stand pour présenter leurs produits aux industriels et, bien sûr, au jury de sélection.

Les 18 équipes finalistes de cette édition 2015 proviennent essentiellement des écoles d'ingénieurs agronomes mais aussi des universités. En 2015, "les projets ont particulièrement bien intégré la composante durabilité et sociale. À travers l'utilisation de produits recyclables, de coproduits, ou encore l'utilisation de matériaux recyclables dans les packaging", explique Christine Cherbut, présidente du jury de sélection et directrice scientifique pour l'alimentation à l'Inra. Pour preuve : la liqueur Devatâ, présentée par des étudiants de l'ENSCBP Bordeaux INP, liqueur à la citronnelle du Cambodge réalisée avec une ONG locale, ou la valorisation des restes du frigo pour lutter contre le gaspillage alimentaire avec le projet Pâtassi Pâtassa des étudiants de l'UHA.

La dynamique Idefi

Labellisé Idefi (Initiative d'excellence en formations innovantes) en 2012 dans le cadre des Investissements d'avenir, le concours a pris de l'ampleur avec cette reconnaissance et le budget associé. "L'Idefi est clairement venu booster la dynamique enclenchée", confirme Dominique Lavedeze, directeur du pôle enseignement supérieur à la CCI et responsable du projet. Doté de 3,5 millions d'euros sur qautre ans, le concours a, depuis, l'ambition de devenir un réseau national et européen de formation à l'innovation alimentaire.

En France, dans les 12 écoles parties prenantes, dont Oniris ou AgroParisTech, des ingénieurs ont été recrutés en CDD. Leurs missions : faire vivre le concours au sein des établissements, mais aussi participer à la création d'une boîte à outils pour les formateurs, faire le bilan des pratiques pédagogiques des établissements ou encore développer les partenariats entreprises.

"Avoir le label Idefi nous permet également d'accompagner financièrement les projets pour la mise en production, l'achat de matières premières, le financement du stand. Sans compter que ma direction est désormais plus à l'écoute sur ce sujet...", assure Gaëlle Roudaut, enseignante en physico-chimie des aliments à Agrosup Dijon. "Nous avons aussi pu financer les services d'un consultant culinaire, des compétences que nous n'avons pas en interne."

Une APPROCHE PAR PROJETS

À travers son label Idefi, Ecotrophelia ambitionne également de proposer "un modèle pédagogique exemplaire". Selon les écoles, le concours s'intègre obligatoirement ou non dans les formations à l'innovation alimentaire, quel que soit le niveau. Le plus souvent, un certain nombre d'heures sont dédiées au projet dans le cursus. "Par son approche par projets mais aussi par l'apprentissage par l'échec qu'il induit, le concours s'inscrit totalement dans une démarche d'innovation pédagogique", assure Dominique Lavedeze.

Un constat partagé par les enseignants accompagnant les projets. "L'année du concours est très formatrice, estime Christine Cherbut. Les étudiants font face à des questions tout au long de leur apprentissage qui ne sont pas forcément au cœur de leur formation, par exemple sur le volet marketing nécessaire à l'élaboration de projet industrialisable." Des étudiants pas forcément plus innovants, mais "plus riches et plus complets à l'issue du concours", confirme Gaëlle Roudaut.

L'équipe de Sel à Saisons (Ecole de biologie industrielle, Cergy) présente son projet devant le jury de sélection Ecotrophelia à Avignon le 2 juillet 2015

des graines d'entrepreneurs

Prise de risques, multicompétences, travail en équipe, "les étudiants acquièrent une approche systémique et globale qui leur donne de la valeur ajoutée face à un recruteur", assure Dominique Lavedeze. Des recruteurs venus en masse à l'occasion du concours : ils étaient 150 à parcourir en toute discrétion les stands des entrepreneurs en herbe début juillet à Avignon.

Une chance pour le projet Gréneo des étudiants de l'Ensaia (Université de Lorraine) qui a conçu son produit sans partenaire industriel. Le médaillé d'or de l'édition 2015 est déjà en négociation pour une industrialisation du produit. Une démarche qui a toutes les chances d'aboutir : depuis l'existence du concours, une quarantaine de produits présentés à Ecotrophelia ont été mis sur le marché. Prochaine étape : les étudiants de l'Ensaia reviendront présenter leurs céréales de légumineuses lors des Ecotrophelia Europe début octobre... toujours à l'Exposition universelle de Milan.

Foodlab, la plateforme pour apprendre à créer sa start-up
Sélectionné en 2014 dans le cadre de l'appel à projets Erasmus + de la Commission européenne, le projet Foodlab projette d'aller encore plus loin qu'Ecotrophelia dans la mise en réseau des acteurs et dans l'incubation de projets innovants. Porté notamment par la CCI du Vaucluse, la plateforme, en version béta mi 2016, fonctionnera comme une banque d'innovations en ligne, notamment à partir de projets Ecotrophelia, mis à la disposition des industriels.

Objectif affiché : promouvoir l'entrepreneuriat étudiant. S'ajouteront à cette base de données, une série de nouveaux contenus éducatifs accessibles en e-learning via des Mooc et des serious games, et une méthodologie pour apprendre à créer son entreprise.

Dix fédérations professionnelles, trois entreprises et cinq établissements, dont deux français (Bordeaux INP et l'Isara Lyon), sont partie prenante du projet.

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