EdTechFrance cherche à devenir la porte d'entrée de la filière française des EdTech

Céline Authemayou Publié le
EdTechFrance cherche à devenir la porte d'entrée de la filière française des EdTech
EdTechFrance veut faire de la France une "EdTech Nation". // ©  Denis ALLARD/REA
Fédérer les entrepreneurs de la filière et démontrer l’utilité de la technologie dans les apprentissages : tels sont les objectifs d’EdTechFrance. L’initiative, lancée le 17 novembre 2017, à l'occasion d'EdUp, rassemble d’ores et déjà 140 entrepreneurs du secteur. Ces derniers publient un manifeste à l’ambition claire : faire de la France une "EdTech Nation".

Le secteur français des EdTech bouge. Éclosion de nouvelles start-up, création de fonds d'investissement dédiés, soutiens institutionnels via des appels à projets... Dernière initiative en date, la création d'EdTechFrance marque la volonté de toute une filière d'avancer groupée, pour gagner en visibilité et en légitimité.

Initiée par quelques start-up, cette fédération – dont la structure juridique est en cours de définition – publie ce 17 novembre 2017 à l'occasion d'EdUp – un événement EducPros – un manifeste, pour s'engager à faire de la France une nation résolument tournée vers les EdTech.

"Nous aurons accompli notre passionnante mission lorsque chaque citoyen pourra bénéficier d'une expérience d'apprentissage d'excellence", affirme sans sourciller le consortium. Une expérience d'apprentissage d'excellence qui passe, cela va sans dire, par le déploiement d'outils numériques.

Un guichet unique pour la filière

Si, parmi les 140 signataires actuels du manifeste, les start-up sont majoritaires (parmi lesquelles Domoscio, Appscho [dont l'Etudiant est actionnaire minoritaire] ou encore Beneylu), des sociétés plus installées, telles que Qwant ou Unow, ainsi que des établissements de formation, à l'image de Simplon et Webforce3, soutiennent déjà l'initiative. 

"Entreprises, syndicats, organismes de formation... L'objectif est de fédérer toutes les structures de la filière", détaille Ivan Ostrowicz, cofondateur de Domoscio et signataire du manifeste. Une exhaustivité devant permettre à EdTechFrance, c'est en tout cas le souhait de ses fondateurs, d'être un guichet unique pour tout interlocuteur intéressé par la filière

Une initiative qui prend tout son sens à l'international, où la taille modeste des structures françaises ne leur permet pas toujours d'être suffisamment visibles. "Aujourd'hui, il est important que nous soyons vus hors de France comme un écosystème structuré et porteur", abonde Ivan Ostrowicz.

Très vite, EdTechFrance entend également proposer des événements, pour "évangéliser" tous les acteurs impliqués dans le processus de formation, des parents aux formateurs, en passant par les responsables des ressources humaines. "Nous prenons la responsabilité de démontrer partout en France la remarquable contribution du numérique au service de l'éducation et de la formation", soutiennent les auteurs du manifeste.

Aujourd'hui, il est important que nous soyons vus hors de France comme un écosystème structuré et porteur.
(I. Ostrowicz)

Un soutien à la fois économique et politique

EdTechFrance voit le jour à un moment charnière pour la filière. Parmi les signaux forts enregistrés au cours des dernières semaines, la création de fonds d'investissement nationaux dédiés, à l'image de Brighteye Ventures ou d'Educapital, devrait amener un peu d'air à des structures pour la plupart sous-capitalisées.

"Les investissements sont une bonne chose. Depuis plusieurs années, les soutiens financiers, émanant notamment du gouvernement, ont été importants en matière de R&D, via par exemple les PIA (Programmes d'investissements d'avenir), constate Hervé Borredon, président de l'Afinef (syndicat professionnel regroupant 80 entreprises de la branche). Mais au-delà des investissements, il faut que les entreprises du secteur aient accès à un véritable marché, afin de développer leur activité économique. Pour l'instant, ce n'est pas le cas."

Pour porter ce message, l'Afinef et 43 entreprises et organisations EdTech ont adressé, le 12 novembre 2017, une lettre ouverte au président de la République, Emmanuel Macron, au Premier ministre, Édouard Philippe, au ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, ainsi qu'au secrétaire d'État chargé du numérique, Mounir Mahjoubi. 

Dans cette missive, intitulée "L'Éducation en France au temps des Lumières numériques", les signataires appellent le gouvernement à consacrer au développement d'outils pédagogiques numériques un budget annuel de 140 millions d'euros, "soit seulement un millième" du budget du ministère de l'Éducation, ont calculé les entreprises. La Rue de Grenelle étudie actuellement les prochaines actions à mener pour développer le numérique dans le secteur.

Sur le papier, l'initiative portée par l'Afinef et EdTechFrance visent le même objectif : soutenir la filière, tant sur le plan économique que politique. Pour l'heure, l'Afinef ne s'est pas inscrite dans EdTechFrance, "plus par manque d'informations qu'autre chose", précise Hervé Borredon, qui juge le projet "encore un peu flou". Les prochaines semaines devraient permettre à chaque acteur de clarifier ses positions et ses ambitions.

Céline Authemayou | Publié le